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Afrique Publié le lundi 27 février 2012 | Nord-Sud

Carnet de voyage/Les Sénégalais de Côte d’Ivoire accourent…

Le vol de Sénégal Airlines de ce vendredi 24 février au départ d’Abidjan pour Dakar affiche presque complet. La majorité des passagers est constituée de ressortissants sénégalais. Quelques occidentaux, deux ou trois Ivoiriens embarquent après les formalités douanières d’usage. Il est 20h 30. Chacun occupe son siège. Le commandant de bord, M. Guèye et son équipage souhaitent un agréable voyage aux passagers. Les stewards ont juste le temps d’expliquer d’abord en français, puis en anglais et enfin en wolof les consignes de sécurité que les apartés commencent entre les Sénégalais sur le principal sujet d’actualité pour eux: l’élection du 26 février 2012 pour laquelle beaucoup effectuent certainement le voyage. Nos deux voisins de devant, Adama Fall et Fatou Diop engagent la conversation. Quelques minutes avant, ils ne se connaissaient pas. Après quelques salamalecs, nos deux compagnons de voyage sont déjà dans le vif du sujet. Dans un premier temps, nous écoutons. Avant de donner quelques avis sur cette échéance, qui fait parler d’elle, avec les violences ayant fait six morts, selon plusieurs sources. Vivant régulièrement à Abidjan, mais inscrits sur les listes électorales au pays, Adama Fall et Fatou Diop vont accomplir leur devoir civique, c’est-à-dire prendre part au vote de dimanche. Ce vendredi à minuit, la campagne électorale doit prendre fin après 21 jours très mouvementés. Mais avant ce délai, eux, ont le temps d’écouter les arguments de campagne des 14 candidats en lice dont Abdoulaye Wade. Surtout, la situation de crise pré-électorale les préoccupe. Fatou et Adama ont chacun son favori. Après avoir vécu les violences post-électorales en Côte d’Ivoire en 2010-2011, ils craignent que le chaos soit en train de se mettre en place dans leur Sénégal natal. Et là, ils sont inquiets. Tous deux sont d’accord que l’image de pays modèle de démocratie en Afrique occidentale jalousement gardée par le Sénégal est écornée par les violences des derniers jours. Sans discontinuer, ils parlent. Fatou est une partisane du président sortant, Abdoulaye Wade, dont le troisième mandat a suscité, depuis janvier, de vives contestations de l’opposition et de la société civile. Elle soutient le champion du Sopi comme en 2000. Mais aujourd’hui, elle est plus mesurée. Si cette candidature doit mettre le feu au pays, elle préfère que son champion se retire, en ayant la même sagesse qu’a eue Obasanjo en 2006. Cette année-là, le maître d’Abuja manœuvrait pour se porter candidat à un troisième mandat présidentiel au Nigeria. Mais il avait dû rétropédaler sous la pression de la rue, et surtout sur recommandation de ses pairs africains avec en tête Abdoulaye Wade. Elle reconnaît que Me Wade a réalisé beaucoup de chantiers en faveur du Sénégal durant son septennat et son quinquennat, mais ne souhaite pas qu’il contribue à détruire ce qu’il a construit. Pour lui, elle avait dû retourner au bled pour retirer sa carte d’électeur après son enrôlement à Dakar. Elle tente surtout d’expliquer à Adama que Me Wade n’est pas un assoiffé du pouvoir. Elle croit au bien-fondé de cette candidature. Adama, lui, soutient que le Sénégal ne mérite pas cette situation pré ou post-électorale qui est en train de devenir une mode sur le continent. Le pays de Senghor ne devrait offrir un tel spectacle au monde. Pour lui, Wade devrait se retirer même si le Conseil constitutionnel a avalisé sa candidature. « Si son retrait peut ramener le calme, qu’il le fasse. Nous savons sur quoi peuvent déboucher les violences post-électorales. On a trop souffert de la crise en Côte d’Ivoire. Nous ne voulons pas de cela chez nous. Il faut bien que le chef de la communauté Mouride lui parle », souhaite-t-il ardemment. Durant tout le vol, nos deux compagnons ne feront que parler de politique. Pas le temps de se draguer. Et pourtant Fatou est belle comme tout. Avec son teint bois d’ébène, elle est richement habillée et dégage un parfum haut de gamme. Fatou serait en d’autre circonstance une bonne prise pour Adama. Qui n’est pas non plus vilain monsieur. Mais ils ont le cœur serré par l’angoisse liée à la situation du pays. Qui sait s’ils se reverront à Dakar autour d’un café, avec un sujet plus convivial. Après le vote de dimanche. Au bout de 2 heures 30 minutes de vol, nous faisons notre pied à terre à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor à 22h 30. La température ambiante est de 19°. Après les formalités policières, nous découvrons également dans le hall que la campagne passionne les Dakarois. Les débats sont animés devant des écrans-géants. Les bribes de con­versations en wolof et en français indiquent que les Sénégalais ont surtout décidé de jouer les prolongations, si Abdoulaye Wade est déclaré vainqueur à l’issue du vote. Personne ne se doute qu’il va gagner. Une fois installé dans notre hôtel au quartier Sacré-Coeur, nous rentrons en contact avec Adama, comme convenu dans l’avion, pour le suivre lors de son opération de vote. C’est à l’école Matar Diop dans la commune d’arrondissement de Médina, non loin de la célèbre Place d’Obélisque qu’il a voté. Le vote étant par essence secret, nous n’osons lui demander pour qui il a voté. Mais on peut présumer que c’est tout sauf Wade.

B.Y., envoyé spécial à Dakar
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