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Société Publié le lundi 12 mars 2012 | L’expression

Koumassi, Adjamé, Yopougon… : Les commerçants déguerpis se débrouillent

La ministre de la Salubrité urbaine a procédé, depuis juillet 2011, au déguerpissement de tous ceux qui occupaient anarchiquement les grandes artères d’Abidjan. Que deviennent ces commerçants ? Où ont-ils été recasés ? L’Expression est partie à leur recherche.

Ils ont été déguerpis des trottoirs longeant le Boulevard Giscard d’Estaing (Vge) jusqu’au grand carrefour de Koumassi par ’’maman bulldozer’’ depuis juillet 2011. Mais ce lundi, devant l’église ‘‘Rachetée de Dieu Schékina’’ ainsi qu’aux alentours de la pharmacie de Koumassi, les déguerpis sont là, à leur nouveau quartier général. Vendeurs de compact disc (Cd), de pantalons et de friperies sont là. Les Cd sont disposés à même le sol, les habits dans des brouettes et les chaussures étalés sur des sachets noirs. Ces différents étals sont envahis par les clients. Les commerçants sont également présents à la station Total du grand carrefour de la commune. A l’arrivée de notre équipe de reportage sur les lieux, les ex-déguerpis se montrent méfiants face aux questions. Mais mis en confiance, ceux-ci expliquent qu’ils ont cru à une équipe d’inspection de la patronne de la Salubrité urbaine. Un marchand de friperies, surnommé Doumbia, explique que depuis le déguerpissement opéré par les services de la ministre de la Salubrité urbaine, aucun point de recasement ne leur a été indiqué. «On était auparavant au niveau de l’autoroute du grand carrefour de Koumassi avant qu’on ne vienne nous chasser. Mais, on ne nous a pas dit où aller. On est donc venu s’installer ici, mais cet endroit était déjà occupé par d’autres vendeurs, car c’est un site stratégique à cause du nombre de passants », explique Doumbia. Sékou Sylla, commerçant de chaussures, affiche également sa satisfaction sur la rentabilité du nouveau site. Même s’il redoute les descentes surprises des agents de la brigade de la salubrité. Une situation analogue vécue à la rue Princesse de Yopougon, par des tenanciers de maquis et de buvettes de fortune. En lieu et place des maquis et des bistrots qui faisaient la particularité de cette rue, ce mardi nuit, il est possible d’observer des buvettes en plein air dont le décor est composé de chaises et de parasols. Des débris de ciment et de terre sont encore visibles par endroits. Ici, il est servi du ’’kedjénou’’, du braisé de poulet, de la boisson et des boissons locales. Une tenancière explique, sous le sceau de l’anonymat, la nouvelle stratégie les tenanciers pour contourner les contrôles de la brigade de salubrité. «Vous êtes venus aujourd’hui et vous avez vu que nous sommes présents. Mais demain par exemple, vous pouvez ne pas nous voir ici. Nous sommes présents tous les deux jours. Cela dépend de la brigade de la ministre. Ils peuvent venir par surprise et casser toutes nos affaires. Nous sommes vigilants, mais il faut bien qu’on vive en attendant qu’on nous trouve de nouveaux espaces », révèle la tenancière. Un souhait émis également par M.G, qui gère un débit de boissons locales. « Quand les maquis ont été détruits, cela a mis au chômage certaines personnes. On est obligé de se débrouiller comme on peut. Depuis, les activités ne sont plus rentables et le coin n’est plus aussi fréquenté comme autrefois. C’est de l’argent qui a été mis dans la construction de ces maquis et on ne peut pas tout détruire sans trouver une solution palliative », se plaint M.G.

Les ex-déguerpis jouent à cache-cache avec la Salubrité urbaine
Délogés par la ministre de la Salubrité, les ex-occupants des lieux n’entendent pas s’en laisser conter. Même s’ils occupent les lieux de façon périodique, les délogés bénéficient d’informateurs. Ainsi, lorsqu’Anne Oulotto doit faire des descentes, ils sont avertis à l’avance. «Nous payons 500Fcfa ou 1000 Fcfa à des personnes et nous sommes tout de suite informés lorsque la ministre doit faire des contrôles. Nos contacts nous appellent et nous disent par exemple que la ministre est à Marcory et on commence à ramasser nos affaires », révèle Sékou Sylla. Mais parfois, ces commerçants n’arrivent pas à échapper à la ministre et à sa brigade. Dans ce cas, explique un déguerpi, c’est le sauve-qui-peut. « On laisse toutes nos affaires à la merci de la brigade et on se disperse dans tous les sens. Une fois, c’est la ministre elle-même qui nous a surpris et c’était la panique totale. On s’est enfui, mais elle a essayé de raisonner ceux qui sont restés pour l’écouter », se souvient le marchand. Même si dans les communes de Yopougon et de Koumassi, les déguerpis et le ministère jouent à cache-cache, ceux de Cocody Angré et Adjamé respectent les consignes. Aux Deux Plateaux, les installations anarchiques qui occupaient les voies aux alentours du commissariat du 22ème arrondissement ont toutes disparu. A Adjamé, la présence des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) dissuade tous ceux qui seraient tentés d’occuper anarchiquement les voies. Les chauffeurs de wôrô-wôrô et de gbakas qui occupaient la station Texaco vers les 220 logements ont été recasés à la grande gare, derrière la compagnie Stif. Les commerçants qui occupaient la voie menant d’Hassan vers Renault ont disparu. Ceux-ci se trouvent de l’autre côté de la voie en face de la gare ’’Aboussouan’’ et de façon disciplinée. Un élément des Frci explique que c’est grâce à leur travail acharné sur le terrain que la commune d’Adjamé présente un nouveau visage. Cependant, selon une source introduite au ministère de la Salubrité urbaine, le recasement des commerçants et opérateurs économiques déguerpis, n’est pas du ressort du ministère. « Nous l’avons dit maintes fois. Ce n’est pas du ressort du ministère de la Salubrité de procéder au recasement des déguerpis. Mais c’est celui des mairies. Nous sommes chargés de l’assainissement des voies et nous n’allons pas faire le travail des mairies à leur place», tranche la source.
Napargalè Marie
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