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Société Publié le samedi 14 juillet 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Cet éléphant qu’on mangeait sans nous

Comme de nombreuses personnes, j’ai entendu dire que l’argent ne circule plus dans ce pays qui était peuplé, autrefois d’éléphants, que des colons et leurs suiveurs ont abattu pour s’enrichir. Les défenses d’un éléphant ont une grande valeur. Donc, notre pays était déjà voué à la richesse depuis des lustres. L’éléphant était comme l’or noir aujourd’hui. Et voilà qu’on nous dit que l’éléphant, notre gros éléphant, malade est « édenté ». Il a été écrit et dit que « l’information est à double sens. Chacun la prend et l’assimile selon ses convictions, sa formation, son idéologie et son parti. Moi qui me considère comme un produit de l’Evangile de Matthieu, chapitres 5, 6 et 7, je n’ai pas remarqué que cet argent ne circule plus. Ma situation n’a pas changé. J’ai toujours la même pension mensuelle. De même que des primes de collaboration avec des journaux. Les droits d’auteur que certains pensent qu’ils doivent être très élevés, chez moi, sont payés une fois dans l’année et ne couvrent pas trois mois de consommation. Les prix n’ont pas varié et baissent même selon les saisons. Depuis mon enfance j’entends les mêmes refrains sur la cherté des prix dans les marchés. Je suis arrivé à la conclusion que si on distribuait, gratuitement les vivres, on dira encore que notre part a été incongrue. Je ne me laisse pas du tout attendrir par l’argument de prix cher devenu un refrain dans tous les pays du monde. Mais un gouvernement a pour fonction de répondre aux préoccupations d’une population et d’y apporter des solutions, même si elles ne sont pas avérées et justes. Cela fait partie du métier. Et c’est justement dans un marché que j’ai voulu comprendre le phénomène de l’argent qui ne circule plus. C’est une amie qui me dit que son magasin ne marche plus, même si je vois à chaque fois des clients acheter et repartir. C’est un cliché qu’elle m’a toujours ressorti. Et sur durant tous les régimes. On veut toujours gagner sans faire d’efforts par un marketing adapté. Que tout tombe du ciel. « Autrefois on gagnait plus, les gens avaient de l’argent et dépensaient sans compter. Depuis que votre Ouattara est au pouvoir l’argent se fait rare car nos clients n’arrivent plus à prendre « un peu » et venir faire des achats n’importe comment. » Elle faisait l’apologie du vol et de la corruption. Un autre ami, cadre supérieur, dans sa grande maison, se plaint que la cure d’austérité qu’on leur impose ne permet plus de prendre comme auparavant des parts de l’éléphant et qu’il est temps de rouvrir le robinet pour que l’eau jaillisse sur eux. Encore l’éloge du vol et de la corruption. Un troisième ami, ouvrier, se plaint de sa condition depuis ce nouveau gouvernement. Ces clients ont déserté ses ateliers. Ils ne viennent plus faire des réparations comme auparavant. Ils disent qu’ils ne peuvent plus « prendre » comme avant et que le « petit des Coulibaly » a fermé les trous qui laissaient évaporer l’argent et qu’ils ne peuvent plus tenir. On comprend maintenant notre rigoureux ministre de la FSonction publique qui s’étonnait de voir que le train de vie de certains fonctionnaires en décalage total avec leur salaire et leurs primes. Et le ministre de l’Economie et des Finances d’enfoncer le clou en parlant des personnes qui ont fait des surfacturations énormes pour s’enrichir sur le dos de la nation. Notre frustration est trop grande d’apprendre qu’on a mangé de la chair succulente d’éléphant sans nous. Que certains ont fait fi de la construction de routes, de maternités, d’hôpitaux et d’écoles pour leur satisfaction personnelle. On ne veut pas, nous les frustrés, qu’on nous parle des corrompus sans nous les montrer comme on le fait, à la télévision, pour les voleurs de bicyclettes. Le ministre de l’Economie et des finances a dit que bientôt on va nous montrer des citoyens qui ont surfacturé. Nous on veut ici et maintenant. Le peuple doit savoir pourquoi l’argent ne circule plus et qu’on lui récupère des parties de l’éléphant, du côté des pattes, si cela existe encore, pour qu’on en profite aussi par un changement de notre cadre de vie. L’opération épervier au Cameroun et le début des audits au Sénégal sont des actes courageux qui ne peuvent qu’assouvir la soif d’une population aigrie de voir que des fameux riches sont en fait de voleurs à col blanc. Que tous ceux là comprennent qu’il est bon désormais de vivre de son salaire. Les bailleurs de fonds ne permettent plus qu’un Etat laisse proliférer la corruption. C’est un sabre qui arrive sur certaines têtes et ils ne le savent pas préoccupés, qu’ils sont, de retrouver des éléphants à abattre et à manger seuls. Qu’ils ne se fassent plus d’illusion. Il ne sera plus facile de trouver des éléphants. Les bailleurs veillent. L’Etat ne peut rien. C’est une lutte mondiale et le vent ne fait qu’arriver chez nous. Avec un peu de spiritualité on doit qu’on comprendre qu’un acte de corruption ou de vol ne reste pas impuni et peut atteindre des générations d’une famille. Les pères ont fauté et les enfants ont péri. Mais pour le savoir il faut beaucoup lire et avoir une vaste culture, c’est à dire, selon Marcel Audrillard, modération, tolérance, largeur de vue, liberté, passion du progrès et accroissement de l’être. Il existe même des ONG qui luttent contre la corruption dans les pays et qui ont les yeux sur tout. Ils mènent une lutte impitoyable et acharnée contre la tuerie des éléphants à moins que tout le monde profite de sa chair. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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