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Société Publié le samedi 19 mai 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton - Le défi du chômage des jeunes

Il était impossible de voir, dans les années 60 et même 70, dans des familles, un père retraité hébergeant et nourrissant encore ses enfants et ses petits enfants. Aujourd’hui, c’est un fait banal. Il existe très peu de foyers qui échappent au chômage des jeunes. Jeunes gens et jeunes filles, à plus de trente ans, sont encore au crochet de leur géniteur ou d’un tonton. Ce tableau triste était impensable dans les années 60 où on ne pouvait pas admettre qu’un jeune traine à la maison sans rien faire. C’était la honte de la famille dans le quartier ou même la ville. Si l’enfant n’était pas doué pour les études ou si on ne trouvait pas du travail de commis pour lui on le poussait à apprendre un métier. Cela ne coûtait rien et formait l’enfant pour un métier. Il n’était pas rare de voir des jeunes de vingt deux ans mariés et père de famille. Même s’ils n’habitaient plus chez leurs parents ils participaient à l’entretien du foyer parental. Aujourd’hui, pour nous qui avions vu cet âge d’or, c’est l’indignation totale. On a connu des moments où les entreprises et les administrations pardonnaient aux jeunes de venir travailler. Avec la démographie galopante il était facile de discerner les difficultés qu’attendait la jeunesse de nos pays. Le premier coup de semonce est venu de René Dumont dans son livre : « L’Afrique noire est mal partie. » Que d’injures à son encontre ! Certains pays ne permettaient même pas qu’il descendit de l’avion. Expulsé d’office. Dans les années 80 de nombreux chefs d’Etat lui ont rendu grâce et ont reconnu leur erreur. René Dumont en parle dans son livre : « L’Afrique étranglée. » Maintenant avec la politique de la bonne gouvernance il est bon de ressortir ces classiques Dumont, incontournables pour mieux comprendre ce qui arrive à l’Afrique. Quand l’Afrique est rentrée dans des grandes difficultés, il a été demandé à René Dumont comment avait-il imaginé que l’Afrique serait à ce point de mal développement. Il répondit que ce fut facile pour lui, car ayant passé des années en Amérique latine et il a compris dès les indépendances africaines que ces pays avaient choisi le mauvais chemin pour leur développement et qu’il fallait les prévenir très rapidement. Depuis des décennies, je suis de près tous les programmes de lutte contre le chômage des jeunes. Nulle part la réussite n’est au bout mais aucun jeune ne restera définitivement chômeur toute sa vie malgré son inquiétude. Toutefois il est bon aussi de se rappeler que les tentatives d’une économie communiste ou marxiste ne laissant pas de place au chômage, tout le monde travaillait mais ne gagnait pas bien sa vie et demeurait dans un système totalitaire. Avec la chute du mur de Berlin ces pays connaissent eux aussi le chômage. Karl Marx, Lénine, Bakounine, Mao avaient-ils raison de dire que c’est le système capitaliste qui produisait le chômage ? Des études ont même démontré que plus il y avait le chômage plus le système se montrait performant. Les pays africains sont à la croisée du chemin. En 2000, je sors un petit roman intitulé : « Merci l’Artiste » pour attirer l’attention sur ce qui risque de se produire. Ce roman, prix Nyonda 2002, des lycées du Gabon qui est devenu un best seller de la jeunesse permet d’enlever certaines illusions. La troisième voie comme certains appellent la voie entre le communisme et le capitalisme peut sortir la jeunesse africaine de son chômage qui va croissant. Je crois qu’il faut revenir aux vieilles méthodes des parents des années 60, pousser les enfants à l’apprentissage d’un métier afin de s’installer à leur compte. Et cela passe absolument, comme on me le dit réussi par un pays africain, à faire des prêts ou des dons à des jeunes qui veulent s’installer à leur propre compte avec des projets bien ficelés. Ainsi nous serons un pays véritablement libéral. On sait que la puissance économique américaine vient en grande partie du crédit et de la publicité. Il est temps que l’Etat et les banques éjectent des sommes considérables dans l’installation des jeunes. La jeunesse doit oublier que sa vie professionnelle ne dépend que d’un emploi trouvé dans un bureau. Elle doit commencer à réaliser que le monde a changé et ne plus vivre avec des vieux schémas. Le monde devient de plus en plus difficile. Dire qu’on n’a pas de travail est une aberration pour la jeunesse africaine. Toute l’Afrique est un gisement de travail quand on veut bien se salir les doigts. Le retour à la terre, un slogan des années 75, n’était pas de la moquerie. S’il avait été bien suivi et appliqué on ne serait pas là aujourd’hui pour parler de la cherté de la vie. A l’époque, des jeunes étudiants sont retournés à la terre. Avec un européen qui voulait écrire un livre sur cette expérience on a été visité certains dans leurs plantations. Quand l’intellect et la terre s’embrassent cela ne peut que donner des résultats lumineux. Tout cela pour dire que combattre le chômage des jeunes suppose plusieurs voies. Cette jeunesse doit se dire qu’il n’y a pas de sot métier, un slogan des années 60. C’est une bataille à gagner à trois. Le gouvernement, les banques et les jeunes. Le chômage n’est pas une fatalité. Il ne dure pas éternellement quand on ne veut pas se croiser les bras ou s’asseoir. Ainsi va l’Afrique. Et à la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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