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Société Publié le mardi 29 mai 2012 | L’Elephant Déchaîné

Lutte contre la pauvreté : Pas de solution pour le chômage des jeunes ?

© L’Elephant Déchaîné Par Didier A.
Lutte contre le chômage dans la commune du Plateau:L`union Européenne et la mairie lancent le projet ``ELOISE`
19 avril 2012.Abidjan,Plateau(Salle de conferénce du Ministère des Affaires Etrangères). La mairie du Plateau en collaboration avec l`UE et plusieurs partenaires procèdent à la restitution officielle des travaux du séminaire consacré aux systèmes d`information sur le marché du travail.
Pour réduire le chômage des jeunes, «Ado solutions» avait annoncé la création d’un million d’emplois en cinq ans, s’il était élu. Une fois aux affaires, le chef de l’Etat s’est empressé, devant la réalité du terrain, de revoir ce chiffre à la baisse. Comme si cela ne suffisait pas, l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en Belgique, Jean Vincent Zinsou, a trouvé une idée choc pour gonfler le nombre déjà affolant des jeunes chômeurs : il a invité les étudiants vivant en Belgique à rentrer au pays à la fin de leurs études. Rapporte «Le Nouveau Réveil» dans son édition du 25 mai dernier.

Démagogie et culture de l’illusion
La classe politique ivoirienne et la démagogie font bon ménage, c’est le moins que l’on puisse dire. En invitant les jeunes étudiants ayant bouclé leur cursus universitaire, à regagner leur pays, on peut dire que M. Zinsou a usé de démagogie pour les séduire. Mais à quelles fins, puisque la campagne présidentielle est close depuis longtemps. Nous avons même un nouveau chef. Celui-ci a annoncé le 30 mars dernier avoir renvoyé aux calendes grecques, les promesses faites à une jeunesse en proie au chômage. ‘‘Il n’y a plus d’embauche, repasser à la veille du scrutin présidentiel de 2015’’, peut-on ainsi, résumer les propos de notre chef, concernant l’emploi des jeunes. La Côte d’Ivoire n’est plus tout à fait un pays normal et ce, depuis quelques années. Or les propos tenus par S.E.M Jean Vincent Zinsou ne peuvent s’appliquer qu’à un pays stable. C’est-à-dire sans conflit armé à répétitions, sans bruits perpétuels de bottes ; un pays où le taux de chômage ne touche pas plus de 16% de la population active dont plus de 80% de jeunes en quête d'emploi. Des chiffres alarmants qui constituent à n’en point douter, un danger pour la paix sociale. Et cela, M. Zinsou le sait. Il sait aussi que la jeunesse vit un véritable drame social qui s’étendra sur les 3 années à venir, puisque le chef de l’Etat est confronté à d’énormes difficultés à trouver une solution au chômage des jeunes. C’est connu, en période électorale, fleurissent les promesses tout azimuts, tout comme les amours au printemps. Si les Ivoiriens continuent de croire à ces illusions appelées pudiquement promesses électorales, c’est parce qu’il leur est plus facile d’espérer en des lendemains meilleurs que de se serrer la ceinture. A l’avènement de M. Ouattara au pouvoir d’Etat, C’est à une averse de milliards que s’attendait le peuple qui croupissait sous le poids de la misère. Mais force est de constater que c’est juste quelques « gouttes » qui touchent en majorité ceux que l’opposition socialiste appelle ‘‘les rattrapés politiques’’.
C’est en cela que le discours démagogique et politisé de l’Ambassadeur est jugé léger. Où sont les emplois ? Où sont les fonds nationaux d’aide à l’entreprenariat des jeunes ? En tout cas, le retour des étudiants ivoiriens souhaité par M. Zinsou comporte beaucoup de risques pour eux, à cette période de la situation économique.
Que gagnent les étudiants à rentrer en Côte d’Ivoire?
Tout étudiant à l’étranger à vocation à retourner chez lui. L’idéal serait de pouvoir s’épanouir dans son pays sur le plan professionnel. Mais le chômage galopant réduit toute chance d’insertion professionnelle de la population estudiantine. Seuls les privilégiés, c’est-à-dire ceux dont les parents évoluent dans la sphère du pouvoir politique, ou fricotent étroitement avec ceux qu’on appelle ‘‘les grands’’ de ce pays ont une chance d’intégrer le marché de l’emploi. Les autres, issus de milieux défavorisés, sont ceux-là qui risquent la déception en rentrant. Un gâchis humain, voire un désastre humanitaire. Ici ils sont exclus du système, là-bas, ils sont niés. En France par exemple, sous l’ère ‘‘sarkoziste’’, il ne faisait pas bon vivre d’être un étudiant étranger d’origine africaine. La circulaire du 31 mai 2011 a paniqué plus d’un étudiant non européen. Ceux-ci étaient tout simplement priés de rentrer chez eux avant ( car au milieu de leur cursus universitaire, il ne leur était pas possible de renouveler leur titre de séjour arrivé à expiration.), ou après leurs études. L’Etat ? Ne comptez pas sur lui pour apporter aux étudiants l’aide qu’ils sont en droit d’attendre de lui. Les conditions de vie étant difficiles à l’étranger, les jeunes qui y souhaitent vivre rangent leurs diplômes au placard pour chercher ‘‘des petits boulots’’ appelés ‘‘djossi’’ en nouchi. Les plus entreprenants y créent des entreprises après moult difficultés. La plupart du temps, ils s’en sortent mieux que ceux qui tentent la même expérience ici, dans notre pays où les crises à n’en point finir doublées de la mauvaise gouvernance scellent les destins.
L’Ambassadeur exhorte ces étudiants à rentrer pour se mettre au service de la reconstruction. Mais enfin, de quelle reconstruction parle-t-on ? Le processus de réconciliation nationale piétine, le coût de la vie est de plus en plus élevé, l’insécurité bat son plein, les soins, la culture, voire l’eau et l’énergie deviennent inaccessibles aux exclus, et par-dessus tout, le chef de l’Etat annonçait le 30 mars, devant la presse, qu’il n’est pas ‘‘sûr d’atteindre le million d’emplois’’ qu’il avait promis lors de la campagne électorale. La raison avancée est que ‘‘ lorsque je faisais la campagne, je ne savais pas que la Côte d’Ivoire était dans un tel état. Je découvre un pays qui était dans le gouffre’’, se justifie-t-il. ‘‘Il faut le sortir du gouffre d’abord’’, ajoute-il. Ils disent tous ça, de Robert Gueï à Alassane Ouattara en passant par Laurent Gbagbo.
Vivement que l’Etat développe une politique nationale pour l’emploi des jeunes afin d’améliorer leur situation, et de garantir à notre pays, la stabilité sociale et politique à long terme. Il a été prouvé qu’une jeunesse désœuvrée, est propice à toute forme de violence. Dernièrement, la banque mondiale a décaissé des fonds pour soutenir l’entreprenariat des jeunes. Nous espérons que ces fonds ne finiront pas dans des comptes en banque personnels.

CHRISTIANE DJAHUIÉ
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