x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 14 décembre 2011 | Nord-Sud

Enquete-express : Village artisanal de Grand-Bassam / Les touristes de retour !

Après de longs mois de marasme qui ont durement affecté le village artisanal de Grand-Bassam, l’optimiste est de retour chez les artisans avec l’arrivée progressive des touristes.
On s’éloigne des périodes de disette. Le pâle visage qu’affichait le village artisanal, sis à l’entrée de Grand-Bassam et long de 2 kilomètres s’illumine peu à peu. Avec la fin de la crise postélectorale, les artisans projettent de nouveaux défis. Il est 9 heures, ce samedi 10 décembre, le temps est à moitié couvert sur ce site autrefois une référence. La plupart des ateliers ont ouvert leurs portes. Car, pendant la crise, ils sont restés fermés. Entre les klaxons de véhicules çà et là, qui donnent une ambiance de réveil matinal, les opérateurs s’affairent en reprenant leurs activités aux fins d’attirer la clientèle. Ils s’activent à dépoussiérer les articles exposés sur les étals. Les vieux appâtâmes sont remplacés par de nouveaux.

Les ventes reprennent

Les touffes d’herbes ont été sarclées. En effet, la plupart des ateliers sortent progressivement des ruines engendrées par les soubresauts de la crise. Une longue crise qui n’a pas permis aux artisans d’effectuer des travaux d’entretien. Mais aujourd’hui, avec la paix qui s’installe dans tout le pays et le retour de la confiance, les touristes ont commencé à fréquenter à nouveau le village. Le mois de décembre, à l’évidence, est généralement considéré comme étant une période propice aux bonnes affaires. Dans la mesure où ces commerçants reçoivent de nombreuses commandes de la part des clients en majorité des expatriés ou de touristes soucieux d’emporter chez eux des objets-souvenirs. Ce mois de décembre, apparem­ment, s’amorce sous de bons auspices pour les artisans, contrairement à l’année dernière où à cause des coups de feu qui ont suivi le second tour de la présidentielle, la situation s’était compliquée.

Aujourd’hui, l’horizon semble s’éclaircir pour ces artisans. Les touristes fréquentent à nouveau ce lieu d’échanges des produits artisanaux. D’où l’espoir qui renaît. C’est le cas de Fétigué Coulibaly, menuisier-ébéniste spécialisé dans l’a­meu­blement qui a dé­croché deux commandes de lits et de salle à manger, d’un ancien client européen, il y a quelques jours. Il doit les livrer incessamment. « J’ai reçu, il y a à peine deux jours, une commande expresse. La livraison doit s’effectuer avant la Noël. C’est  un marché de 450.000 Fcfa. C’est réconfortant de voir revenir nos anciens clients. Ce mois de décembre est nettement mieux par rapport à celui de l’an précédent. D’autres commandes sont en cours », se réjouit-il. Pour lui, la reprise des activités atteint les 40%. Véritable espoir pour les artisans qui cumulent des dettes d’autant que pendant la crise postélectorale, les articles sortaient difficilement de leurs étals. «Décembre dernier, nous n’avons pas pu obtenir une seule commande. Notre activité avait pris du plomb dans l’aile», se remémore-t-il. Il espère que ce calvaire n’est plus qu’un lointain souvenir pour les opérateurs de ce secteur informel. Cette reprise des activités s’observe également chez la quasi-totalité des commerçants d’arts. Dans l’atelier de Luc Yao, revendeur d’objets d’arts sculptés, des couleurs vives égaient les étalages. La situation paraît bien meilleure. Quelques clients européens, à bord d’un minicar de 22 plages en provenance d’Abidjan, immobilisent l’engin au niveau du village artisanal. Ils allaient en direction du quartier France pour visiter la ville historique de Grand-Bassam, musée de l’ère coloniale. Parmi eux, Jean Marceau. Il est fasciné par un tableau vitré contenant un sujet en bronze. Il achète ce souvenir propre au pays. Les autres visiteurs en profitent pour visiter les différents sites et font des achats à la satisfaction des commerçants, visiblement soulagés.

L’espoir renaît

«La clientèle qui vient affiche de nouveaux visages.  Ce qui nous redonne espoir. Nombre d’entre eux nous font la promesse de revenir. Le pays qui retrouve la stabilité nous permet de croire en un avenir meilleur. Ces touristes ont fait des emplettes avoisinant les 40.000 Fcfa, c’est bon à prendre », apprécie Yao Luc. Tout comme lui, Ali Koala, bronzier, a reçu la visite d’un ancien client expatrié qui a acheté des articles. Grâce à cette opération, Ali Koala pourra remettre quelque chose à ses ouvriers et s’atteler à la fabrication de nouvelles pièces.
Dans son magasin, on y a exposé des objets en bronze ainsi que des fossiles de reproduction. A l’arrière cour du magasin,  se trouve son atelier. Il emploie  une vingtaine de jeunes bassamois chargés de fabriquer des objets en bronze. L’ambiance est bon enfant. Pendant que les ouvriers  s’attellent à honorer toutes les commandes, le patron discute avec des visiteurs intéressés. Pas toujours facile dans la mesure où certains acheteurs se montrent parfois peu coopératifs. «Pour une commande de 250.000 Fcfa, ceux-ci ne donnent que 25.000 Fcfa comme avance. Ce qui complique notre travail. Nous arrivons néanmoins à livrer des commandes. L’autre difficulté, c’est que nos clients européens apprécient les grosses pièces de 1 à 2 mètres. Mais là aussi, ça coince parce que nous n’avons pas les moyens d’honorer ce type de commande », déplore-t-il. Outre la clientèle européenne qui se signale, les revendeurs sénégalais constituent une clientèle non négligeable pour les commerçants. Eux aussi viennent acheter les articles. Cependant, il souligne que leur pouvoir d’achat est très faible comparativement aux clients européens. Ouagnéné Coulibaly, sculpteur de masques de type traditionnel et président de l’Association des artisans du village de Grand-Bassam (Avab) ressent le changement au niveau de ses activités. Son atelier vétuste change de visage à vue d’œil. Mais la difficulté pour lui, c’est que les articles sont achetés à des prix bas. «Pour un masque de 100.000 Fcfa, le client propose 45. 000 Fcfa. Nous nous en contentons pour l’instant. Toutefois, nous espérons qu’après les législatives, le secteur de l’artisanat connaîtra un coup d’accélérateur», chuchote-t-il. Un espoir partagé par l’ensemble des opérateurs économiques de la région.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam 
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ