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Économie Publié le vendredi 24 février 2012 | Nord-Sud

Emploi-jeunes/Beaucoup d’appelés, peu d’élus

Les sans-emploi vont-ils boire le calice jusqu’à la lie ? Rien n’est moins sûr. Plusieurs mois après le lancement en grande pompe de multitudes de projets sur l’emploi-jeunes, rien n’a véritablement bougé.


«J’ai rencontré un jour aux Deux-Plateaux une petite organisation qui m’a proposé qu’elle peut m’aider à trouver un stage académique. Mais qu’il faut que je lui apporte mes dossiers plus la somme de 25.000 Fcfa. Je me suis dit, s’il faut payer pour avoir un stage, qu’en sera-t-il pour un emploi ? » Ces propos sont de Djakaridja Ouattara, un étudiant de l’établissement supérieur Adama Sanogo, qui vient de décrocher son brevet de technicien supérieur (Bts). Comme le dit le perroquet de «Fitini» (artiste chanteur zouglou) : «Abidjan est dur». Pis, trouver de l’emploi aujourd’hui est quasiment devenu un mythe pour les jeunes. Pourtant, en début d’année, l’espoir était permis. De multitudes projets d’insertion et de création d’emplois ont été lancés en fanfare, suscitant l’engouement de plus de 4 millions de sans-emploi. Un bilan à mis parcours permet d’être désillusionné. Parmi ces projets, seul celui des travaux de haute intensité de main d’œuvre (Thimo), lancé par le Projet d’assistance post-conflit (Papc) a fait mouche. 5.000 jeunes ont bénéficié de ce projet à travers les activités d’entretien courant de la voirie urbaine. Certains bénéficient, après leur contrat de six mois, d’un appui technique et financier pour la préparation et la mise en œuvre d’une activité génératrice de revenu. Kouassi Clément, le coordinateur adjoint, chargé de la réinsertion économique au Papc peut se réjouir : «nous avons lancé une autre convention à l’ouest : à Djékoué, à Guiglo et à Bangolo. Les jeunes vont bénéficier d’environ 1.000 emplois ». Financé à hauteur d’un peu plus de 4,4 milliards de Fcfa par le Papc, et dirigé par l’Agence de gestion des routes (Ageroute), les Thimo restent en revanche insuffisants pour assouvir l’appétit grandissant des demandeurs d’emplois. Pour voler à leur secours, on se souvient, le ministère de la Promotion de la jeunesse et du service civique a lancé « mode d’emploi ». Une base de données qui permet d’identifier les jeunes demandeurs d’emploi ainsi que leurs projets. Mais depuis, le ministre Alain Lobognon cherche des financements.

Les bailleurs de fonds à la rescousse
Le 16 février, il a eu une séance de travail avec des bailleurs de fonds, dont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), le Programme alimentaire mondial (Pam) et l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). Ces organisations internationales se sont dites intéressées uniquement par le financement de certains des projets agro-pastoraux. Sur 4.897 jeunes inscrits à ce jour dans la base de données de «mode d’emploi», seuls 21% veulent faire de l’agriculture et 2%, l’élevage. Alors que 32%  ont opté pour le commerce, 29% ont choisi de travailler dans l’administration, 4% pour l’artisanat et 12% préfèrent autre chose. C’est peu de le dire : «mode d’emploi» est loin d’être la solution. «Aujourd’hui, il faut que les jeunes prennent conscience qu’ils doivent eux-mêmes entreprendre et cesser de tout attendre des autres, confie un travailleur du Papc. Pendant les Thimo, nous avons vu des jeunes détenteurs de Bts qui sont allés faire des travaux de voirie. Il n’y a pas de sot métier». Le problème, c’est que même les sots métiers se font rares. Du côté du ministère de l’Artisanat et de la promotion des pme, on s’active. Pour preuve, l’Institut ivoirien de l’entreprise (Inie), chargée de la conception de projets et le Fonds ivoirien pour le développement de l’entreprise nationale (Fiden) qui les finance, ont repris du poil de la bête. Selon Satigui Koné, conseiller technique en charge de la communication au ministère, ce sont environ 20 projets par jour qu’ils reçoivent. A ce jour, 1.300 projets ont été validés. Seul couac, la plupart attendent le financement du Fiden. Pour rendre dynamique cet organe de financement, l’Etat a tenté de gonfler ses fonds. Mais, vu l’importance des projets qui lui sont soumis, il faut parfois du temps, selon M. Koné. Le plus souvent, les projets sont à moitié financés. Car, ce sont de futures activités qui vont générer plusieurs emplois. Le conseiller technique note que Konaté Sidiki a insufflé une sorte de dynamisme à l’Inie en ouvrant des bureaux dans 8 villes à l’intérieur du pays. Le mot d’ordre du ministre : faire de l’Ivoirien un entrepreneur. Il n’empêche : ces projets restent très insuffisants tant la demande en terme d’emplois est forte. Par ailleurs, le problème avec les projets, c’est l’énorme fossé qui existe entre le nombre de postulants et ceux qui sont retenus au finish. Comme le dit un passage biblique, emploi jeune, c’est beaucoup d’appelés et peu d’élus.

Raphaël Tanoh
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