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Politique Publié le mercredi 4 janvier 2012 | Le Democrate

Augustin Silué Kagnon, député de Napié : ‘‘PDCI, je suis élu au Nord’’

Les élections législatives viennent de prendre fin depuis le 11 décembre 2011 ; qui a vu la victoire encore une fois du Rdr. Augustin Silué Kagnon, élu sur la bannière du Pdci-Rda à Napié, bastion reservé, dit-on du Rdr, fait un diagnostic de cette débacle de son parti politique aux différents scrutins. Pour lui, le Pdci doit faire une remise en cause pour le choix de ses candidats.

Augustin Silué Kagnon, vous venez d’être brillamment élu pour la troisième fois consécutive sous la bannière du Pdci-Rda à Napié. Quel est votre secret ?

Merci d’abord d’être venus me voir et de me donner l’occasion de saluer la population de Napié. Je voudrais dire que depuis 1995, je suis élu député de la circonscription électorale de Napié. Je dois avouer que je suis régulièrement soutenu par la population de cette petite ville du nord. C’est grâce au soutien indéfectible de cette population que je viens d’être réélu.

Donc mon secret, c’est que je suis entièrement en phase avec la population de Napié. A cette population, je dis merci. Je suis conscient des aspirations de la population de Napié.

Nous allons essayer dans la mesure de nos possibilités de réduire la pauvreté et d’aider nos parents dans divers projets à caractère communautaire. Pour ce qui est du Pdci que nous ont légué nos parents, je pense qu’il ne doit pas mourir. Notre rôle aujourd’hui en tant militants de ce parti, c’est de pérenniser les œuvres du parti créé par feu Félix Houphouët-Boigny.

Pour ce faire, nous devons soutenir les actions menées dans ce sens par le président Henri Konan Bédié. C’est vrai qu’il y a des difficultés, mais le Pdci-Rda est un parti fort. Nous savons que c’est en période de difficultés que le bon gestionnaire s’en sort mieux. Nous avons confiance dans le Pdci et en la gestion du président Bédié.

On a l’impression qu’il y a un pacte qui est signé entre les populations du Nord et le Pdci !

Au commencement, c’est-à-dire autour des années 1945, le président Houphouët-Boigny avait choisi la grande région du Nord pour faire asseoir sa politique. Cette histoire nous a été enseignée par nos parents. Et nous savons que Félix Houphouët-boigny est souvent allé prendre conseil auprès du patriarche Gbon Coulibaly. Le résultat de cette collaboration entre ces deux hommes, c’est que la Côte d’Ivoire a été savamment construite et gérée. C’est pour cela que nous disons que le pacte qui lie Félix Houphouët-Boigny à Gbon Coulibaly, et le pacte qui lie le Pdci à la grande région du Poro ne doivent pas fléchir. Nous sommes là donc pour entretenir ce pacte. C’est le rôle de tous les militants d’entretenir le pacte entre le Nord et le Pdci-Rda de Feu Félix Houphouët-Boigny. Les militants du Pdci au nord sont là, ils ne sont pas partis ! Notre problème aujourd’hui, c’est que nous avons un déficit de cadres. Il faut aussi encourager, motiver les cadres qui émergent au sein du Pdci-Rda. Nous allons sans doute rencontrer le président Henri Konan Bédié pour lui demander de penser à la promotion de ces cadres. Je crois que s’ils ont un point d’appui : le Pdci va rebondir de façon spectaculaire.

Vous l’avez dit, pendant de longues années, le Nord a été l’un des bastions du Pdci-Rda.

Pourtant pendant la présidentielle et les législatives, votre parti a fait un piètre résultat au Nord. Qu’est-ce qui explique cette débâcle ?

Oui, c’est vrai, à la présidentielle le Pdci a connu des déboires au premier tour dans le grand Nord. Comme je le disais tantôt, la plupart de nos cadres ont préféré changer de fusil d’épaule. Si les quelques uns qui sont restés ne sont pas soutenus, ils ne pourront pas se sortir d’affaire. C’est pour cela que vous avez constaté que le doyen, le Général Ouassénan s’est fait élire à Katiola. Ouassénan est un monument de la politique ivoirienne. En tout cas, de mon point de vue, s’il n’a pas fabriqué le Pdci, le Pdci l’a fait. Pour le reste du Grand Nord, il faut des catalyseurs. Je rappelle à tous nos aînés, à la direction du parti que le Pdci doit avoir une mémoire. Un parti sans mémoire est un parti qui risque laisser à l’avenir. C’est pour cela que nous lançons un appel à nos dirigeants que si les cadres quittent le parti, c’est parce qu’ils sentent qu’ils n’ont pas de point d’appui. Or, entre autre, Archimède disait : « donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde ». Vous avez beau être un cadre, si vous n’avez pas ce point d’appui, vous ne pouvez pas évoluer. Vous savez, je ne peux pas vous dire ce que nous avons enduré…

Parlons en…

Ecoutez, pendant les péripéties de la campagne électorale, nous nous sommes rendus compte que tous les cadres du Rdr se sont retrouvés dans chaque localité, et particulièrement à Napié. Chacun voulait absolument battre le candidat du Pdci à Napié. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec les ministres Amadou Gon, Sangafowa Coulibaly et bien d’autres cadres à Napié. Ils y étaient pour apporter leur soutien au candidat du Rdr. Mais à aucun moment, nous n’avons croisé un cadre du Pdci venant d’Abidjan ou même de la région pour soutenir les candidats du Pdci.

On peut dire que vous êtes retrouvés orphelins, pourrait-on dire !

Oui, nous nous sommes retrouvés orphelins face à une telle situation. Comment voulez-vous qu’on fasse le miracle ? C’est pour cela que j’interpelle les hauts cadres du Pdci. Que chacun se remette en question. Nous sommes un parti organisé. Avec les structures telles que la Jpdci, l’Ufpdci, le secrétariat général, le Bureau politique, le Conseil politique et même des cadres qu’on aurait pu déplacer pour aller soutenir certains candidats. Même si le Pdci n’a pas les moyens, le fait de se déplacer ainsi met le candidat et les militants en confiance.

C’est tout ce que nous demandons. Et puis, il ne faut pas oublier que sur appel du président Bédié, nous avons soutenu le Rdr à accéder au pouvoir. Nous avons fait des reports de nos voix pour que le Rdr soit à la tête de ce pays. Nous pensons qu’au Nord aussi, nous ne devons pas être oubliés. Il y a encore des cadres au Pdci ! Pourquoi ne pas nommer certains d’entre eux à des postes de responsabilité ? C’est cela la promotion des cadres, et c’est ce qui manque au Pdci. Le Pdci doit une mémoire, une banque de données. En 1995, lorsque j’accédais à l’Assemblée nationale, le Pdci était au pouvoir tandis que le Rdr était encore en création. Mais même à cette époque, le Rdr a voulu occuper le grand nord. Les souvenirs ont été très tristes. Etant donné que la plupart des cadres avaient quitté le Pdci au Nord, il ne restait plus que quelques uns. Mais comme le Pdci n’a pas songé à faire la promotion des cadres qui sont restés fidèles, ceux-ci se sont retrouvés orphelins. Et déjà en 1995, le Rdr a commencé à faire sa razzia sur toute la ligne. Mis à part Kouto où Dossongui Koné a été élu comme cadre du Pdci et Napié où j’avais été élu, tous les autres cadres avaient été battus par le Rdr. Heureusement le Pdci a fait la promotion de Dossongui, mais après son départ, plus rien. Dans la région de Korhogo, depuis le temps des cadres comme Lanzéni Coulibaly, Fologo et Balla Kéita, il n’y a plus rien. Le grand Nord est resté orphelin. Je voudrais qu’on se rappelle que Houphouët-Boigny s’est appuyé sur le Nord pour créer le Pdci-Rda. Il s’est appuyé sur le Nord pour se faire élire député à Korhogo. Ce parti ne doit donc pas mourir dans le Nord. Il nous faut réviser nos positions pour faire revivre le parti là où il a commencé à pousser.

De façon concrète et pragmatique, que faut-il aujourd’hui pour redonner un nouveau souffle au Pdci-Rda dans le Nord ?

Le remède est simple ! Que la direction sache qu’on ne peut pas créer un parti à base ethnique, et que partout où on peut aller recruter des militants, il faut y aller sans lésiner sur les moyens. Tout n’est pas question de moyens financiers ou matériels. Ce sont parfois des moyens humains qu’on demande. L’assistance des cadres, de la direction du parti qui viennent soutenir le peu des cadres qui restent dans le Nord, ça compte. C’est un remède, une ressource. C’est tout ce qu’on demande.

Les Frci ont multiplié les exactions ces derniers temps. En tant que député, pouvez-nous dire si l’Assemblée nationale va se saisir de ce dossier au moment de siéger ?

Je crois que tout ce qui touche la sécurité et la paix en Côte d’Ivoire, touche particulièrement l’Assemblée nationale. Parce que l’organe régulateur. Je pense que l’Assemblée nationale aura son mot à dire dans ce dossier afin d’aider le président Alassane Ouattara à conduire son programme de gouvernement à son terme. C’est même une des actions fondamentales que l’Assemblée nationale aura à faire au nom de la paix que nous souhaitons voir s’installer définitivement dans notre pays. Aux Frci, ces vaillants combattants, je voudrais lancer un appel. La Côte d’Ivoire veut entrer dans le peloton des pays en paix, des pays émergeants.

Nous avons besoin pour ce faire, de la paix véritable. On ne peut pas régler des comptes, on ne doit pas régler des comptes. Il faut surtout se réconcilier avec soi-même. La paix ne viendra que si chacun est capable pardonner. Que nous soyons Frci, Pdci, Rdr, Fpi, Lmp ou Rhdp, nous devons nous pardonner les uns les autres. On peut ne pas oublier, mais on doit pardonner. Car ce pays a besoin de paix. Je demande pardon à tous les Ivoiriens. Il n’y a pas de meilleur président. Le meilleur président est celui qui n’a jamais été président. Il vaut mieux travailler avec celui qui est élu et installé. Alassane Ouattara va mettre tout son génie créateur au service de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens.

Puisque vous parlez de réconciliation, relativement au transfèrement de Laurent Gbagbo, les avis sont partagés. D’un côté, on estime qu’au nom de cette réconciliation, on n’aurait pas dû le transférer, et de l’autre, on dit oui bien sûr, réconciliation d’accord mais il faut aussi la justice. Quel est votre avis ?

C’est une question pertinente. Mais vous savez, le pardon c’est tout cela à la fois. Imaginez après cette crise, Laurent Gbagbo en liberté. Aura-t-il vraiment cette liberté tant réclamée par ses partisans ? Même si on le laissait en liberté, la paix ne reviendrait pas sans doute. Il est clair qu’on ne peut faire la réconciliation en mettant la justice sous le boisseau. C’est à la justice de dire si oui ou non, Laurent Gbagbo est coupable des charges qui sont retenues contre lui. Il peut avoir la chance de sortir de là, en tout cas, je n’en sais rien. Mais à notre niveau, nous ne devons pas remuer le couteau dans la plaie. Chacun de nous a vécu tout ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire à l’occasion de cette crise. Je vous dis que si à cause de moi, les populations de Napié doivent s’entretuer, je me retirerais de la scène de politique. C’est aussi simple que cela. Mais si je m’accroche et que les populations s’entretuent…Il faut savoir partir.

Monsieur le député, votre parti le Pdci a subi deux cuisantes défaites. D’abord aux présidentelles et ensuite aux législatives. Quelles léçons tirez-vousde ces deux défaites ?

Nous devons d’abord comprendre l’orientation responsable du Pdci. Il y a le Rhdp, il y a le Pdci et les autres partis. Qu’est ce que nous voulons véritablement pour la Côte d’Ivoire ?

C’est la question que nous devons nous poser. Si on a déjà répondu à cette question, c’est que le Pdci a la chance de rebondir. Il faut faire un bilan personnel et à partir de ce bilan personnel, chacun pourra se mettre en cause et faire un toilettage. Ainsi le Pdci pourra rebondir et je crois fermement qu’il rebondira.

Honorable, l’on parle de rassemblement, pensez-vous que cela sera possible de créer le

Rhdp ?Et quelle analyse faites-vous de cette structure politique qui est en gestation ?

C’est un parti en création que je constate. Je pensais qu’une nouvelle créature devrait comprendre les besoins de ses militants. Donc, il faut aller progressivement. Si un candidat du Pdci est en campagne soit à Napié comme ce fut mon cas, il se doit que ce candidat ait le
soutien d’abord de son parti politique naturel et ensuite des membres de la famille du Rhdp.

Je crois que c’est une logique. Il doit être soutenu par les autres candidats surtout par les autres militants du Rdr. E t selon mon analyse, si nous voulons avancer, il faut être fort, car ensemble tout devient possible.

Quel est votre appel en direction des responsables du Pdci et des militants ?

Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu lors de ces dernières consultations. Je voudrais dire à tous que la bataille ne fait que commencer. La Côte d’Ivoire doit être construite par des personnes de paix. Je voudrais demander à chaque citoyen et à chaque Ivoirien de construire le pays par la tolérance, par la réconciliation et la paix. Je voudrais lancer un appel à tous les militants du Pdci que nous avons tous l’obligation de réussir ce défi. Nous devons nous retrouver pour faire un bilan de tout ce qui s’est passé. Main dans la main, personne ne doit être rejeté. Chaque militant doit être considéré en tant que tel. Je voudrais souhaiter une année de santé, à chacun des Ivoiriens. Que l’année 2012 soit une année de reprise normale de la vie en Côte d’Ivoire avec le président Alassane Dramane Ouattara. Je demande à tous les Ivoiriens d’écouter l’appel du président Henri Konan Bédié lorsque lui-même en tant que messager de paix a demandé à tous les militants de son parti de se mettre au service du président Alassane Ouattara. Que tous les militants du Pdci observent cette belle action menée par le président Henri Konan Bédié qui est lui-même un homme de paix.

Car la paix n’est pas un vain mot. Nous devons nous mettre dans ce comportement de paix pour avancer.

La jeunesse ivoirienne est aujourd’hui sans repère, avez-vous également un appel à lancer à son endroit ?

Je voudrais demander à cette jeunesse qu’elle garde patience et confiance. L’avenir leur réserve des évènements radieux, heureux et qu’elle comprenne que nous ne sommes plus au temps des armes. L’heure doit être au travail. Nous, en tant que aînés, nous devons entretenir cette pépinière afin qu’elle puisse voir ses efforts fleurir. Car une jeunesse au travail est une jeunesse garantie et prête à construire son pays. Je pense que le président Alassane Ouattara a mis un accent particulier sur la jeunesse, parce qu’elle doit retrouver ses repères. Elle doit se remettre en question et ne doit plus être embrigadée. C’est l’attachement à ces idéaux qui sont établis par tous les dirigeants de ce pays. Si cette jeunesse est unie, elle constitue une force pour elle-même et pour la nation toute entière et elle ne sera pas oubliée. Il y a des projets en cours pour elle. Je pense aussi que le président Alassane Ouattara a nourri des projets ruraux pour nos parents qui vivent dans les villages.

Je leur demande de ne pas perdre espoir, et qu’ils auront leur compte dans le partage du gâteau, car le président Alassane a promis développer toutes les zones rurales.

Interview réalisée par

Brou François et Jean Philipe Okan
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