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Économie Publié le mardi 19 juin 2012 | L’expression

Détournements dans la filière Café-cacao/ Le Directeur de l’Arcc revèle : « Gbagbo savait tout »

© L’expression
Arrivée à Abidjan des chefs d`états du panel
Le President Laurent Gbagbo
Le procès des ex-barons de la filière café-cacao se poursuit. Hier, le Directeur exécutif et le Pca de l’Arcc ont accusé l’ancien régime d’être à la base des malversations intervenus dans la filière.

Le sauve-qui-peut. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier ce qui se passe avec les anciens compagnons de Laurent Gbagbo. Hier, au cours du procès des barons de la filière café-cacao, au tribunal de première instance du Plateau, deux d’entre eux ont tenté de se dédouaner en accusant des grosses têtes du régime déchu. « C’est l’Etat qui autorisait les mouvements sur les comptes bancaires et nous ne faisions qu’appliquer. Nous n’y pouvions rien. Nous avons régulièrement rendu compte à nos autorités jusqu’au plus haut niveau ; c’est-à-dire la présidence de la République», a avoué Didié Gbogou, Directeur exécutif de l’Autorité de régulation et de contrôle de la filière café-cacao (Arcc). Il comparaissait comme témoin avec Zoungrana Plastide, Président du conseil d’administration de l’Arcc. Selon Didié Gbogou, il ne faut pas chercher ailleurs les responsables des détournements intervenus entre 2000 et 2006 dans la filière. « Je reconnais que l’Etat qui est notre employeur nous poussait à commettre des actes illégaux mais au nom de la confidentialité, je ne peux pas dire ces choses ici », a-t-il déclaré sous la pression du juge Ahmed Coulibaly. Ces aveux ont obligé le tribunal à suspendre l’audience pendant plus de 30 mn. Et Didié Gbogou finira par dire ces “choses“ à la reprise des débats. En effet, entre 2001 et 2002, l’Organisation internationale du café (Oic) avait demandé de retirer le café de mauvaise qualité (grains noirs et brisures) du circuit de consommation. Pour satisfaire à cette exigence, le gouvernement avait, selon lui, interdit officiellement l’exportation de ces produits. Mais de façon officieuse, poursuit-il, « l’Etat nous a adressé une circulaire dans laquelle il nous autorisait à valoriser le café hors-norme et le cacao sous grade, jusqu’en 2005». Ces révélations sont d’autant plus graves qu’ils donnent de la Côte d’Ivoire, l’image d’un Etat voyou qui encourage le faux. Concernant le budget de fonctionnement de sa structure, Didié Gbogou a révélé que celui-ci était de 200 à 300 millions de Fcfa par an. Il a également avoué qu’en plus des 7 millions de Fcfa qu’il touchait par mois, il avait droit à d’énormes avantages dont le carburant, les frais d’entretien du véhicule, le salaire de treizième mois ainsi qu’une prime supplémentaire à la fin de chaque année, qui correspondait à trois mois de salaire (21 millions de Fcfa).
Un salaire mensuel de 7 millions de Fcfa

Pour lui, C’est l’Etat lui-même qui a cautionné tout ce qui s’est passé dans la filière. Et l’Arcc, a-t-il soutenu ne faisait qu’exécuter les décisions du Comité interministériel des matières premières (Cimp), présidé par le premier ministre d’alors, Pascal Affi N’guessan. Ce comité composé de la Primature, des ministères de l’Economie et des Finances, de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie tenait, selon lui, leurs réunions au 25ème étage de la Caistab. « C’est le premier ministre Affi N’guessan qui autorisait et validait les opérations. Lorsqu’il y eu un changement et que Seydou Diarra est venu, c’est le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, qui suivait les réunions avec nous. Les premiers ministres Charles Konan Banny et Soro Guillaume n’ont participé à aucune réunion », a-t-il confié. Sur ce point, le tribunal n’a pas eu à redire. Toutefois, le procureur Oulaï Fernand a botté en touche les explications du témoin qui tentait de faire croire que les dirigeants de l’Arcc n’avaient pas les mains libres. Il a présenté des preuves qui établissent que l’Arcc avait, de façon unilatérale, délivré des agréments d’exportation à des tiers. Le deuxième témoin, Zoungrana Plastide, président du conseil d’administration de l’Arcc, va également enfoncer le clou. « Le comité interministériel était totalement défaillant et inexistant. Nos réunions n’aboutissaient pas à des discussions sérieux pour obtenir des résultats attendus », a-t-il reconnu. Avant d’ajouter que ce sont les membres de ce comité qui devraient assumer la responsabilité de leur échec. Le tribunal entend rendre son verdict le 17 Octobre.

Ben Ayoub
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