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Sport Publié le mardi 14 février 2012 | L’Elephant Déchaîné

CAN 2012 : Qu’aurions-nous fait de cette victoire ?

La leçon sera-t-elle enfin comprise ? On ne demande pas à des sportifs de gagner une coupe pour réconcilier un pays divisé par les querelles et les compromissions des hommes politiques. A la fin de la tragique épreuve des tirs au but, le consultant de Rfi, Joseph Antoine Bell, devant la défaite des Eléphants de Côte d’Ivoire, a poussé un petit coup de gueule. Il a dénoncé le lien fait par les autorités ivoiriennes entre ce tournoi de football et la situation politique qui prévaut en Côte d’Ivoire. Il a dénoncé une trop grande politisation de cette finale, une trop grande volonté de récupération politicienne de cette compétition. Et nous sommes d’avis avec cette opinion. Tout s’est passé comme s’il suffisait que cette coupe d’Afrique arrive en Côte d’Ivoire pour que les rancœurs qui emplissent le cœur de millions d’Ivoiriens après la crise post-électorale s’envolent comme par enchantement et que la réconciliation soit effective. Dans notre chronique « le message (presqu’) imaginaire des Eléphants aux Ivoiriens », nous avions déjà attiré, dans le style qui est le nôtre, l’attention des autorités de ce pays sur la pression inutile que la récupération politicienne de cette compétition mettait sur les épaules des joueurs. Et ça n’a pas manqué. Pendant 120 minutes, les Eléphants, étranglés par l’enjeu, ont joué totalement crispés, sans jamais se libérer pour asseoir leur suprématie sur des Zambiens qui jouaient avec dans la tête le souvenir de la tragique disparition de 18 des leurs dans un accident d’avion en 1993. Et qui tenaient absolument à leur rendre hommage. C’était simple comme mission et ils ont joué complètement libérés, sans aucun complexe. Personne ne leur avait demandé de gagner pour régler des problèmes politiques dans leur pays, de gagner pour réconcilier des hommes politiques. Mais aux joueurs Ivoiriens, on a fini par demander, par des déclarations subliminales, de gagner pour réconcilier un peuple profondément divisé par les politiciens de tous bords, de gagner pour donner une dynamique à un processus de réconciliation dans l’impasse en raison du manque de sincérité de ceux qui l’ont voulu, en raison du manque d’imagination de ceux qui ont la mission de le conduire, en raison de l’absence de repentance de la part de tous ceux qui ont posé des actes criminels contre ce pays et son peuple avant, pendant et après la crise post-électorale et qui se recrutent dans tous les camps. Comment avons-nous pensé un seul instant qu’avec les pensées que nous nourrissions, notre équipe pouvait remporter cette coupe ? N’a-t-on pas dit et écrit d’un côté que Ouattara porte chance, qu’il était premier ministre quand les Eléphants ont remporté pour la première fois cette coupe en 1992 et qu’étant de nouveau à la tête de ce pays et contrairement à ce « poisseux de Gbagbo », il allait encore la remporter ? N’a-t-on pas dit et écrit qu’une éventuelle victoire des Eléphants serait le « parachèvement de l’œuvre de Gbagbo » ? N’a-t-on pas fait circuler des sms idiots demandant à des Ivoiriens de prier pour que les Eléphants remportent cette coupe afin que le chef de l’Etat décède parce que Houphouët-Boigny est décédé un an après la victoire des Eléphants au Sénégal ? Comment pouvait-on penser qu’une telle désunion des cœurs et des esprits autour de cette équipe nationale pouvait la conduire à la victoire ?
Qu’aurions-nous fait d’ailleurs de cette victoire, dans le contexte actuel ? L’utiliser pour décréter que la réconciliation est effective ? L’utiliser pour cacher les souffrances qu’endurent au quotidien les Ivoiriens, abandonnés par des dirigeants dont l’action jusque-là n’a contribué en rien à l’amélioration de leurs conditions précaires de vie, des Ivoiriens étranglés par une cherté de la vie absolument insupportable et qui ne savent plus à quels saints se vouer ? L’utiliser pour cacher les magouilles dans la passation des marchés publics et qui viennent d’être découvertes ? Certes, une victoire de notre équipe nous aurait procuré quelque légitime joie. Mais cette défaite, quelque difficile qu’elle soit à supporter ou même à accepter sur le plan purement sportif, va faire plus de bien que de mal à ce pays. Elle va faire comprendre à nos dirigeants et autres politiciens des «temps qui tanguent» qu’on ne se moque pas impunément d’un peuple, qu’on n’est pas sorti, malgré les discours démagogiques, de la zone de turbulence et qu’il faut maintenant laisser les bavardages stériles pour poser des actes positivement féconds, de vrais actes de réconciliation et de bonne gouvernance. Comme on le voit, cette défaite permet de continuer à penser que Dieu continue d’aimer ce pays et son peuple. On ne peut pas en dire autant de ceux qui disent qu’ils travaillent pour notre bonheur (le leur aussi) et qui se recrutent dans tous les camps.

L’Editorial d’Assalé TIEMOKO
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