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Société Publié le mercredi 7 mars 2012 | L’expression

Réinsertion des ex-combattants : Pourquoi le dossier piétine

La réinsertion des ex-combattants qui se sont battus, au prix de leur vie, pour l’instauration de la liberté et la démocratie, va à pas de tortue. Quand les concernés, eux, ne manquent d’occasion pour exprimer leur mécontentement par des actes répréhensibles.

Le projet de réinsertion des cinquante mille (50.000) ex-combattants, des groupes d’auto-défense, des jeunes associés aux Frci, et des groupes rendus vulnérables du fait de la crise armée, dans le tissu social, comme voulu par l’Etat, est une condition sine qua non pour la stabilité sociale et économique du pays. Et pourtant, sur le terrain, il piétine. Que renferment les termes reconstruction et réinsertion dans cette situation post-crise? La politique du gouvernement Soro s’articule autour d’un triple axe, à savoir : la reconstruction, la réinsertion et la réconciliation nationale. Selon un acteur du projet, les concepts de reconstruction et de réinsertion sont intimement liés. « Car, la reconstruction, si elle est bien menée, peut favoriser la réussite de la réinsertion », a soutenu Koné Mamadou, secrétaire national à l’Agence de reconstruction et à la réinsertion. Si la réinsertion est réussie, elle consolidera, à coup sûr, la reconstruction de la nation, ajoute-t-il. Car, à travers de grands travaux tels la reconstruction de routes, barrages, d’hôpitaux et d’écoles, etc., le président Ouattara veut donner des emplois aux ex-combattants.

Du chemin parcouru

La plupart des structures agissant dans ce domaine proposent des activités génératrices de revenus (Agr), des microprojets, des formations professionnelles, des bourses d’étude, etc. aux ex-combattants. 300 ex-combattants ont été récemment réinsérés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics à travers les chantiers de construction et/ou de réhabilitation de 15 préfectures. Comme contenu dans l’accord cadre signé le 28 novembre 2011 entre le Projet d’assistance post-conflit (Papc) et le ministère de l’Intérieur. Sur le site du Programme national de reconstruction et de réinsertion (Pnrrc), structure dirigée par Ouattara Daniel, il est déclaré que 15.000 personnes ont déjà été réinsérées dans différents programmes. De retour d’une visite en France, le ministre des Ex-combattants et des Victimes de guerre, Babaud Darret, a annoncé, fin février, que son ministère a déjà procédé à la réinsertion de milliers d’ex-combattants. Et compte, d’ici au 15 mars, réinsérer mille autres à l’Ouest du pays. Ce vaste programme, pour son exécution, selon lui, aura reçu le financement du Hcr, du Pnud, du Cicr et de certains organismes privés. Ibrahima Diarrassouba, président des ex-combattants et démobilisés, a déclaré à sa sortie d’une rencontre avec le chef d’état-major général des armées (Cemg) qu’il a fait le point de certaines opportunités que les chefs de l’armée ont trouvées pour eux. Il s’agissait de les informer sur le déroulement de la réinsertion dans laquelle certains ex-combattants ont décidé de s’engager. A cette rencontre avec le général Soumaïla Bakayoko, les ex-combattants ont demandé et obtenu de la hiérarchie militaire une réinsertion directe. « Le président de la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, M. Jean Louis Billon, le général d’armée Licorne, Clément Bollet, et le colonel Pêche ont décidé d’aider à la mise en place de la réinsertion directe à travers le service civique adapté au développement (Scad). Il consiste à envoyer un ex-combattant dans une unité industrielle où il suit une formation qui peut aboutir à son embauche dans l’entreprise », s’est réjoui Ibrahima Diarrassouba. Depuis, plusieurs ex-combattants ont suivi des formations qualifiantes et ont été réinsérés dans des unités. S’inspirant de l’expérience du Rwanda qui a connu plusieurs années de guerre, il a été mis sur pied une armée de réserve. Celle-ci prendra en compte tous ceux qui, pour des raisons d’âge, ne peuvent plus intégrer l’armée. « Et à travers cette armée de réserve, ils vont effectuer des missions à l’extérieur du pays telles que les missions des Nations unies. C’est une proposition qui a rencontré l’adhésion des ex-combattants. Cette opération est prévue pour démarrer au premier trimestre de l’année 2012 », a situé le président des ex-combattants.

D’importants défis à relever
Le Pnrrc compte relever le défi de la réinsertion. Il envisage de l’entamer avec 15 000 autres bénéficiaires dont 9 000 ex-combattants. Son objectif, réinsérer 30 000 ex-combattants, associés au conflit armé avant le 31 décembre 2012. « Ma mission ne finira pas tant que la dernière personne qui a combattu ne sera pas réinsérée », promet le chef d’état-major général. Ce qui augure que tout le monde sera pris en compte. Mais malgré cette bonne intention, les différents projets que prévoie la hiérarchie militaire pour les ex-combattants tardent à être appliqués. La multitude de structures privées et publiques qui existent au tour du projet ralentit la réinsertion des ex-combattants. Ce qui reste à faire dans ce volumineux dossier, c’est de fusionner ces forces en présence pour pouvoir mieux apprécier et juger le dossier. De sorte à mettre sur pied une coordination et instaurer un cadre de concertation et d’évaluation de ce programme. Car cette action ne peut s’inscrire dans la durée que si elle est coordonnée par une seule structure capable de rendre compte de ses actes et d’être l’oreille du gouvernement en cas de défaillance dans le système. Car la foultitude actuelle de structures autour de ce sujet crée une sorte de confusion dont la conséquence sera de diminuer les efforts du gouvernement. « Et les secteurs privés font partie des structures qui créent cette confusion », s’est plaint Koné Mamadou. Pour atteindre l’objectif visé, un atelier de réflexion a eu lieu en novembre 2011, à Grand-Bassam, sur la définition d’un cadre de coordination des activités de réinsertion en Côte d’Ivoire. La délicate question de la réinsertion des ex-combattants, des groupes d’auto-défense, des jeunes associés aux Frci, et des groupes rendus vulnérables, du fait de la crise armée, y a énormément préoccupé le gouvernement. Comment régler le problème des nombreux interlocuteurs privés et des structures étatiques qui interviennent dans ce volet de la réinsertion ? Pnrrc, Snrr, Anarrec, Papc… Quels rôles pour chaque structure dans le processus ? Le ministre d’Etat, ministre de l’Emploi, des Affaires sociales et de la Solidarité, Gilbert Kafana Koné, représentant le Premier ministre Guillaume Soro, à cet atelier, avait estimé qu’en dépit du nombre pléthorique, leur coordination ne facilitait pas le travail de la réinsertion des ex-combattants. Pour lui, « L’un des objectifs de cet atelier était de mettre urgemment en place une structure unique, dynamique et plus opérationnelle, afin de donner une visibilité plus nette à l’ensemble de la démarche’’. Cette structure, jusque-là, n’a pas vu le jour. La réussite de ce programme reste une préoccupation majeure en raison de la montée en puissance du banditisme et des agressions à répétition des coupeurs de routes. « Nous, ex-combattants, Monsieur le Premier ministre, vivons une terrible galère dans les casernes, surtout sur le deuxième site à Yopougon Km 17 où les éléments sont mal nourris et très mal traités. Nous comptons sur vous pour voir notre cas. ». C’est le contenu du courrier de Fofana Yssouf, un ex-combattant de Yopougon posté sur la page Facebook du Premier ministre Soro Guillame.

Sam-Wakouboué
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