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Sport Publié le samedi 7 avril 2012 | Notre Voie

Pr Dah Cyrille Serges (Service des explorations fonctionnelles et de médecine du sport au CHU de Cocody) : “A la FIF, nous exigeons un électrocardiogramme aux joueurs”

© Notre Voie Par PRISCA
Foot ball : Assemblée Générale Mixte de la FIF le samedi 18 juin 2011 à la Bourse de Travail de Treichville.
L’arrêt cardiaque ou la mort subite est devenu fréquent chez les sportifs depuis quelque temps. Pour comprendre le phénomène, nous avons rencontré le Pr Dah Cyrille du Service des explorations fonctionnelles et de la médecine du sport au CHU de Cocody. Dans son interview, il conseille des mesures de prévention.

Notre Voie : Qu’est- ce qu’un arrêt cardiaque ?
Pr Dah Cyrille Serges : L’arrêt cardiaque, c’est la cessation des activités et du fonctionnement du cœur. Le cœur est un organe qui a plusieurs fonctions dans l’organisme humain. Et sa fonction essentielle est la fonction de pompe, c’est-à-dire que le cœur envoie du sang dans tout l’organisme. C’est le sang artériel, oxygéné. Le cœur reçoit en retour du sang veineux. Le sang envoyé vers les différents organes contient beaucoup d’éléments qui vont servir au bon fonctionnement de ces organes. Lorsque le cœur arrête de fonctionner, le sang n’est plus envoyé vers les organes qui en pâtissent à plus ou loin terme. . Ainsi, si le cerveau est privé de sang artériel et donc d’oxygène pendant seulement trois minutes, il subit des dommages irréversibles. La mort subite cardiaque des sportifs est un décès rapporté à des problèmes cardiovasculaires survenant dans la première heure suivant la manifestation des symptômes et frappant des sportifs en pleine activité physique sur le terrain, avant ou après l’effort, dans les vestiaires.

N.V : Peut-on connaître les facteurs qui entraînent la mort subite sur le terrain ?
D.C.S : La mort subite est liée à des causes cardiovasculaires dans 80 à 90% des cas.
NV : Quelles sont les maladies ou pathologies susceptibles d’être à l’origine de l’arrêt cardiaque chez le sportif ?

D.C.S : Elles sont nombreuses. Chez le sportif de moins de 35 ans, la cause la plus fréquente est la cardiomyopathie hypertrophique, c`est-à-dire un développement anormal du muscle cardiaque qui limite sa fonction. Chez le sportif de plus de 35 ans, ce sont surtout les maladies coronariennes, c`est-à-dire celles qui touchent les vaisseaux sanguins qui apportent le sang au cœur.

N.V : Quels sont ceux qui sont exposés aux arrêts cardiaques ?
D.C.S : Les personnes exposées sont celles qui présentent des facteurs de risques, celles qui ne consultent pas un médecin avant de commencer une pratique sportive intense, celles qui ne respectent pas les règles de prévention.

N.V : Les mesures de prévention à prendre ?
D.C.S : Les mesures de prévention et les recommandations sont généralement édictées par des sociétés savantes qui sont des associations de scientifiques, à l’issue de travaux scientifiques sur le sujet. Depuis un certain temps, surtout après la mort de Marc Vivien Foé, toutes les instances de la médecine du sport du monde : Commission médicale du CIO, Commission médicale de la FIFA, Fédération internationale de médecine du sport (FIMS), etc … se préoccupent de ce phénomène. Depuis 2003, il a été mis en place des stratégies de prévention. Qui passent avant tout par ce qu’on appelle l’épidémiologie, c’est-à-dire une meilleure connaissance du problème. Il a été demandé de recenser tous les cas qui surviennent à travers le monde pour essayer de comprendre dans quelles circonstances ces cas sont survenus.

Si on comprend bien cela, on peut bien orienter les actions de prévention. Un autre aspect de la prévention est de réaliser ce qu’on appelle l’électrocardiogramme. Comme je l’ai dit tantôt, la mort subite survient lorsqu’il y a une anomalie du cœur dans 80 à 90% des cas. L’électrocardiogramme est un examen de base qui permet de faire des dépistages. Si un électrocardiogramme montre des anomalies chez un sportif, il faut demander des examens plus poussés. Qui sont plus chers, qui demandent plus de moyens techniques et une certaine expertise. Imposer cet examen aux sportifs sollicitant une licence permet ainsi de prévenir la mort subite. Mais l’électrocardiogramme s’est révélé normal chez beaucoup de sportifs victimes de mort subite.

N.V : On constate malheureusement que de nombreux sportifs ou d’origine africaine sont victimes d’attaque cardiaque…

D.C.S : Dans les pays européens, le bilan médical est obligatoire chez les sportifs. Ce bilan médical comprend un certain nombre d’examens, en plus de l’électrocardiogramme. Cette obligation a fait l’objet d’un décret en France. C’est la loi Buffet. Elle s’impose à tous les sportifs qui sollicitent une licence. Ce qui fait qu’on peut déjà arrêter ceux qui ont les anomalies au cours de cette visite médicale. De telle sorte que les sportifs en compétition ou non qui ont pu avoir une licence dans ces pays là sont relativement à l’abri. Le risque d’accident chez eux est minime. Ce n’est pas le cas dans tous les pays africains.

N.V : En attendant que soit votée une loi comme en France par exemple, que fait la Fédération ivoirienne de football ?
D.C.S : Au niveau de la Fédération ivoirienne de football, nous exigeons depuis quelques années un électrocardiogramme aux joueurs avant la signature de la licence. C’est une obligation.

L’année dernière, nous avons offert gratuitement cet examen à tous les joueurs de toutes les équipes, quelque soit la catégorie. Les examens ont été réalisés à l’Institut de cardiologie d’Abidjan par les docteurs Zogbo et IKLO. Nous ajouterons à l’ECG d’autres examens utiles.

N.V : On peut donc dire qu’il n’y a pas de risques en Côte d’Ivoire ?
D.C.S : Il y a quand même des risques. Parce que l’environnement médico-sportif ivoirien n’est pas le même qu’en Occident. Autrement dit, il n’y a pas encore assez de médecins du sport formés et compétents comme en Europe pour assurer le suivi quotidien des équipes. Nous faisons partie d’un groupe de recherches sur la mort subite du sportif coordonné par le Pr François Carre de l’université de Rennes. Parce que des particularités apparaissent fréquemment sur les examens cardiologiques des sportifs de race noire. Il importe de trouver une réponse scientifique à ces particularités par le biais d’études à large échelle réalisées et interprétées selon un canevas commun.

Par ailleurs, nous disposons de 3 défibrillateurs. Ce sont des appareils qui permettent de relancer l’activité du cœur en cas d’arrêt. Nous avons obtenu l’acquisition d’autres défibrillateurs grâce à l’Association des footballeurs ivoiriens (AFI) présidée par Cyrille Domoraud de façon à couvrir la plupart des stades où se jouent des compétitions officielles de la FIF.

N.V : Pour un individu qui n’a jamais pratiqué du sport et qui veut faire du footing chaque matin, quelles précautions doit-il prendre?
D.C.S : Je vais donc vous conseiller les recommandations du club des cardiologues du sport appelées « les 10 règles d’or ».

Interview réalisée par Ephrem Touboui
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