Editoriale/Hollande reçoit Ouattara ce jeudi à l’Elysée, Le Fpi va-t-il encore danser ou pleurer ?

Le dimanche 06 mai 2012, François Hollande, le socialiste, est élu président des Français, face à Nicolas Sarkozy, de la Droite française. Résultats des urnes : Hollande 51%. Sarkozy 49%. Presque du 50-50. A Abidjan, explosion de joie indescriptible, frisant la démentielle. De qui ? Vous l’avez, assurément, deviné. Le Front populaire ivoirien (Fpi), pardi, pour ceux qui ne le sauraient pas. Les militants de ce parti ont sablé le champagne à gogo, ont envahi les rues de la capitale économique de la Côte d’Ivoire, ont dansé toute la nuit à Yopougon. Dans la presse bleue, ils ont glosé, ils ont ironisé : « Charkozy » est tombé ! La voie est libre. Oui, pour le Fpi, la défaite de Nicolas signifiait qu’Alassane Dramane Ouattara, élu démocratiquement, le dimanche 28 novembre 2010, allait être chassé du pouvoir, les jours à venir. Les militants se sont mis à rêver, je dirais, presque à de l’impossible. François Hollande, le socialiste, au pouvoir en France, le 43ème Bima de Port-Bouët quittera la Côte d’Ivoire dans deux mois. Tous les chefs de guerre, responsables de la rébellion de 2002, Soro Kigbafori Guillaume en tête, vont être traduits devant la Cour pénale internationale (Cpi), condamnés et jetés en prison, comme de vulgaires bandits.

Les jours "du candidat de l’étranger ADO" sont comptés par François Hollande, le socialiste, ne compose pas avec les dictateurs, ceux qui pratiquent la « justice des vainqueurs », et sont partisans de la FrançAfrique. Laurent Gbagbo sera bientôt libéré de La Haye grâce à François Hollande, le socialiste et rentrera dans son pays en triomphateur parce que 3.000 morts ne sont que des détails de l’histoire. On a beau leur dire : Frères du Fpi, ne soyez pas de gros naïfs, descendez de vos nuages ; la gestion d’un Etat, c’est la continuité. C’est juste si les frontistes ne nous envoyaient pas paître. François Hollande, le socialiste, c’est la rupture. Miaka Oureto Sylvain, président intérimaire ne disait-il pas, le lundi 07 mai, un jour seulement après l’élection du président français : « Quel que soit ce qui s’est passé, nous sommes de la grande famille de la Gauche »? Que s’est-il passé entre le Parti socialiste français et le Front populaire ivoirien ? François Hollande, alors secrétaire général du Parti socialiste français, vu la dérive totalitaire de l’ancien président ivoirien, avait traité Laurent Gbagbo d’être « infréquentable ». Voici, d’ailleurs, l’opinion qu’il a toujours eue du mentor des refondateurs : « Le fait qu’il ait été arrêté ne m’a pas choqué... Il a entravé la proclamation des résultats et empêché le président élu de s’installer au pouvoir ; il s’est mis hors jeu. Dès octobre 2004, j’ai considéré que Laurent Gbagbo avait transgressé un certain nombre de principes... La suite des événements m’a donné raison ». Et Hollande de poursuivre : « Je n’ai aucune affinité politique avec Alassane Ouattara, mais... j’aurai à travailler avec lui comme avec d’autres. C’est le propre des démocraties ». Et le président ivoirien de renchérir, après avoir félicité Hollande pour son élection : « Rien ne changera dans nos excellentes relations avec la France ». Toutes ces paroles de personnes et personnalités politiquement lucides, glissaient sur la peau des membres du Fpi, tout à leur « ouf de soulagement » après le départ de Nicolas Sarkozy de l’Elysée. Constatant, par la suite, qu’effectivement les pays n’ont pas d’amis, surtout pas infréquentables comme le prisonnier de La Haye, mais des intérêts, le Fpi embouche un autre son de trompette : Alassane Ouattara ne sera jamais reçu au palais de l’Elysée. On leur a dit, si c’est d’Alassane Ouattara, le président ivoirien que vous parlez, il faut relativiser vos propos. Il n’est pas infréquentable comme l’autre ; il a beaucoup de qualités, entre autres, il est un gros bosseur, et il est humain, sinon Laurent Gbagbo serait, aujourd’hui, à six pieds sous terre comme Kadhaffi. Toujours goguenard et suffisant, le Fpi chantait sa victoire de la défaite de Nicolas Sarkozy, synonyme d’ostracisme d’Alassane Ouattara. En tout cas, depuis le 06 mai 2012, les membres du Fpi, dorment bien, en écho à leur champion qui disait : « Après le départ de Chirac, je dors bien ». Mais, le réveil des Miaka Oureto Sylvain, Akoun Laurent, Amani N’guessan Michel, le jeune Koua Justin, etc. sera brutal. Coup sur coup, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Soro Guillaume, qu’ils taxent de « rebelle », est reçu par son homologue français, Claude Bartolone, le lundi 02 juillet 2012 au palais Bourbon (Assemblée nationale française). Les pro-Gbagbo n’ont pas fini d’encaisser le coup que le président de tous les Ivoiriens, l’homme de la recomposition de la Côte d’Ivoire par la réconciliation et la reconstruction par le travail, sera reçu par Son excellence monsieur François Hollande, le socialiste, himself, au palais de l’Elysée demain jeudi 26 juillet. Platement, comme pour singer les enfants, les regards se tournent vers les dirigeants du Fpi pour leur demander : qui dit mieux ?

en 13 mois de gouvernement seulement, Alassane Dramane Ouattara aura été reçu par presque tous les grands de ce monde : Américains, Israëliens, Chinois, Russes, etc. On attend la conférence de presse des dirigeants intérimaires du Fpi, eux qui, d’ordinaire, sont si expansifs et si prompts à l’autocélébration. Le Fpi va-t-il danser ou pleurer ? Danser pour célébrer la performance de notre pays qui indique que vraiment « Côte d’Ivoire is back » ? Une façon de montrer qu’il est dans de bonnes dispositions pour entrer, enfin, dans la République. Pleurer pour traduire leur jalousie et leur amertume d’avoir échoué en tout et partout, surtout en Italie où leur mentor n’avait pas eu la fortune de serrer la main au Pape Jean Paul II ? Fpi, le peuple de Côte d’Ivoire te regarde ! Le démocrate, le vrai, sait aussi saluer les performances et reconnaître les victoires de l’adversaire. Dans le cas contraire, vous serez bossu.
Par Denis Kah Zion