50 ans de prison contre Charles Taylor, l’ancien président libérien. C’est le verdict prononcé récemment par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone qui a reconnu l’ex-président-chef de guerre coupable d’avoir soutenu la rébellion du Ruf de Foday Sancko et encouragé des crimes les plus odieux et les plus brutaux de l`Histoire, et d`y avoir contribué. Taylor est ainsi le premier chef d’Etat africain a avoir été condamné par un tribunal international.
Il a été clairement établi, avec des preuves irréfutables à l’appui, par cette juridiction qu`en échange de diamants Charles Taylor avait fourni des armes, des vivres, des médicaments, du carburant et du matériel aux rebelles du Front révolutionnaire uni (Ruf) en Sierra Leone, lors de la guerre civile qui a fait plus de 50.000 morts et des milliers de mutilés entre 1991 et 2002 dans ce pays frontalier du Liberia. Agé de 64 ans, Charles Taylor devrait passer le reste de sa vie sur terre en prison. La Grande-Bretagne lui a ouvert les portes de sa prison pour y être détenu. La condamnation de l’ancien président du Libéria tombe au moment où la Cour pénale internationale s’apprête à faire comparaître l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, à son audience du 18 juin prochain pour la confirmation des charges retenues contre lui, relativement à la crise post- électorale qui a officiellement fait 3000 morts dans son pays.
La peine infligée à Taylor a provoqué une onde de choc chez les partisans de Laurent Gbagbo et jeté l’émoi dans les rangs de certains dictateurs africains qui voient sonner le glas pour eux. Depuis quelques jours, notamment après le verdict prononcé à l’encontre de l’ancien maître de Monrovia, des pro-Gbagbo qui commencent à prendre conscience du danger qui guette leur mentor, sont comme pris d’une peur panique, en raison, sans doute d’un parallèle qu’ils font entre les crimes commis par l’ancien homme fort de Monrovia et ceux reprochés à Laurent Gbagbo par Luis Moreno-Ocampo. Ces crimes qui coûtent à Taylor 50 ans de réclusion, n’ont pas été commis de première main par Taylor lui-même. Il est poursuivi pour complicité… Or, ici, Laurent Gbagbo, lui, est pointé du doigt par Ocampo et directement désigné comme étant «co-auteur» du massacre des 3000 Ivoiriens. Ce terme de «co-auteur» n’est pas d’ailleurs sans rappeler le procès du 18 février 1992, au cours duquel Laurent Gbagbo s’était vu condamné par le tribunal d’Abidjan, avant d’être «amnistié» quelques mois plus tard par Houphouët-Boigny. S’agissant du nombre de morts en Côte d’Ivoire qui donne à l’ensemble des tueries un caractère génocidaire, les proches de Laurent Gbagbo estiment que «tous les 3000 morts en Côte d’Ivoire ne sont pas le fait de Gbagbo seul, les hommes de Ouattara aussi ont tué».
Soit ! Mais en sa qualité de garant de l’équilibre de la nation, de la cohésion, chef suprême des armées, il porte l’entière responsabilité de la survenue de cette crise. Ce d’autant plus qu’il s’est refusé à reconnaître sa défaite, après qu’il eut été désavoué, non seulement par la Cei, mais aussi par l’ensemble de la communauté internationale, l’Union africaine, la Cedeao, etc… De long en large, voire dans tous les sens, le dossier Gbagbo, de notre point de vue, a peu de chance de prospérer devant la Cpi. Même si, en des termes diplomatiques, Luis-Moreno Ocampo soutient que «si les charges contre Gbagbo sont rejetées, il sera libéré».
Il faut comprendre les pro-Gbagbo qui souhaitent, à deux semaines de l’audience de la confirmation des charges, que la lumière soit faite sur les massacres de Duekoué, de Yopougon,d’Anonkoua Kouté… que les responsabilités soient situées et que les auteurs ou les autres coauteurs indirects soient également transférés à La Haye. Ils s’offusquent légitimement contre ce qu’ils ont appelé le parti pris d’Ocampo qui n’a retenu aucune charge contre le camp Ouattara, donnant le sentiment que son enquête sur la crise post-électorale était dirigée uniquement contre Laurent Gbagbo et ses hommes. Il y a eu des morts dans chaque camp et chaque camp doit répondre de ses actes. «Car, disent-ils, il ne s’agissait que d’un contentieux électoral». Partant de ce fait, si Laurent Gbagbo est accusé de porter la responsabilité, en tant que coauteur indirect, des assassinats, viols et autres formes de violence sexuelle, ainsi que de la persécution et autres actes inhumains perpétrés durant la crise, son camp soutient fermement que les proches du président Ouattara qui ont été clairement identifiés par les organisations internationales des droits de l’Homme comme ayant commis des crimes, des viols et qui sont encore en liberté doivent eux aussi répondre de leurs actes devant la justice internationale.
Dans tous les cas, le procureur de la Cpi est très attendu pour apporter les preuves de ses accusations contre Koudou. Ocampo estime que les quatre catégories d’infractions, pour lesquelles la Cpi poursuit généralement des citoyens, considérées comme les plus graves à savoir les crimes contre l’humanité, les génocides, les crimes de guerre et les crimes d’agression ont été commis par le camp Gbagbo. A bien y voir, il y a des points de ressemblance que Ocampo veut établir entre ce qui est reproché à Taylor et les causes des 3000 morts en Côte d’Ivoire. Entre 50.000 et 3000 morts, il y a bien un gros fossé. Charles Taylor et Laurent Gbagbo peuvent-ils avoir le même sort ? Là réside toute la question.
COULIBALY Vamara
Il a été clairement établi, avec des preuves irréfutables à l’appui, par cette juridiction qu`en échange de diamants Charles Taylor avait fourni des armes, des vivres, des médicaments, du carburant et du matériel aux rebelles du Front révolutionnaire uni (Ruf) en Sierra Leone, lors de la guerre civile qui a fait plus de 50.000 morts et des milliers de mutilés entre 1991 et 2002 dans ce pays frontalier du Liberia. Agé de 64 ans, Charles Taylor devrait passer le reste de sa vie sur terre en prison. La Grande-Bretagne lui a ouvert les portes de sa prison pour y être détenu. La condamnation de l’ancien président du Libéria tombe au moment où la Cour pénale internationale s’apprête à faire comparaître l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, à son audience du 18 juin prochain pour la confirmation des charges retenues contre lui, relativement à la crise post- électorale qui a officiellement fait 3000 morts dans son pays.
La peine infligée à Taylor a provoqué une onde de choc chez les partisans de Laurent Gbagbo et jeté l’émoi dans les rangs de certains dictateurs africains qui voient sonner le glas pour eux. Depuis quelques jours, notamment après le verdict prononcé à l’encontre de l’ancien maître de Monrovia, des pro-Gbagbo qui commencent à prendre conscience du danger qui guette leur mentor, sont comme pris d’une peur panique, en raison, sans doute d’un parallèle qu’ils font entre les crimes commis par l’ancien homme fort de Monrovia et ceux reprochés à Laurent Gbagbo par Luis Moreno-Ocampo. Ces crimes qui coûtent à Taylor 50 ans de réclusion, n’ont pas été commis de première main par Taylor lui-même. Il est poursuivi pour complicité… Or, ici, Laurent Gbagbo, lui, est pointé du doigt par Ocampo et directement désigné comme étant «co-auteur» du massacre des 3000 Ivoiriens. Ce terme de «co-auteur» n’est pas d’ailleurs sans rappeler le procès du 18 février 1992, au cours duquel Laurent Gbagbo s’était vu condamné par le tribunal d’Abidjan, avant d’être «amnistié» quelques mois plus tard par Houphouët-Boigny. S’agissant du nombre de morts en Côte d’Ivoire qui donne à l’ensemble des tueries un caractère génocidaire, les proches de Laurent Gbagbo estiment que «tous les 3000 morts en Côte d’Ivoire ne sont pas le fait de Gbagbo seul, les hommes de Ouattara aussi ont tué».
Soit ! Mais en sa qualité de garant de l’équilibre de la nation, de la cohésion, chef suprême des armées, il porte l’entière responsabilité de la survenue de cette crise. Ce d’autant plus qu’il s’est refusé à reconnaître sa défaite, après qu’il eut été désavoué, non seulement par la Cei, mais aussi par l’ensemble de la communauté internationale, l’Union africaine, la Cedeao, etc… De long en large, voire dans tous les sens, le dossier Gbagbo, de notre point de vue, a peu de chance de prospérer devant la Cpi. Même si, en des termes diplomatiques, Luis-Moreno Ocampo soutient que «si les charges contre Gbagbo sont rejetées, il sera libéré».
Il faut comprendre les pro-Gbagbo qui souhaitent, à deux semaines de l’audience de la confirmation des charges, que la lumière soit faite sur les massacres de Duekoué, de Yopougon,d’Anonkoua Kouté… que les responsabilités soient situées et que les auteurs ou les autres coauteurs indirects soient également transférés à La Haye. Ils s’offusquent légitimement contre ce qu’ils ont appelé le parti pris d’Ocampo qui n’a retenu aucune charge contre le camp Ouattara, donnant le sentiment que son enquête sur la crise post-électorale était dirigée uniquement contre Laurent Gbagbo et ses hommes. Il y a eu des morts dans chaque camp et chaque camp doit répondre de ses actes. «Car, disent-ils, il ne s’agissait que d’un contentieux électoral». Partant de ce fait, si Laurent Gbagbo est accusé de porter la responsabilité, en tant que coauteur indirect, des assassinats, viols et autres formes de violence sexuelle, ainsi que de la persécution et autres actes inhumains perpétrés durant la crise, son camp soutient fermement que les proches du président Ouattara qui ont été clairement identifiés par les organisations internationales des droits de l’Homme comme ayant commis des crimes, des viols et qui sont encore en liberté doivent eux aussi répondre de leurs actes devant la justice internationale.
Dans tous les cas, le procureur de la Cpi est très attendu pour apporter les preuves de ses accusations contre Koudou. Ocampo estime que les quatre catégories d’infractions, pour lesquelles la Cpi poursuit généralement des citoyens, considérées comme les plus graves à savoir les crimes contre l’humanité, les génocides, les crimes de guerre et les crimes d’agression ont été commis par le camp Gbagbo. A bien y voir, il y a des points de ressemblance que Ocampo veut établir entre ce qui est reproché à Taylor et les causes des 3000 morts en Côte d’Ivoire. Entre 50.000 et 3000 morts, il y a bien un gros fossé. Charles Taylor et Laurent Gbagbo peuvent-ils avoir le même sort ? Là réside toute la question.
COULIBALY Vamara