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Politique Publié le jeudi 21 juin 2012 | Boigny Express

Interview / Marcel Youpé (Président du Rhdp Europe)

Après avoir mené le combat pour la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara sur Laurent Gbagbo en Europe, Marcel Youpé séjourne depuis 9 mois en Côte d’Ivoire. Au cours de l’entretien qu’il nous a accordé, il est longuement revenu sur le combat mené par le Rhdp en Europe pour le rétablissement de la démocratie dans son pays. Mais il a surtout évoqué son intention de rencontrer le Président de la République, Alassane Ouattara.
Monsieur Marcel Youpé, vous êtes le président du Rhdp Europe. En quoi consiste votre mission en tant que leader de ce rassemblement des Houphouëtistes en dehors de la Côte d’Ivoire ?
Vous venez de le dire à travers le mot rassemblement. Je suis en effet un président qui rassemble. Après la rencontre de nos responsables en France, en vue de mettre le Rhdp en place, j’ai été désigné président du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix de France, étant moi-même responsable de l’Udpci (Union pour la démocratie et la paix de Côte d’Ivoire). Et les pairs m’ont demandé d’être leur porte-parole. C’est ce que je fais depuis un certain moment. Lorsqu’est survenue la crise postélectorale, tous les responsables des partis politiques du Rhdp ont insisté pour que la cohésion soit effective au sein de la grande famille, de sorte que l’on sente véritablement le poids de ce rassemblement. Mieux, ils ont souhaité que nous nous exprimions d’une seule voix. C’est ce rôle qui m’a été confié en tant que porte-parole du Rassemblement des partis houphouëtistes.
Quel a été votre combat et vos actions sur le terrain européen ?
Quand la crise a commencé, je ne me suis fait aucun calcul. Je me suis mis dans le combat. J’ai alors demandé à tous les militants de se ranger en ordre de bataille autour de moi en vue de reconquérir le pouvoir d’Etat. D’autant que la Côte d’Ivoire avait pris assez de retard avec le président Gbagbo. Nous avons mené ce combat qui a conduit le Rhdp au pouvoir.
Pensez-vous que vos actions en Europe, au plus fort de la crise, ont fait évoluer les opinions tant au niveau des Africains que des Européens ?
En Europe c’est le nombre de la population qui importe. On n’a pas besoin de la qualité. Si vous arrivez à faire sortir le plus grand nombre de personnes, c’est sûr que vous êtes le plus grand. Dès le départ, les gens ont pensé que le Président Alassane n’avait pas assez de soutien encore moins de militants. Or en tant qu’économiste, plusieurs personnes se sont dit qu’avec lui la Côte d’Ivoire pourra avancer. C’est pourquoi j’ai toujours demandé aux militants du Rhdp de sortir nombreux pour que la Côte d’Ivoire renaisse. Notre action sur le terrain a permis d’attirer le regard sur la crise ivoirienne. Nous avons réussi le pari de faire sortir plus de 3000 personnes sur la place de Paris. A partir de cet instant, nous nous sommes inquiétés du fait que le Fpi réussissait facilement cette prouesse. Il était donc question pour nous de relever le défi de la mobilisation. C’est ce que nous avons réussi en mobilisant environ 8000 Ivoiriens à Paris.
C’était où ?
C’était à la Place du Trocadéro. C’est ce qui a par la suite déclenché l’action de la communauté internationale.
Vous êtes aujourd’hui de retour en Côte d’Ivoire. Avez-vous eu la possibilité de rencontrer un membre du gouvernement, ou alors un proche du Président Alassane Ouattara pour évoquer ce que vous avez mené comme combat dans le rétablissement de la démocratie en Côte d’Ivoire ?
Depuis mon arrivée, j’ai déposé un peu partout autour du président, des demandes d’audience qui, malheureusement n’ont jamais reçu un écho favorable.
Cela dure depuis combien de temps ?
Je suis revenu en Côte d’Ivoire depuis le 3 octobre 2011.
Et depuis cette date vous n’avez pas été reçu par le Président Alassane Ouattara ?
Je suis encore en attente. D’autant que l’on peut savoir que le Président Alassane Ouattara a de nombreuses occupations. Il travaille pour le bien-être des Ivoiriens. Il a hérité d’une situation catastrophique. Il est donc au travail. Dès que son calendrier le lui permettra, il me recevra. Je ne doute pas un instant.
Que ce soit en Côte d’Ivoire ou ailleurs, il y a beaucoup de mobilisation autour de la question relative à l’audience de confirmation des charges retenues contre le président Gbagbo qui va se tenir désormais le 13 août prochain. Quelle est la contre-attaque du Rhdp Europe alors que vous êtes ici ?
Merci, c’est l’occasion de démontrer mon importance et ma capacité de mobilisation. Je ne suis pas actuellement en Europe pour apporter la contradiction au Fpi. Vous savez, dans tout rassemblement, il y a des méthodes. Et j’ai les miennes avec lesquelles j’arrive à faire bouger les gens de notre bord en Europe. Depuis que je suis à Abidjan, certains militants du Rhdp m’ont appelé pour savoir comment va le Président. A ceux-là, je réponds que je n’ai pas encore eu l’occasion de le rencontrer. Evidemment, cette situation peut affecter beaucoup de personnes. Voilà où justement se situe mon regret. Toutefois, je ne baisse pas les bras et je garde espoir d’être reçu par le Président de la République. Quelle que soit ma position, le combat doit continuer, car si je baisse les bras, le découragement risque de s’emparer de l’ensemble des militants. Etant ici, j’ai certes mal au cœur de constater l’inexistence du Rhdp. Alors qu’il y a eu des missions à Paris dans ce sens. Malheureusement, l’action de ces émissaires n’a pas donné le résultat escompté. Mon défi aujourd’hui est d’apporter la contradiction aux militants du Fpi le 13 août prochain à la Haye.
Voulez-vous dire que si le pouvoir vous confie cette mission, vous la réussirez sans difficulté ?
Je n’attends que cela. Et c’est ce qui justifie mon insistance à rencontrer le Président Alassane Ouattara.
Monsieur Youpé, pouvons-nous avoir votre avis sur les autres aspects de l’actualité nationale, notamment l’arrestation de Moïse Lida Kouassi ? Certains estiment que ses aveux ont été obtenus par la torture, pendant que d’autres pensent plutôt que Lida n’est pas honnête et qu’il serait de connivence avec le pouvoir. Quel est votre sentiment sur le sujet ?
Vous savez, en Côte d’Ivoire il en a toujours été ainsi. Ceux qui sont du côté de Gbagbo peuvent toujours penser et dire ce qu’ils veulent. Mais ce qui est sûr, c’est que c’est Lida lui-même qui faisait ses déclarations sans contrainte. Tout le monde a vu qu’il n’y avait pas un couteau à sa gorge lorsqu’il faisait ses déclarations. Pourquoi se voiler derrière la vérité ? Lida Kouassi Moïse a dit toutes les vérités qu’il savait. Il appartient à tous ceux qui ont été cités par lui de venir se dédouaner. Il faut surtout retenir que ces personnes citées par l’ancien ministre de la Défense ne sont pas étrangères aux attaques dans la partie Ouest du pays. Les militants du Fpi doivent apprendre à marcher selon la vérité. C’est justement ce genre de comportement émaillé de mensonges qui a entraîné la Côte d’Ivoire à la dérive. Nous demandons aux militants du Fpi de laisser la Côte d’Ivoire se relever. Tant pis pour eux, s’ils ne veulent pas s’inscrire dans le processus de réconciliation nationale. Ils prendront le train en marche. Tous les Ivoiriens épris de paix et qui aspirent au développement du pays doivent absolument s’aligner derrière le Président Alassane Ouattara. Personne n’a le droit de freiner l’ardeur des investisseurs vers la Côte d’Ivoire qui sort d’une crise qui a ruiné ses fondements. Je pense que tout ce que Lida Kouassi a dit est vrai. J’ai été le premier à dénoncer l’assassinat du président Guéi. Aujourd’hui, le temps m’a donné raison. Lida Kouassi vient de l’avouer, il faisait partie de ceux qui ont tué le Général Guéi. Il y a même un Cd qui circule à ce sujet, où l’on peut aisément voir Lida Kouassi Moïse et l’ancien ministre des Finances, Paul Bohoun Bouabré et en leur compagnie Paul Dokui et bien d’autres personnes. On ne peut pas dire que ce Cd n’est pas vrai. Maintenant que nous connaissons l’assassin du Général Guéi, nous attendons la réaction de la Justice.
L’Ouest du pays est à feu et à sang. Vous qui êtes ressortissant de cette partie du pays, quelle est la solution pour sauver les populations de l’Ouest ?
Il faudrait penser à sécuriser les populations de ces régions. Parce que chaque fois qu’il y a des assassinats, on nous dit qu’il y a des militaires en renfort dans la zone. Je ne sais pas finalement combien de militaires il faut pour sécuriser entièrement cette zone. La sécurisation de l’ouest du pays relève de l’Etat. C’est à lui de le faire pour que s’arrêtent les souffrances des populations de cette région qui souffrent depuis plus de 10 ans. Mon souhait est que le Président Alassane Ouattara autorise le déploiement d’un nombre important de militaires nationaux comme internationaux le long de la frontière avec le Libéria pour venir à bout des ennemis.
Revenons au Rhdp. Récemment lors du Bureau politique du Pdci-Rda, il a été question que les partis signataires aillent aux municipales sous la bannière du Rhdp contrairement aux législatives. Quel commentaire ?
Effectivement, je suis d’accord avec ce point de vue. On ne peut pas mettre sur pied une alliance comme le Rhdp et prétendre faire chemin seul. Il serait intéressant que chaque parti membre du Rhdp ait des représentants au niveau de l’Assemblée nationale. Si tel n’a pas été le cas du fait que les partis signataires soient allés en rangs dispersés, il serait souhaitable qu’aux municipales, l’on sente la cohésion au sein du Rhdp dans chaque ville.
Croyez-vous encore à l’idée d’un parti unifié à partir du Rhdp comme l’avaient souhaité les initiateurs ?
Ecoutez, ce sont des accords que nous ne faisons que suivre. Aujourd’hui nous sommes obligés d’aller jusqu’au bout.
Monsieur Marcel Youpé, après un si long moment d’attente pour rencontrer le chef de l’Etat dont votre combat a permis d’installer dans le fauteuil présidentiel, avez-vous un message à son endroit ?
Je voudrais tout simplement dire aux militants que je suis en bonne santé, ce qui est essentiel. Comme je l’indiquais tantôt depuis 9 mois que je suis en Côte d’Ivoire et j’attends d’être reçu par le Président de la République. Je ne perds pas espoir. Aujourd’hui ma tête est mise à prix à Paris. C’est l’une des principales raisons de mon séjour prolongé en Côte d’Ivoire. Je veux le rencontrer pour lui remettre la lettre du Rhdp Europe.

Réalisée par Jean Philippe Okann
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