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Politique Publié le samedi 31 mars 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Crise malienne / M. Daniel Kablan Duncan, ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères : ‘’Que la junte examine un déplacement à Ouaga, dans les meilleurs délais’’

© L’intelligent d’Abidjan Par Nathan KONE
Abidjan : Ouverture du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO sur le Mali
Mardi 27 mars 2012. Abidjan. Hotel Ivoire, Cocody. Ouverture du sommet extraordinaire des chefs de la Cédéao sur la crise Malienne. Photo : Kablan Duncan
A la suite de l’affront essuyé au Mali face aux pseudo-patriotes du Mali, le panel des chefs d’Etat chargé de ramener l’ordre constitutionnel a tenu à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, une réunion de crise. Daniel Kablan Duncan, Ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire a donné le contenu des sanctions à l’encontre de la junte.

Monsieur le ministre, qu’est-ce que vous avez décidé hier soir (Ndrl : jeudi 29 mars) ?

Hier soir, les chefs d`Etat de l`Afrique de l`Ouest ont décidé du rappel de l’ensemble des ambassadeurs des Etats membres de la CEDEAO. Ils ont décidé de l’interdiction aux membres du CNRDRE et de leurs associés de voyager dans l’espace de la CEDEAO. Ils ont décidé la fermeture des frontières de la CEDEAO sauf bien sûr pour des cas humanitaires. Au niveau des sanctions économiques, ils ont décidé du gel des avoirs des différents responsables du CNRDRE et de leurs associés et ils ont décidé de la fermeture du Mali, des ports des pays côtiers de la CEDEAO. Concernant les sanctions financières, ils ont décidé du gel des comptes du Mali à la CEDEAO et du non-approvisionnement des comptes de l’Etat malien dans les banques privées à partir des pays de la CEDEAO.

Ce sont des sanctions très fortes. Est-ce parce que les chefs d’Etat de la CEDEAO ont subi un affront hier quand ils ont été interdits d’atterrissage à Bamako ?

Vous savez, les chefs d’Etat avaient envoyé une mission exploratoire, composée de ministres des Affaires étrangères et des chefs d’état-major qui ont rencontré les membres du CNRDRE avant l’arrivée des chefs d’Etat, mais avant leur arrivée, il y a eu des manifestants qu’on a laissé aller notamment sur le tarmac et donc les précurseurs ont saisi les chefs d’Etat, qui n’étaient pas loin d’atterrir à Bamako, d’une certaine insécurité. Et les chefs d’Etat ont donc décidé de revenir sur l’aéroport d’Abidjan de manière à permettre une discussion plus paisible. Ce que je voulais ajouter, c’est que les chefs d’Etat ont décidé de laisser un délai de 72 heures au CNRDRE.

C`est-à-dire que les membres de la junte ont 72 heures jusqu’à lundi prochain pour réfléchir. C’est bien cela ?

C’est bien ça. Donc nous conseillons aux membres du CNRDRE de prendre attache avec le Président Compaoré le plus rapidement possible.
D’un côté, le capitaine Sanogo a empêché les chefs d’Etat d’atterrir et de l’autre côté, il a discuté pendant deux heures avec les ministres de la CEDEAO qui étaient venus en précurseur la veille. Est-ce que ce n’est pas contradictoire de sa part ?
Ce n’est pas totalement contradictoire. Les chefs d’état-major qui étaient là-bas et surtout les ministres des Affaires étrangères ont rendu compte à la conférence des chefs d’Etat ici à Abidjan de leurs discussions avec les membres du CNRDRE. C’est en tenant compte de tous ces éléments-là que la décision a été prise. Puisqu’en fait, il n’y a pas d’aboutissement de cette discussion de Bamako.

Des milliers de civils qui ont manifesté mercredi à Bamako en faveur de la junte, est-ce que ça ne vous gêne pas ?

Ecoutez, s’il y a eu des milliers qui ont manifesté, je pense qu’il y a des milliers et des milliers qui sont en faveur des positions prises par la CEDEAO. Et vous savez qu’il y a la majorité silencieuse sur ce dossier et vous savez aussi qu’un certain nombre de partis politiques ont soutenu la position de la CEDEAO. Ce que je voulais dire, c’est qu’il faut qu’on règle ce dossier rapidement parce que l’un des gros problèmes sur lequel il faut se pencher, c’est bien la rébellion dans le Nord parce qu’il faut éviter que l’insécurité et la rébellion gagnent du terrain et après une désorganisation de l’Etat malien. Donc c’est un dossier qui nous interpelle tous.

Vous annoncez un embargo financier du Mali par la BCEAO. Est-ce que ça veut dire que concrètement d’ici comme l’année dernière en Côte d’Ivoire, les fonctionnaires pourraient être privés de leurs salaires ?

Ecoutez, vous avez bien vu que cela a marché en Côte d’Ivoire. Les pressions financières sont parmi les plus fortes. Il n’y a pas de raison que ça ne marche pas au Mali. Il faut que les responsables tirent les conséquences de leurs actes. Et ce que nous croyons savoir, ils se trouvent à examiner un déplacement sur le Burkina Faso dans les meilleurs délais.

Donc le capitaine Sanogo accepterait de venir à Ouagadougou ?
Histoire d’envoyer une mission de haut niveau rapidement sur Ouagadougou. C’est ce que nous avons cru comprendre.

Et ça pourrait peut-être rapprocher les points de vue. C’est ça ?

Ecoutez, tout dépend de ce qu’on apporte dans une discussion. S’ils ont compris le message, s’ils vont dans le sens de ce que souhaitent les chefs d’Etat de la CEDEAO, je pense que les choses vont bouger dans le bon sens. Mais il est essentiel qu’il y ait le retour à l’ordre constitutionnel. C’est fondamental.

Vous brandissez la menace financière. Vous semblez mettre de côté, la menace d’une intervention militaire...
On ne met pas de côté la menace militaire. Il faut aller par pallier et je crois que c’est ce qui a été indiqué lors de la conférence où l’ensemble des chefs d’Etat étaient présents. On a parlé de la force de la CEDEAO qui est une montée en puissance. Il faut commencer par les mesures de plus en plus dissuasives. L’aspect militaire doit être l’opération ultime. Je pense qu’on n’arriverait pas à cela. C’est mon sentiment personnel.

Hier (Ndlr : mercredi 28 mars), on a entendu Amadou Toumani Touré. Il semble vouloir se mettre hors. Est-ce que vous confirmez ?

Les chefs d’Etat ont demandé le rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’ordre constitutionnel, il faut voir ce que prévoit la constitution malienne. Il faut suivre. Je sais que le Président Alassane Ouattara a eu le Président Toumani Touré, mais c’était surtout pour s’enquérir de sa santé et de sa sécurité. De ce côté-là, il y a eu des apaisements et c’est fondamental. N’oubliez pas que les chefs d’Etat ont aussi demandé qu’on libère l’ensemble des prisonniers politiques, de manière à permettre le retour à l’ordre constitutionnel dont vous parlez.

Propos retranscrit sur RFI par K. Hyacinthe
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