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Économie Publié le mardi 7 février 2012 | Nord-Sud

Application des nouveaux horaires/Administration : pourquoi ça coince

Même salué par tous, le décret consacrant les nouveaux horaires de la Fonction publique connaît un début d’application mitigé.


Difficile d’affirmer que tous les fonctionnaires de Côte d’Ivoire débutent le travail à partir de 7h30 mn et rentrent chez eux dès 16h 30 mn. Malgré les bousculades constatées çà et là sur les artères principales menant vers le centre des affaires, tôt le matin, rien n’est sûr. La réalité est que de nombreux fonctionnaires arrivent au travail au-delà de 8h. Les après-midis, ils ne sont pas, non plus, nombreux à quitter le bureau dès 16h 30 mn. Ce mardi 31 janvier, il est 17h30 mn et K.Y. est encore à l’immeuble Ccia. Contrôleur de prix au ministère du commerce, il n’a pas encore achevé le compte rendu de sa mission à son supérieur hiérarchique. Il faut attendre 18h pour le voir descendre des escaliers à cause des pannes récurrentes de l’ascenseur. K.Y. n’est pas enthousiasmé. 4 jours sur 5, le fonctionnaire de 42 ans franchit le seuil de son domicile à 20h voire 21h. «  C’est comme s’il n’y avait pas eu une nouvelle décision au sujet des horaires », constate-t-il. Cette mesure tient-elle compte des contraintes de certains boulots ? «  Quand il est l’heure, nous n’osons mettre fin à une rencontre avec le patron. C’est lui qui a le dernier mot », renchérit Hermann, un collègue de K.Y. Ensuite, il y a le contenu de la tâche à accomplir qu’il ne fallait pas négliger, selon lui. Avant le décret présidentiel, le ministre de la Fonction publique, Gnamien Konan, avait lui-même indiqué ces horaires, dès sa prise de fonction. Mais il y a des résistances. Parfois involontaires. «Nous sommes obligés d’être en retard car les moyens ne suivent pas. Quand on prend une telle décision, il faut prévoir des mesures d’accompagnement », soutient, à cor et à cri, Fama Désiré, agent domicilié à Abobo-Belleville.

Ce que dit le ministère…
Lui qui dépense environ 50 000 F Cfa par mois, uniquement pour le transport, à raison de 1650 f par jour. Le fonctionnaire qui sort du cycle supérieur de l’Ecole nationale de l’administration a un salaire qui tourne autour de 180 000 F Cfa. « Quand on extrait les engagements de l’Etat, il reste environ 170 000. Il n’a pas de voiture, ni de frais conséquents de transport. Dans certains ministères, Il n’y a pas de primes trimestrielles. Et quand il y a des primes, elles ne sont pas les mêmes partout », grogne Christiane, agent au trésor. Pendant ce temps, l’heure est déjà au pointage à l’arrivée comme c’est le cas à la fonction publique et même à la direction du trésor. Mais si Fama, l’agent domicilié à Abobo-Belleville n’est pas inquiété, c’est parce que pour l’instant, il ne constate pas de rigueur dans le système de pointage de son ministère. Les enseignants et les médecins sont déjà dans le bain. Ils ont obligation d’être à leur poste selon un calendrier bien défini. Mais comment rendre l’application du décret effective pour les autres corps de travailleurs ? Zoma-Bi Joua, président de l’Union des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Unafoci), reconnaît certaines difficultés liées au transport et fait des propositions. Il évoque l’insuffisance des 7000 F Cfa alloués aux travailleurs d’Abidjan : «  il y a une régulation à faire. On devrait peut-être ramener la carte permanente de la Sotra à 10 000 F Cfa au lieu de 19 000 F Cfa. Il serait également souhaitable que la carte du Bus-express estimée à 25 000 F Cfa soit revue à la baisse ». Selon lui, c’est ainsi que le travailleur de l’Etat pourrait être à l’heure à la tâche. Toutefois, le syndicaliste encourage ses amis à respecter la nouvelle mesure nationale pour le développement du pays. Zoma-Bi étaye qu’une étude comparative a démontré que le fonctionnaire ivoirien travaille seulement en 3 ans sur 30. Il passe les 27 autres années à se tourner les pouces au bureau ou à s’employer à une autre activité que celle pour laquelle il est engagé. Tandis que le fonctionnaire japonais travaille pendant 27 années sur la même fourchette de 30 ans. Une source proche du ministre de la Fonction publique et de la reforme administrative, Gnamien Konan, martèle que le décret pris le 11 janvier dernier s’impose à tous : « tout le monde doit être à l’heure. Si on veut écouter toutes les inquiétudes, on ne fera rien pour avancer. Si certains arrivent à l’heure, pourquoi pas les autres ? Les mécanismes de suivi se mettent en place et il y aura des contrôles », répond ce responsable. Il n’exclut pas des sanctions. Mais pour l’instant, rassure-t-il, c’est toujours la phase de sensibilisation.


Nesmon De laure
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