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Économie Publié le mardi 17 janvier 2012 | Nord-Sud

Au-delà des problèmes de cohabitation !

Au-delà des problèmes de cohabitation, ce sont les techniques formellement interdites sur le lac d’Ayamé qui constituent la principale menace, en l’occurrence, les filets de petites mailles et surtout les palissades de branchages implantées par les pêcheurs. A l’intérieur de ces palissades, ils déposent des feuilles, créant un milieu favorable à la reproduction rapide des poissons. Ce type de pêcherie traditionnelle est pratiqué depuis longtemps. Il a été introduit sur le lac Ayamé par des gens qui voulaient assurer son repeuplement. Emerveillés par les résultats, les pêcheurs de la localité se sont empressés d’adopter cette technique. A d’Ayamé, les plus anciennes familles du village racontent comment leurs ancêtres la pratiquaient déjà. Ce sont des barrières, faites de tiges de végétaux, que les pêcheurs posent à la naissance du chenal, le barrant de part en part. Rien d’autre que des pièges à crevettes et à poissons. Ces techniques rapportent du poisson mais ce sont des techniques de pêche néfastes pour le lac. Les branchages qui servent à leur construction tombent au fond et menacent de l’encombrer. En outre, ces branchages piègent une grande quantité de matériaux qui sont entraînés à chaque saison des pluies par les eaux de ruissellement. Et ils sont nombreux car le bassin versant est victime d’une érosion accélérée. Les déboisements anarchiques ont eu raison de nombreux arbres et, les mauvaises techniques culturales ne protègent pas les sols. Ainsi, des dizaines de tonnes de terre et de particules diverses vont échouer dans le fond du lac et entraînent son remblaiement progressif. Le lac d’Ayamé disparaît lentement... mais sûrement. Les crues de la Bia qui doivent alimenter le lac et régulièrement le laver de tous ces matériaux en les balayant dans la mer, ne peuvent plus opérer. La dizaine de kilomètres de chenal, étroit et sinueux, est souvent barrée. Ce qui freine l’écoulement des eaux. Ce n’est pas le seul mal de cette technique de pêche. Certaines espèces vivent dans le cours d’eau mais ne se reproduisent que dans la mer. Les barrières empêchent leur migration et l’on assiste à la disparition de ces espèces. Le gouvernement interdit l’installation anarchique des pêcheurs. Cette mesure n’a jamais été respectée par les populations concernées. La direction des pêches semble quitter la voie de la répression pour s’orienter plutôt vers la sensibilisation. Mais comment faire pour convaincre des pêcheurs solidement accrochés à leurs intérêts ? Pendant ce temps, le bassin s’essouffle. Si des mesures ne sont pas prises dès maintenant, dans quelques années, il ne sera plus si gai de voguer sur le lac d’Ayamé.

L.B.
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