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Art et Culture Publié le vendredi 23 mars 2012 | L’expression

Interview / Noël Dourey (Président du Conseil de gestion du Palais de la culture de Treichville) :«Nous allons faire notre révolution culturelle»

Nommé président du Conseil de gestion du Palais de la culture de Treichville en octobre 2011, Noël Dourey dit sa volonté de redonner vie au temple de la culture. Il se prononce également sur le phénomène de la piraterie et sur la situation du Burida.

Comment avez-vous trouvé le Palais de la culture en y arrivant ?

Le Palais de la culture n’était pas beau à voir. L’endroit était devenu une base militaire et tout le monde sait l’état dans lequel on laisse les bases militaires. Le palais était totalement défiguré. Ma nomination m’a permis de voir de plus près l’étendue du désastre. J’ai trouvé en place un palais en pleine décrépitude. Je voudrais féliciter le directeur du palais, Koné Dodo, qui, dès sa nomination, s’est battu pour qu’il y ait un minimum de vie au palais.

Quelles ont été vos priorités ?

Le directeur nous a d’abord fait l’état des lieux. Après estimation, nous avons dégagé des axes principaux. Il fallait prioritairement faire revivre le palais, lui donner la vocation qui est la sienne, c’est-à-dire servir de porte d’entrée à tout ce qui est culture. Le conseil est à la tâche. Il est composé d’éminentes personnalités qui travaillent sans complaisance. Nous avons une obligation de résultats. C’est vrai qu’il peut y avoir de temps en temps des incompréhensions, mais elles ne sont rien eu égard à l’importance de la tâche qui nous incombe.

Avez-vous les moyens de votre politique ?

Oui ! Il faut d’abord voir les moyens en termes de disponibilité. La 1ère richesse, c’est l’homme. Et nous pensons, en tant qu’être humain, avoir la force, la capacité, la disponibilité pour franchir les obstacles qui vont se dresser sur notre chemin. A côté de cela, nous avons un ministre, Maurice Bandaman, qui n’est pas fermé aux innovations. Si nous nous inscrivons résolument dans le sens de faire avancer le palais, il n’y a pas de raisons que nous ne soyons pas soutenus. Maintenant, l’argent, il va falloir le chercher.

La présence de Médiapolis au Palais de la culture a suscité un débat il y a quelques mois entre les promoteurs de spectacles. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

Ce n’est pas un problème particulier. Médiapolis a été partenaire du Palais de la culture sur quelques événements. Ceux qui se plaignaient accusaient Médiapolis de faire partie d’un package lorsqu’ils louaient les salles du palais. Lorsque je suis arrivé, j’en ai parlé au directeur. Il m’a sorti le planning d’activités du palais et j’ai vu que Médiapolis, même s’il a participé à quelques événements, n’est pas le plus gros intervenant dans la gestion des manifestations. En tant que structure appartenant à des Ivoiriens, Médiapolis ne doit pas être frappée d’exclusion. Il n’y a pas de faveurs particulières vis-à-vis de Médiapolis.

Où sont situés vos bureaux ?

Je n’en ai pas. Cela signifie que je n’ai pas d’espace où rester. J’ai visité le Palais de la culture de fond en comble et il n’y a pas de salles fonctionnelles pour en faire un bureau. Mon bureau se trouve donc dans ma tête. Il n’y a rien qui m’empêche d’avoir un bureau, à part la dégradation du palais. La Rti se trouve à Cocody et le Conseil d’administration se trouve au Plateau. Je suis aujourd’hui à la recherche de bureaux.

Comment expliquez-vous que la piraterie soit toujours aussi importante ?

Citez-moi un seul pays dans lequel la piraterie n’existe pas. On ne peut avoir eu un espace comme la ‘‘Sorbonne’’ pendant dix ans, des cités universitaires pourvoyeuses de Cd piratés et penser, au bout de six mois que tout est fini. C’est un leurre. La piraterie va être éradiquée. Même si la ‘‘Sorbonne’’ est fermée, même si les cités universitaires sont fermées, les fondamentaux de la piraterie existent encore. La piraterie doit être combattue par des lois coercitives. Le fait que la ‘‘Sorbonne’’ et les cités universitaires aient disparu signifie qu’au moins 70% de la piraterie a disparu.

Il existe encore de grands marchés de Cd piratés à Abobo, à Adjamé, à Koumassi…

Notre devoir, en tant qu’artistes est de faire en sorte que les pouvoirs publics nous donnent les moyens de lutter contre la piraterie. Nos biens sont en danger. En tant qu’artistes, nous pouvons apporter notre contribution. J’ai écouté le ministre Bandaman parler de la piraterie. Artiste lui-même, il a pleine conscience que c’est un fléau qui doit être combattu. C’est vrai que lutter contre la piraterie est une priorité, mais c’est à nous d’établir une feuille de toute claire et crédible sur laquelle les autres vont s’appuyer pour nous aider. La ‘‘Sorbonne’’ et les cités universitaires existaient en même temps que les marchés que vous venez de citer. S’ils ont disparu, cela forcément une incidence sur le fléau.

Quelles solutions proposez-vous ?

Je pense qu’il faut d’abord professionnaliser les métiers de la musique. La production la distribution, la promotion. Il faut exiger que pour être producteur, il faut avoir une licence. On doit demander à celui qui produit de respecter un cahier de charges, une caution, la localisation et l’existence légale de son entreprise. Quand il produit un artiste, il faut qu’il soit capable d’assurer les 1000 premiers Cd et de payer les royalties de ces Cd à l’artiste. Quand on sort des œuvres en Côte d’Ivoire, la plupart du temps, ça grandit la famille des artistes, quantitativement mais pas qualitativement. Celui qui veut produire un artiste, il faut que ce dernier prouve qu’on peut le produire. Parce que s’il produit mille Cd dont il n’est pas sûr de la vente, il ne produit plus. Quand on lui donne alors la licence, il ne produit pas n’importe comment, il ne produit pas n’importe qui et n’importe qui ne peut pas être producteur. Pour être distributeur, il faut suivre le même schéma. Après cela, nous allons proposer à l’Etat de mettre en place une grande centrale d’achat où tous les producteurs reconnus vont déposer les œuvres et où les distributeurs vont les chercher. Si on met en suite des kiosques à tous les carrefours, personnes ne viendra faire ses stands pour vendre des Cd piratés. C’est en ce moment que la répression va commencer. Les choses vont changer. Ensuite, quand un promoteur fait venir un artiste étranger, on doit lui faire obligation d’associer deux artistes ivoiriens. Cela se fait ailleurs. Pourquoi on ne le ferait pas ici ? C’est comme cela que notre révolution culturelle va se faire. Et nous allons le faire.

Comment jugez-vous le Comité de réforme du Burida ?

Il y a des gens qui sont fâchés parce qu’ils ne font pas partie du Burida. Là où il y a des choix d’hommes, il y a toujours des injustices. Le comité est en train de se crédibiliser. Il va poursuivre les auteurs de détournements de deniers publics. Ce que nous avons vécu lors de l’Assemblée générale a été un désaveu cinglant au Conseil d’administration qui était là. Le ministre a bien fait.

Interview réalisée par M’Bah Aboubakar
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