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Société Publié le lundi 19 mars 2012 | L’Inter

Japon Vrac : Du tremblement de terre à l`accident nucléaire _ Comment le tsunami a ravagé une partie du Japon - Ce qui s`est passé dans 4 préfectures de l`archipel nippon

Vendredi 11 mars 2011. Il est 14h 46 mn. Au bureau du Premier ministre Yoshihiko Noda, chef du gouvernement, mais aussi chef de l'Exécutif au Japon, il se tient une réunion ordinaire entre le patron des lieux et ses collaborateurs. Soudain, le téléphone crépite et annonce une urgence. Un séisme vient de frapper la région du Tohoku, le nord-est du pays. En principe, au Japon, un tremblement de terre est un fait banal que les populations ont intégré à leur quotidien. Le peuple nippon, qui vit dans un environnement aussi austère qu'a réussi à dompter cette nature ''sauvage'' pour vivre dans une atmosphère inimaginable faite de séismes et autres phénomènes considérés partout dans le monde comme de réels dangers. Mais, même si le séisme est pour le Japonais un fait banal, celui de ce 11 mars 2011 ne passera pas pour un non-événement. Tellement il aura été violent. A l'échelle de magnitude 9 et d'une durée de 2 mn (l'une des plus longues connues par les populations), c'est l'un des plus violents tremblements de terre jamais enregistré depuis des siècles sur l'archipel de 377.944 km². Quatre préfectures du Tohoku (nord-est) connu pour être une région économiquement très stratégique, sont frappées durement par cette secousse. Le coup d'alerte est donc donné pour circonscrire l'impact de ce séisme. Mais, l'incident n'est pas encore circonscrit qu'un autre événement va ébranler l'ensemble des populations du Japon. A commencer par les premiers responsables du pays. A peine 50 mn après le séisme, un violent tsunami (raz-de-marée) s'est déchainée aussitôt dans les zones déjà sinistrées. D'une hauteur minimale de 4 à 8m, la mer est sortie de son lit pour envahir et dévaster à une vitesse vertigineuse, des kilomètres d'habitations dans plusieurs villes du pays. Le bilan est lourd. Des milliers de personnes tuées et disparues, dont certaines restent encore enfouies sous la boue, notamment à Iwaki, dans le département de Fukushima, où des témoins nous ont conté leurs mésaventures à notre passage dans la localité. Les blessés ne se comptent pas. Tout comme les dégâts collatéraux chiffrés à plusieurs milliers de milliards de perte. Au total, plus de 16.000 morts et 5.000 disparus en terme de dégâts humains enregistrés. Des morts causés par l'hypothermie (le froid), mais aussi la pression hydraulique et les blessures causées par les éboulements de terrains et de domiciles. Le récit du drame par les populations et les témoins que nous avons rencontrés, est émouvant.

Miyagi, le souvenir douloureux d'une soirée mouvementé

La ville de Sendaï est le chef-lieu du département de Miyagi, à plus de 2h de rail de la capitale Tokyo par le Shikensen (le train à grande vitesse). Cette ville côtière de plus d'un million d'habitants n'a pas échappé au désastre du tsunami. Ici, le raz-de-marée est intervenu exactement 50 mn après le séisme. A ce moment précis, des membres de nombreuses familles vont prendre rendez-vous avec la mort alors qu'ils

allaient chercher leurs enfants à l'école, après le tremblement de terre. En sortant de leurs habitations ou des bureaux tout équipés en dispositifs anti-sismiques, aucune de ces victimes ne s'imaginait qu'elle s'exposait à un autre danger qui allait survenir sur son chemin. Hélas, elles vont se faire surprendre par le tsunami, qui les engloutira tout comme des centaines d'autres victimes enregistrés. Dans cette ville, on dénombrera formellement 797 morts et 32 disparus. Des quartiers entiers totalement anéantis par la vitesse des eaux. Des bâtiments gravement endommagés où entièrement détruits par les glissements de terrain. 110.000 réfugiés, soit 1/11ème de la population. Les écoles, aussitôt transformées en lieux d'accueil des sinistrés, s'avèreront insuffisantes pour faire face au désastre. L'électricité coupée, les tuyauteries d'adduction en eau potable détruites, ainsi que celles du gaz butane, tous ces dysfonctionnements vont en rajouter au drame, qui va nécessiter la création aussitôt d'une cellule de gestion des autorités de la ville appuyées par le gouvernement de Tokyo.

Ishinomaki, le hideux visage du drame

Un autre endroit, une même scène. Ici, nous sommes à Ishinomaki, dans la préfecture de Iwaté. Une autre ville située à 45 km plus au nord de Sendaï. Dans cette ville, nous avons un contact direct, pour la première fois, avec les impacts du tsunami. Peu ou presque pas d'habitant sur notre chemin, mais surtout le vide sur notre passage laissé par les habitations détruites dont les gravats ont été débarrassés par les secours et les volontaires à l’œuvre pour effacer ces traces du désastre et réhabiliter le cadre de vie des habitants. On aperçoit des quartiers entiers détruits où des engins s'attellent déjà à la tache de reconstruction. Quelques pans de murs, qui ont résisté, tiennent encore à peine debout. L'on arrive au port. Plus de débarcadère ni d'installation. Même les entrepôts ont tous été ravagés et détruits. Des bateaux renversés qu'on retrouve sur la terre ferme. Signe que le raz-de-marée a été d'une violence inouïe. Du haut de la montagne de Hyoriyama, la vue des dégâts est encore plus effroyable. Une partie de la ville rasée. Même le cimetière n'existe plus. On ne s'imagine pas le nombre de personnes englouties sous les décombres au moment de l'incident, ou emportées par les eaux en colère. Ici, l'on nous racontera l'histoire pathétique des agents du service d'alerte, qui ont tous péris dans les eaux déchainées. Ceux-ci, pour ne pas paraître lâches aux yeux de leur peuple, ont préféré rester à leur poste pour continuer à alerter la population pour quelle fuie le danger. Ils demeureront à la tâche jusqu'à ce qu'ils perdent de la voix, eux-mêmes, emportés par la marrée haute. Au total, les services de la croix-Rouge ont dénombré dans cette ville portuaire 3335 morts et disparus sur les 117000 habitants qu'elle compte. Le nombre de ces victimes, selon le responsable local de la croix-Rouge, M. Abe, aura été aggravé par l'heure de survenue du séisme. 15H, à quelques heures de la tombée de la nuit qui réduira les chances de voler au secours des sinistrés.

Fukushima, ou l'île du bonheur dans le malheur


Si les autres préfectures ont juste souffert du séisme et du tsunami qui a suivi, dans le département de Fukushima, le drame va prendre une autre proportion avec un autre accident survenu. Il s'agit de la destruction par les eaux de la centrale nucléaire. Contrairement à ce qu'on avait craint, cet accident, qui aurait pu en rajouter aux nombreux morts causés par le tsunami, n'aura fait aucun tué. «Il n'y a eu aucun mort de l'impact de la radio-activité», a vite fait de nous situer sur la question, M. Shigata, vice-porte-parole en charge des relations publiques au bureau du Premier ministre. Mais, l'incident nucléaire a causé une délimitation d'une zone rouge de décontamination dont les populations ont toutes été évacuées pour être mises à l'abri des effets radio-actifs. A l'instar des autres préfectures, la préfecture de Fukushima ayant pour chef-lieu de département Fukushima, signifiant ''l'île'' du bonheur, a également compté ses morts en milliers. Globalement, outre les morts, les Japonais ont dénombré plus de 200.000 véhicules emportés et endommagés, des centaines de milliers de domiciles détruits, des milliers d'emplois perdus avec la destruction des entreprises et des espaces cultivables, sans compter l'impact sur les services, les moyens de transport paralysés pendant cette période. La crise aura entrainé sur le coup 27.000 personnes bloquées dans les gares, 50.000 réfugiés, mais surtout l'annulation par toutes les compagnies aériennes, de tous les vols en direction de l'archipel nippon. Mais, tout ceci n'aura pas réussi à altérer le mental de Japonais, qui préparent déjà la relève.

Félix D.BONY
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