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Économie Publié le jeudi 3 mai 2012 | Le Nouveau Réveil

Procès des anciens barons de la filière café-cacao / Le bâtonnier Adjé Luc (avocat de la défense) lance le débat : "Nous réclamons la comparution directe des ministres impliqués"

© Le Nouveau Réveil Par abidjan.net
Les dirigeants du café-cacao
Un fait inattendu pour le tribunal et le ministère public, et sans doute très attendu par l’ensemble des prévenus, est survenu à l’audition publique d’hier mercredi 2 mai 2012, au procès de la filière café-cacao. Apparemment agacés par le ballet cérémonieux des auditions préliminaires des plus de 100 témoins à ce procès, les bâtonniers Adjé Luc et Bilé, qui conduisent la défense, ont lancé l’offensive pour le compte de leurs clients. "A ce stade du procès qu’il nous semble que le procureur veut biaiser, nous réclamons la comparution directe des ministres et ministères impliqués dans cette affaire et un audit de leurs comptes", ont-ils clamé en sortant du tribunal aux environs de 12H30, en fin d’auditions. Un élément a suscité cette levée de boucliers de la défense : c’est qu’après avoir entendu à la barre le témoin du jour, en la personne de Zokora Simplice, président de la Coopaba (une coopérative de Bayota), le président du tribunal, Ahmed Coulibaly, a voulu recadrer le déroulement des auditions. "Nous avançons vers les vacances judiciaires. Il faut un terme à ces auditions préliminaires. Il faut donc que le ministère public, la partie civile et la défense fassent le point pour établir à nouveau un calendrier d’audition des témoins restants". Réponse instantanée du procureur Oulaï au juge Coulibaly : "Monsieur le président, il faut qu’on fasse des investigations pour savoir combien sont les témoins qui ont été entendus et ceux qui ne l’ont pas été, à ce jour, à votre barre. D’autres témoins sont à Londres, des courriers leur ont été adressés. Le moment venu, on informera le tribunal". Réagissant à ce tourniquet de fin d’audition, le bâtonnier Adjé Luc a évoqué la question de la mise sous séquestre exécutée sur les comptes bancaires des prévenus à l’étranger. "Une commission rogatoire a été lancée de la Côte d’Ivoire à cet effet", a-t-il déclaré au tribunal. "Oui, mais la mesure a été exécutée par les juges des pays concernés", s’est défendu, quelque peu gêné, le président du tribunal. "A partir du moment où l’Inspection générale d’Etat a rendu ses conclusions sur l’échec de ses investigations concernant les biens des prévenus, le juge d’instruction ne peut plus prendre des mesures conservatoires sur le séquestre des biens des prévenus", a encore argumenté Me Adjé Luc. Avant de poursuivre, incisif : "Si nous voulons avoir un procès équitable, que le ministère public fasse comparaître autant les personnes privées que les personnes publiques. Nous disons aussi qu’il faut que les comptes des prévenus, logés à l’étranger, soient tout simplement débloqués pour leur permettre d’avoir le minimum vital. Les prévenus bénéficient quand même, jusqu’à preuve de leur culpabilité, d’une présomption d’innocence". Les auditions continuent le lundi 7 mai 2012 prochain.

SYLVAIN TAKOUE
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