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Société Publié le jeudi 9 février 2012 | L’expression

Rentrée universitaire 2012 / Traoré Flavien, porte-parole de la Cnec : «Si rien n’est fait, la rentrée se fera en janvier 2013 »

© L’expression Par Prisca
Crise post-électorale: les ruines de l`université d`Abobo-Adjamé après les affrontements armés entre FDS et "commando invisible"...
Mardi 22 mars 2011. Abidjan. Photo: l`université d`Abobo-Adjamé, après les violents affrontements des 13 et 14 mars 2011.
La rentrée universitaire est prévue en octobre 2012. Dans cet entretien, le Pr Traoré Flavien, porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheurs (Cnec) relève des problèmes qui risquent de la retarder.

Vous avez visité les universités d’Abobo-Adjamé et de Cocody qui sont fermées depuis la mi-avril pour les travaux de réhabilitation. Quel est le point des travaux?

Le temps est venu pour nous d’affirmer que les travaux de réhabilitation des universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé ont commencé. S’il y a des bâtiments qui sont très avancés, d’autres par contre attendent d’être réhabilités aussi bien à l’université de Cocody que d’Abobo-Adjamé. Mais de façon générale, la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheurs (Cnec) souhaite que ces travaux soient accélérés pour qu’il y ait une reprise de cours véritable et que la rentrée universitaire ait effectivement lieu en septembre ou octobre 2012 comme l’a indiqué le président de la République. Si cette rentrée doit avoir lieu à ces dates, il faut imaginer un scénario où le personnel administratif et technique regagne ses bureaux au moins quatre mois avant la rentrée universitaire, et les enseignants trois mois avant la rentrée. Pour ces enseignants, il faut reconstituer les cours, faire le point des unités de valeurs, voir celles qui sont validées parce qu’elles sont terminées, voir celles qu’on peut sauver et qui sont en voie d’être validées pour qu’à la date donnée, on puisse commencer une nouvelle rentrée. Si on ne le fait pas, j’ai bien peur qu’après les dates indiquées on mette encore trois mois avant qu’il y ait une rentrée effective. Nous pensons qu’il y a un petit disfonctionnement dans la réhabilitation. L’administration minimum qui gère les salaires, qui gère les diplômes et un certain nombre de travaux administratifs sont logés au Cires et on veut réhabiliter le Cires de la même façon qu’on réhabilite les autres bâtiments. Nous pensons qu’il faut avoir des priorités. Par exemple, si on réhabilite les bâtiments administratifs de l’université de Cocody et d’Abobo Adjamé, je suppose qu’en priorité, ces administrations minimales qui sont logées ailleurs peuvent intégrer le site de l’université en attendant qu’on réhabilite les sites où ils sont. Mais si on veut tout réhabiliter en même temps, il est clair que ces administrations ne sauront pas où se loger.

Une de nos équipes de reportage a également visité ces deux universités où les travaux semblent arrêtés. Actuellement, quelques travaux se font à la résidence universitaire ‘’Cité rouge’’. Cela ne contribuera-t-il pas à retarder la rentrée ?
Bien entendu. Les deux amphis et les 80 bureaux qui devaient être un don du district à l’université de Cocody ne sont pas achevés depuis près de deux ans et demi de travaux. Les travaux sont complètement arrêtés mais comme je vous l’ai dit lorsqu’on visite les sites, il y a des bâtiments entiers qui ne sont pas objet de réhabilitation par contre d’autres le sont et d’autres encore sont réhabilités à hauteur de 30 à 40%. Par exemple le bâtiment de recherche de l’université de Cocody n’est pas du tout l’objet de réhabilitation actuellement, par contre à l’Institut de géographie tropicale (Igt), les travaux ont commencé. A l’université d’Abobo Adjamé, vous pourrez trouver des bâtiments qui sont relativement réhabilités à hauteur de 40%, mais il y a certains bâtiments également qui n’ont pas été touchés. C’est pour cela que j’insiste sur le fait que si l’on veut tenir les dates, il faut accélérer les travaux. L’année s’est arrêtée brutalement et il faut faire le point de ces années. Sinon j’ai bien peur que la rentrée ne soit possible qu’en janvier 2013.

Au vu de ces faits, la Cnec a-t-elle pris attache avec le ministère afin de comprendre les raisons du ralentissement dans l’exécution des travaux ?

Avant que ce problème ne soit posé, nous avons eu un certain nombre de revendications auxquels le ministre Cissé Bacongo n’est pas étranger. Depuis sa nomination sous le président Ouattara, nous lui avons adressé 2 courriers qui sont restés sans suite. Récemment, nous avons rencontré le conseiller spécial chargé des associations et des syndicats auprès du Premier ministre et nous lui avons fait part de nos préoccupations. Nous espérons que dans les jours à venir, nous serons appelés.

Au-delà des questions de réhabilitation, il y a des problèmes en suspens au niveau des enseignants du supérieur, à savoir la régularisation du glissement catégoriel, les décrets portant bi appartenance, etc. Quel est le point de ces différentes revendications ?

Dans la mesure où nous n’avons pas une véritable plateforme d’écoute au niveau de notre ministère de tutelle, nos revendications se sont véritablement accumulées. Nous pouvons rappeler que les heures complémentaires dues aux enseignants du supérieur et aux chercheurs sont impayées dans certaines universités comme l’Université de Cocody depuis près de trois ans (2007-2008, 2008-2009 et 2009-2010). Les primes de recherche qui nous sont versées le sont avec trois ou quatre mois de retard et pour ce qui concerne l’Université de Cocody, nous venons de percevoir la prime de juin 2011, et l’Etat nous doit entièrement la prime de 2012 dans presque toutes les universités. Il y a 243 enseignants du supérieur nouvellement recrutés qui n’ont pas de poste de tutelle. On leur a dit qu’on ne peut pas leur délivrer une prise de service parce que les universités sont fermées. Il y a la question de régularisation des glissements catégoriels c’est-à-dire que certains enseignants ont changé de grade depuis 2008 et aujourd’hui n’ont pas le salaire qui correspond à leurs grades. Par exemple, je suis passé professeur titulaire depuis 2009 et jusqu’à présent, je n’ai pas le salaire d’un professeur titulaire, mais celui d’un maître de conférences. Il y a également les glissements indiciaires dus à nos collègues venant du lycée qui viennent de faire un doctorat. Généralement, quand on les réclame dans l’enseignement supérieur, on ajoute l’ancienneté dans l’enseignement. Mais depuis un certain temps, cette ancienneté n’est pas prise en compte. Il y a également trois problèmes majeurs. Premièrement, le décret portant bi-appartenance des enseignants du supérieur et des chercheurs dont les effets financiers ont été satisfaits à moitié. Il va de même pour la grille de traitement particulière en faveur du personnel enseignant et chercheur qui a été également satisfait à moitié. On nous a promis que ce sera totalement régularisé au point d’achèvement du Ppte prévu pour mars 2012. Nous espérons que le gouvernement en place fera diligence afin de satisfaire intégralement à ces décrets. Je précise que les collègues des sciences de la santé qui sont bi-appartenants, à la fois médecins et enseignants du supérieur dans le cadre du Synacassci poursuivent la satisfaction de ces revendications. Nous les soutenons puisque ce sont des décrets qui sont signés, mais nous attendons le point d’achèvement du Ppte. C’est ce qui a été dit avec le régime passé et nous n’entendons pas changer de repère avec le nouveau régime pour ne pas tomber dans la subjectivité. Les collègues et chercheurs du Cnra, qui sont dans une situation de semi-privé ont vu leurs salaires du public plus ou moins revalorisés, sont en discussion avec leur direction pour de nouveaux salaires. Nous souhaitons donc que ces salaires puissent effectivement rentrer en vigueur. Il y a une incongruité concernant les voyages d’études et concernant la contractualisation de l’enseignement supérieur. Le décret a été signé depuis 2006 mais jusqu’à présent, les arrêtés d’application n’ont pas été signés de sorte que ces décrets n’ont pas été appliqués.

Et qu’est-ce qui est fait dans ce sens ?

Nous n’avons pour l’instant pas pu en discuter avec le ministre depuis la mise en place de la nouvelle équipe dirigeante, parce que tout simplement, nous n’avons pas été reçus. Au niveau de la fonction publique, nous avons également engagé la même procédure. A la fonction publique, des dates nous ont été indiquées mais malheureusement à ces dates, le ministre n’a pas été disponible compte tenu de son emploi du temps chargé. Sinon au ministère de l’Enseignement supérieur, le bureau exécutif national n’a pas encore été reçu.

Avec la fermeture des universités, vous êtes montés au créneau pour expliquer que cette action causait un dommage aux enseignants, candidats au Cames. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Les candidatures au Cames se font sous la soumission d’un dossier qui comporte deux volets : la recherche où l’on vous demande un certain nombre de publications et l’enseignement où l’on vous demande la dispensation d’un volume horaire selon les grades, sur deux ou trois ans. Malheureusement, les doyens, s’étant réunis, ont estimé que l’année étant terminée, ils ne pouvaient pas accepter de valider un certain nombre de dossiers et candidatures où les candidats n’ont pas achevé leurs enseignements sur deux années pleines, trois, quatre ou cinq années pleines selon le niveau de candidature. Et aujourd’hui cela crée des préjudices énormes puisqu’il n’y a pas de président d’université par exemple à l’Université de Cocody et pour l’Université d’Abobo-Adjamé, la situation n’est pas clarifiée. Alors que tous les dossiers et candidatures au Cames doivent être signés par des présidents d’universités. Nous demandons au gouvernement de nommer incessamment des présidents d’universités intérimaires pour gérer ces situations parce que les secrétaires généraux n’ont pas pouvoir de gérer les questions académiques, ils n’ont pas pouvoir véritablement de décision. Ils peuvent gérer les questions administratives mais les grandes décisions sont prises par le président ou les doyens.

Qu’est-ce qui est fait pour les étudiants en année de soutenance?

L’université est fermée certes, mais nous faisons en sorte que cette fermeture pèse le moins possible sur les étudiants. C’est pour cela que nous proposons que les étudiants qui ont déjà bouclé leurs thèses puissent soutenir de façon à être libérés de cette contrainte et postuler à des postes d’assistant pour qu’on puisse avoir le nombre d’assistants nécessaire pour pouvoir encadrer tous ces bacheliers qui attendent d’être intégrés au système. Nous sommes aussi favorables au fait que les unités de valeur où ils restaient seulement la publication des résultats et où certains étudiants étaient à l’oral et où il restait quelques chapitres, puissent être validées bien que l’université soit fermée. Si ces questions ne trouvent pas de réponse à travers un président d’université, à travers un ministre et que des solutions ne sont pas trouvées, il est évident que dès qu’on annonce la rentrée, ces personnes aillent perturber cette rentrée.

A vous entendre, la rentrée n’est pas évidente en octobre 2012 ?

Même si elle est évidente en octobre 2012, de grands problèmes se posent. Les infrastructures qui seront réhabilitées vont-elles suffire pour accueillir les trois générations de bacheliers qui attendent ? Le personnel enseignant sera-t-il suffisant ? Est-ce que nous aurons le matériel didactique nécessaire pour encadrer toutes ces personnes ? Est-ce-que nous aurons la sécurité qui nous a tant manqué dans le passé ? Est-ce que nous aurons une autorité académique véritable sur les campus ? C’est maintenant qu’il faut songer à répondre à toutes ces questions. Sinon, j’ai bien peur que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Doit-on dire que la rentrée d’octobre est menacée?
Je ne peux pas l’affirmer. Tout est une question de volonté politique. Nous avons égrené les problèmes parce que nous sommes enseignants et nous sommes comme une alerte. Nous lançons un appel et si dès demain des structures sont mises en place et le cri du cœur que nous avons lancé aujourd’hui est entendu et que des structures sont mises en place d’ici deux à trois mois, ces questions seront résolues. Mais si rien n’est fait et que tout explose, je dirais que nous aurons bien prévenu le gouvernement et les populations ivoiriennes.

Interview réalisée par Touré Yelly
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