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Économie Publié le vendredi 3 février 2012 | Le Patriote

Interview / M. Malamine SANOGO, Directeur Exécutif de l`ARECA : “Comment nous voulons aider les producteurs de coton”

L'Areca, autorité de régulation du coton et de l'anacarde veut jouer sa partition dans l'amélioration du cadre de vie des cotonculteurs. Comment y parvenir ? Malamine Sanogo, après le diagnostic de la libéralisation de cette filière explique ce qui sera fait désormais pour aider les producteurs.

Le Patriote : Comment se porte la filière coton ?
Malamine Sanogo : La filière coton se porte mieux comparativement aux cinq dernières années. En effet, la production de coton graine qui était descendue en 2008-2009 à 125 000 tonnes, pourrait atteindre 240 000 tonnes cette campagne. Mais des efforts sont encore à faire pour atteindre le point d'équilibre de 350 000 tonnes de coton graine ou encore de couvrir la capacité d'égrenage installée qui est aujourd'hui de 600 000 tonnes de coton graine.

L.P. : A sa libéralisation, il était question d'apporter un mieux être aux producteurs. Cet objectif a-t-il été atteint ?
M.S. : De notre avis, non. En effet la libéralisation de la filière cotonnière intervenue en 1998 par la privatisation de la CIDT, ne s'est pas faite sans difficultés aussi bien au niveau des organisations professionnelles agricoles (OPA) qu'au niveau des égreneurs. Il en est de même au niveau de l'achèvement de cette libéralisation.

L.P. : Pourquoi ?
M.S. : En effet, l'encadrement, la commercialisation du coton graine et l'approvisionnement en facteurs de production, ont été sources de discorde entre les différents acteurs de la filière. Ces difficultés ont engendré un déséquilibre dans la filière, accentué par le contexte socio politique qu'a connu la Côte d'Ivoire depuis 2002. A cela, il faut ajouter la destruction de la station coton du CNRA à Bouaké qui a entrainé la perturbation du système de recherche agronomique depuis 2002. D'où les difficultés d'approvisionnement des producteurs en semences de qualité. Le dysfonctionnement du mouvement coopératif est un autre facteur qui pose des difficultés à la filière. Par ailleurs, la culture du coton a aussi l'avantage d'induire le développement des cultures vivrières. Car, la culture du coton se fait en alternance ou en association avec les vivriers. Malheureusement, l'absence de facteurs de production (semence, engrais) et de circuit de commercialisation organisé pour les viviers est un facteur qui menace non seulement la pérennité de la culture du coton mais aussi la sécurité alimentaire dans le Nord de la Côte d'Ivoire.

L.P. : Il existe aujourd'hui une multitude d'organisations professionnelles agricoles (OPA). Cela n'a-t-il pas une incidence sur la filière ?
M.S. : La multiplicité des OPA dans la filière a un impact évident sur la productivité et l'amélioration du cadre de vie en milieu paysan. Cette prolifération s'explique, entre autres par un déficit de confiance entre les dirigeants et les coopérateurs. Ces derniers sont souvent victimes de la mauvaise gestion des dirigeants. Les bons producteurs sont obligés de payer soit la mauvaise gestion de leurs dirigeants ou pour les mauvais producteurs. C'est pourquoi l'ARECA suit avec beaucoup d'attention le projet de restructuration et de professionnalisation des OPA de la filière coton financé par l'Union européenne.

L.P. : Quelles sont les grandes lignes de ce projet ?
M.S. : Cet important projet vise à redynamiser les OPA de base, à renforcer la cohésion de leur réseau. L'union faisant la force, à la fin, le renforcement des capacités des coopératives de base à travers une restructuration des unions des coopératives est attendu. Cela passe aussi par l'apurement des dettes de ces coopératives.

L.P. : Quelles sont selon vous les actions à mener pour accroitre la productivité ?
M.S. : Avec une moyenne de moins d'une tonne de coton graine à l'hectare, les rendements actuels sont en deçà de ceux de 2002 qui étaient de l'ordre de 1,4 tonne à l'hectare. Cette baisse de rendement s'explique notamment par les problèmes de disponibilité des semences en quantité, en qualité et à temps, la cherté des intrants entrainant le non respect des itinéraires techniques (doses d'intrants recommandées), les effets du changement climatique sur une culture exclusivement pluvial. C'est pourquoi, nous mettons l'accent sur la disponibilité des facteurs de production (semences, engrais, insecticides) à temps et à moindre coût. Par ailleurs, il est nécessaire que la communication du prix du coton et des facteurs de production se fasse au moins deux mois avant les semis. Cela permettra aux producteurs d'apprécier l'opportunité de faire ou non le coton. Evidemment, l'enlèvement rapide du coton graine est un élément fondamental dans l'amélioration du rendement. Enfin, nous estimons aussi important la disponibilité des facteurs de production pour le vivrier afin de minimiser l'utilisation des intrants destinés au coton.

L.P. : Concrètement quelles sont les missions de l'Areca?
M.S. : L'ARECA a été créée suite à la libéralisation de la filière coton. Elle tire son fondement juridique dans l'ordonnance 2002-448 du 16 septembre 2002 fixant le cadre organisationnel des filières coton et anacarde et le décret N°2002-449 DU 16 septembre 2002 portant création de la société d'état « Autorité de Régulation du Coton et de l'Anacarde » (ARECA). Elle est chargée de proposer et de faire respecter les règles applicables aux activités des filières coton et anacarde, notamment en ce qui concerne les conditions d'exercice des activités d'encadrement des producteurs, de commercialisation et de transformation des produits.

L.P. : Mais l'ARECA reste toujours peu connue des producteurs. Pourquoi ?
M.S. : Il n'est pas exact de dire que l'ARECA est méconnue des producteurs. Il convient de rappeler que cette structure a été créée trois jours avant la crise sociopolitique de 2002. De ce fait son activité a évolué dans un contexte particulièrement difficile lié à la partition du pays. Certes l'ARECA n'avait pas de dispositif sur le terrain qui puisse lui permettre d'avoir une présence permanente auprès des producteurs. Cependant, elle a mené des actions qui ont eu un impact favorable au niveau de ceux-ci. En effet, à la création de l'ARECA, les producteurs accusaient des retards de paiements sur plusieurs campagnes. Aujourd'hui, le taux de paiement avoisine 95% voire 100% à la fin de chaque campagne avec un retour au paiement décadaire des producteurs. En outre, le système de retenues intrants qui était en vigueur amenait le paysan à se dessaisir de 80 à 90% de la valeur de sa production pour rembourser les crédits intrants. Ce taux, même s'il demeure encore important, revient à un niveau relativement supportable de l'ordre de 55 % avant la mise en place de la subvention.

L.P. : Vous n'êtes pas représentés dans les zones de production du coton.
M.S. : Nous sommes conscients que notre éloignement pose problème. Mais, il ne faut pas oublier le contexte sociopolitique du pays depuis septembre 2002. Et la zone de production du coton se trouve dans la partie nord du pays. Donc pas souvent facile d'accès. Nous savons que nous ne pouvons pas assumer notre mandat de régulation en restant à Abidjan. Maintenant que la situation s'est normalisée, nous entendons nous déployer dans 11 régions de production de coton et de l'anacarde dès cette
année.

Réalisé par Jean Eric ADINGRA

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