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Politique Publié le lundi 14 mai 2012 | Le Patriote

Un démocrate qui a refusé la démocratie

© Le Patriote
La Haye : Laurent Gbagbo comparaît en direct
Lundi 5 décembre 2011. La Haye (Pays-Bas
Il se faisait passer, dans l’opposition, pour «un enfant des élections». Mais une fois parvenu à la tête de la Côte d’Ivoire dans «des conditions calamiteuses», comme il l’a lui-même reconnu en octobre 2000, Laurent Gbagbo s’est avéré être un bourreau de la démocratie. La preuve, prétextant de la crise politique qui a éclaté en 2002, par son fait, il a fait reporter par cinq fois l’élection présidentielle ivoirienne qui devait se tenir en 2005. A chaque fois que la date de la tenue de ladite présidentielle pointait à l’horizon, par des subterfuges dont il a lui seul le secret, l’ancien chef de l’Etat parvenait à la faire reporter. Puis, pour marquer sa ferme volonté de ne pas aller aux élections, il a sorti sa fameuse formule qui a surpris plus d’un. En effet, se prononçant sur l’échéance électorale, celui qui se faisait passer pour le plus grand démocrate a lâché cette fameuse boutade: «S’il n’y a pas d’élections, ça fait quoi?» Et depuis lors, Gbagbo ne fera aucun effort pour offrir une élection à ses compatriotes. Comment peut-on se proclamer ‘’grand démocrate, enfant des élections’’ et dans le même temps, refuser d’organiser des élections qui, il faut le rappeler, constituent l’épine dorsale de la démocratie? C’est la question que les uns et les autres se posent. Et c’est pourquoi, il y a été forcé. Obligé donc de se conformer à la volonté populaire, l’ex-candidat de la Refondation et de LMP, n’a pas hésité un seul instant à s’opposer au verdict des urnes à l’issue des joutes électorales de novembre 2010. C’est bien cette attitude de Gbagbo qui a entrainé le pays dans la crise postélectorale qui a duré près d’un semestre. C’est bien lui qui a nié la victoire pourtant très claire de son adversaire, Alassane Ouattara, le candidat du RHDP. Il a été aidé dans sa tâche par son ami Paul Yao-N’Dré, président du Conseil constitutionnel qui n’a pas, lui non plus, hésité à annuler les résultats de plus de dix départements du nord du pays. Sous le fallacieux prétexte que les fraudes massives ont émaillé le scrutin dans cette partie du territoire. Pourtant, la présidentielle a été bel et bien certifiée par l’ONUCI qui a soutenu le contraire. Mais Laurent Gbagbo avait bien sa petite idée derrière la tête. Décidé à se maintenir au pouvoir coûte que coûte, il a pris la décision de se mettre à dos toute la communauté internationale. Il a même confiné le vainqueur des élections et ses alliés à l’Hôtel du Golf: c’est ce que l’on a appelé ‘’le blocus du Golf’’. Plongeant par la même occasion, la Côte d’Ivoire dan s un chaos indescriptible. Les droits de l’Homme sont bafoués, les assassinats extrajudiciaires se multiplient. Le bilan fait par les organisations de défense des droits de l’Homme font état de 3.000 morts, durant cette période. Cependant, comme les voix de la démocratie sont insondables, le vrai vainqueur de la présidentielle en Côte d’Ivoire a été rétabli dans ses droits. Depuis le 29 novembre 2011, Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye pour répondre de ses nombreux commis durant la crise postélectorale. Alors aujourd’hui, il est vrai malsain pour le FPI de faire passer Laurent Gbagbo comme un modèle de démocrate achevé. Cela s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle. Tout simplement.

Yves-M. Abiet
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