x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Diplomatie Publié le lundi 30 janvier 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Commentaire : Ouattara, Sarkozy, le parti socialiste, les pro-Gbagbo ou leçons d’une visite d’Etat en France

Pour les Africains qui vivent en France et précisément à Paris depuis ces vingt dernières années, la visite d’Etat du président Alassane Ouattara reste un moment mémorable. Elle est lointaine cette époque où Félix Houphouët-Boigny et Omar Bongo avaient eu droit à ces honneurs-là. Depuis lors, aucun chef d’État africain francophone n’avait eu droit aux privilèges et déploiement d’une visite d’Etat dont ont joui récemment Hu Jintao de Chine et Lula du Brésil. Selon un confrère camerounais, Nicolas Abenan, profondément panafricaniste et partisan de Laurent Gbagbo, lors de la crise postélectorale, « voir l’avenue des Champs Élysées drapée du drapeau ivoirien est une véritable fierté pour nous les Africains. Nous sommes fiers, car il y a bien longtemps que les couleurs d’un pays africain n’avaient flotté sur cette avenue qui demeure la plus visitée au monde. En dehors de toute autre considération, il faut reconnaître que c’est la Côte d’Ivoire qui a été honorée après cet intermède tragique de son histoire. » L’on peut ne pas aimer Alassane Ouattara, dénoncer la façon avec laquelle il est arrivé au pouvoir, lui reprocher ses accointances avec des chefs de guerre de l’ex-rébellion, et pour les plus irréductibles de la dérive ‘’ivoiritaire’’, continuer de lui dénier son appartenance à la nation ivoirienne, Alassane Ouattara aura réussi à faire parler de la Côte d’Ivoire autrement. Comment faire cela pour son pays, et prétendre que celui qui l’a réalisé, n’est pas digne d’être digne fils du pays. Dans toutes les institutions de la république française, l’étendard ivoirien flottait fièrement. Pendant 72 heures, le drapeau de Côte d’Ivoire a remplacé les illuminations de noël de la plus belle avenue du monde. Pendant 72 heures, la France a mis les petits plats dans les grands pour honorer l’ami historique qu’est la Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara n’aura pas seulement gagné et conquis les honneurs d’une bonne partie de la classe politique française, ou réussi à mettre en confiance les patrons du MEDEF, il a aussi séduit bon nombre d’Africains qui ne le connaissaient pas vraiment. La visite du président Alassane Ouattara à l’hôtel de ville de Paris qui héberge l’un des ténors du parti socialiste français, n’a pas été une simple étape de civilité. A la surprise de beaucoup, le maire de Paris a présenté le successeur de Laurent Gbagbo comme le sauveur de la démocratie. Il a quasiment endossé les thèses du discours de Nicolas Sarkozy lorsqu’il recevait son homologue ivoirien à l’Elysée. Les accolades entre Alassane Ouattara et Bertrand Delanoë n’avaient pas la froideur de l’hypocrisie, mais la chaleur de sentiments de considérations mutuelles. C’était clair et sans équivoque : Delanoë et le parti socialiste français aiment Ouattara, ou du moins, entre Laurent Gbagbo et lui, c’est Ouattara qu’ils ont choisi. Ceux qui avaient imaginé, un seul instant, que le départ de Sarkozy de l’Élysée arrangerait les affaires de Laurent Gbagbo et de sa famille politique devront désormais prendre en compte cette nouvelle donne. Si aux yeux de Delanoë, Alassane Ouattara est le sauveur de la démocratie, il est évident qu’a contrario, Laurent Gbagbo en est le fossoyeur. Ce n’est pas François Hollande qui avait décrété ‘’l’infréquentabilité’’ de l’ancien homme fort d’Abidjan qui contredira son co-partisan. C’est clair et net, le PS vient de mettre un terme à quelques rêveries de gbagboïstes de France et de Côte d’Ivoire ; le parti de Delanoë ne sauvera pas Laurent Gbagbo, encore moins œuvrer contre Alassane Ouattara. Même si une victoire de la gauche peut empêcher de fermer les yeux sur certains dérapages et actes violents (par exemple la gauche au pouvoir, peut mettre la pression pour des procès plus rapides des dirigeants pro-Gbagbo, pour d’ouverture et de dialogue politique, et aurait pu peser pour obtenir la participation du FPI aux législatives), elle ne signera point le retour au pouvoir de Laurent Gbagbo, encore moins la chute d’Alassane Ouattara. Intégrer cela dès maintenant, aidera les partisans de l’ex-président à mieux orienter leur combat.
Par Oro Jean Paul, Correspondant en Europe
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ