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Politique Publié le mercredi 8 août 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Le regard de la presse internationale sur les attaques

Les médias de la sous-région expriment toute leur inquiétude, à commencer par L’Observateur au Burkina : « C’est aujourd’hui mardi 7 août 2012 qu’est célébré le 52e anniversaire de l’accession de la Côte d’Ivoire à la souveraineté. Un anniversaire pour le moins ensanglanté, puisque précédé de nombreuses attaques qui sonnent comme un coup de canon contre le processus de réconciliation nationale. » Et L’Observateur de citer l’attaque de dimanche dernier à Yopougon contre un poste de police : 5 militaires tués ; et celle d’hier au camp d’Akouédo : 7 morts.

Qui est l’instigateur de ces attaques ?

Réponse de L’Observateur : « Si l’identité des assaillants et l’existence de complicités internes n’ont pas encore été formellement établies, certains y verront en tout cas tout la main des caciques de l’ancien régime qui sembleraient plus que jamais déterminés, sinon à reconquérir le pouvoir perdu par les urnes, du moins à pourrir l’existence du président Alassane Dramane Ouattara. »
« Terrain miné pour Ouattara », s’exclame pour sa part Le Pays , toujours au Burkina. « Que le territoire ne soit pas encore bien sécurisé dans ses moindres recoins, cela peut se comprendre. Mais que des armes lourdes soient encore aux mains de miliciens à même d’en faire usage et ce jusqu’à Abidjan, c’est assez grave, s’exclame le quotidien ouagalais. Et il faut s’en convaincre. Face à ces attaques, on ne peut s’empêcher de se demander si ce sont les derniers soubresauts des pro-Gbagbo ou les prémices d’une nouvelle crise d’ampleur. »

Ouattara et ses lieutenants trop insouciants ?

Le site d’information Guinée Conakry Infos reste tout aussi prudent : « La fréquence des attaques depuis celles d’il y a quelques semaines à l’ouest du pays jusqu’aux toutes dernières dans la capitale ivoirienne, laisse croire qu’en arrière-plan, il y a une certaine coordination dont l’objectif visé est de nuire, voire de saper le moral des nouveaux patrons du pays. Ainsi, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit-là des conséquences de la crise postélectorale qui est loin d’avoir été résolue. Il est peut-être trop tôt, relève Guinée Conakry Infos, pour conclure que derrière ce regain de violences, se cachent les frustrés de la crise post-électorale. Mais il faut tout de même dire que les nouvelles autorités n’ont pas forcément fait tout ce qu’il fallait pour réduire le nombre de ceux qui avaient des raisons de leur en vouloir. C’est même le contraire, disent certains. Confondant curieusement conquête du pouvoir et conservation de ce dernier, Alassane Ouattara et ses principaux lieutenants semblent avoir pêché, en pensant que l’aide militaire française et onusienne permettait de résoudre tout le problème. »

Pas que les pro-Gbagbo…
Alors qui peut bien en vouloir à ce point aux autorités d’Abidjan ? Il y a les pro-Gbagbo, certes, mais il y a aussi certains anciens combattants qui attendent toujours leur réinsertion… C’est ce qu’explique Le Figaro : « Dans l’entourage de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale et ex-leader militaire de la rébellion, cette double attaque porte la marque des ultimes partisans de Laurent Gbagbo, soulignant que Yopougon reste un bastion des nostalgiques de l’ancien président. » Mais, relève le quotidien français, « pour plusieurs observateurs, les raisons de cette irruption de violence se nicheraient plutôt dans les frustrations de moins en moins contenues de milliers d’anciens combattants pro-Ouattara, ces "supplétifs" de la dernière heure, vite démobilisés sans avoir été réellement rétribués. » Et Le Figaro de citer ce bon connaisseur de l’armée ivoirienne : « Il n’y a rien de politique dans ces événements, affirme-t-il, même s’il est possible que des partisans de l’ancien régime cherchent à utiliser les tensions. Le problème est dans la démobilisation des anciens combattants qui tarde. » Commentaire du journal : « Dans tout le pays, pas moins de 30 000 supplétifs, officiellement désarmés, attendent en effet de se voir proposer un travail ou au pire un petit pécule. Plus de 1 500 d’entre eux sont à Akouédo. À ces hommes s’ajoutent quelque 11 000 FRCI, dont le statut n’est pas encore totalement établi. L’ONU et la communauté internationale ont appelé à la prise en charge rapide de ces soldats oubliés. » Quoi qu’il en soit, « il y a de quoi s’inquiéter pour l’Etat de Côte d’Ivoire, soupire le site d’information Fasozine. Au-delà de la rivalité qui continue malheureusement de faire rage entre les camps des deux protagonistes de la dernière élection présidentielle, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, les Ivoiriens devraient tout de même préférer le débat d’idées aux confrontations mortelles. Profondément meurtri par plus d’une décennie de guerre civile et de convulsions politico-militaires, "l’éléphant de l’Afrique" a plus besoin de panser ses plaies et de penser à son redressement social et économique.
Source : RFI
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