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Sport Publié le mercredi 22 août 2012 | Le Patriote

Interview / Philippe Legré (Ministre des Sports et Loisirs) : “La loi sur le sport va régler beaucoup de choses”

© Le Patriote Par Nathan Koné
Activités gouvernementales: le ministre des Sports et loisirs, Philippe Legré apporte son soutien aux étudiants de l`Injs qui composent pour les examens de fin d`année
Lundi 1er Août 2011. Abidjan. Institut national de la jeunesse et des sports, Marcory
Le ministre des Sports et Loisirs a conduit la Côte d’Ivoire aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Dans cet entretien, le patron du sport ivoirien dresse le bilan des Jeux, dit sa satisfaction et ses déceptions. Philippe Legré dépeint surtout des lendemains qui chancellent.

Le Patriote : Quel bilan faites-vous de vos premiers Jeux Olympiques ?
Philippe Legré : C’est un honneur pour notre pays d’avoir participé à cette compétition. Nous sommes venus avec neuf athlètes et pour moi, les résultats sont positifs. Nous avons disputé deux finales, une demi-finale. Et ces trois résultats montrent que le sport se porte bien en Côte d’Ivoire. Une finale au 100m, une autre au 200m pour Murielle Ahouré. Une demi-finale au 100m pour Méité Ben et n’eut été sa blessure à l’orteil, il aurait tenté le 200m. En gros, je suis satisfait du résultat obtenu par la Côte d’Ivoire. C’est vrai qu’au judo, on a fait piètre figure, mais quand je prends le cas du jeune archer Kouassi René, on voit qu’il s’est bien battu. Et c’est après deux prolongations que le champion de France l’a battu. C’est dire qu’avec lui, nous avons de l’avenir. Quand on prend la jeune Touré Assita, qui malheureusement est partie, elle a été troisième de sa série à la nage. Nous espérons qu’elle reprendra conscience et qu’elle reviendra. Gbagbi Ruth au taekwondo s’est bien comportée et a même été repêchée. Malheureusement, elle n’a pu décrocher le bronze. Je voudrais me réjouir et féliciter nos athlètes et tous ceux qui sont venus ici pour représenter le drapeau Ivoirien.

LP : Que ferez-vous pour ces athlètes afin de mieux les préparer avant les prochaines échéances ?
PL : Nous allons tirer toutes les leçons de ces Jeux. Nous sommes au chaud et nous prendrons toutes les dispositions utiles pour que nous puissions préparer ces athlètes sur les quatre années à venir. Nous n’allons pas attendre la veille des compétitions pour préparer les athlètes. Nous avons vu avec certains pays comme la Jamaïque et le Kenya qu’une préparation des athlètes se fait sur plusieurs mois. Nous avons pris conscience et nous allons prendre toutes les dispositions utiles pour que les moyens soient véritablement mis à la disposition des athlètes pour que sur les quatre ans qui séparent les JO, ils soient aguerris et que nous puissions avoir des médailles comme la Jamaïque. Et je suis convaincu que lorsque le Président Alassane Ouattara va les recevoir, il donnera les instructions après nos propositions dans le sens de la véritable préparation de nos athlètes. Nous pourrons mettre l’accent sur une préparation efficiente d’une bonne vingtaine d’athlètes.

LP : Il se trouve malheureusement qu’une fois encore que trois des athlètes ont fui ?
PL : Comprenez que moi-même je suis très déçu. Remarquez que ces deux athlètes qui ont fui ont bénéficié d’une invitation du comité olympique. Ce ne sont donc pas des athlètes qui ont obtenu de par eux-mêmes leur qualification comme les six autres. Mais pour leur permettre de combattre dignement, nous leur avons donné la prime de qualification et la prime olympique au même titre que tous ceux qui se sont qualifiés. Pour les mettre en confiance dans le groupe et pour ne pas faire de discrimination entre ces jeunes qui viennent tous défendre les couleurs ivoiriennes. Je ne comprends vraiment pas cette attitude surtout que l’un de ceux qui ont fui, Brou Kouassi, bénéficie d’une bourse d’athlète de haut niveau de l’Etat de Côte d’Ivoire. Leur comportement me déçoit et nous allons prendre un certain nombre de dispositions.

LP : Après chaque grande compétition, c’est le même constat. N’y a-t-il pas une faiblesse quelque part ?
PL : Je suis déçu mais c’est la première fois que moi je vis cette situation depuis que je suis à la tête de ce département. Et plus grave, en plus des deux athlètes, il y a l’entraîneur de la lutte,Adjé, qui a fui. Et il nous écrit pour dire qu’il a pris ses responsabilités. La jeune Assita Touré est partie sans son passeport. Puisque pour une question de précaution, la cheffe de mission Mme Cissé Salamata avait récupéré tous les passeports. Quant à Brou Kouassi et Adjé, ils sont passés par tous les moyens pour éviter de lui remettre leur passeport. Les deux ont pu partir avec leur passeport mais la fille est sans document. C’était un coup monté et nous allons prendre toutes les dispositions pour tirer cette affaire au clair. La prochaine fois, nous allons impliquer le service d’immigration dans cette affaire.

LP : Les athlètes ont-ils bénéficié d’une bonne préparation?
PL : L’Etat de Côte d’ivoire sort d’une situation difficile. Malgré cela, l’Etat a tout fait pour trouver les moyens pour mettre les athlètes à l’aise. 47 millions ont été débloqués pour la préparation et aucune fédération ne peut dire le contraire. Et les moyens ont été publiquement donnés devant toute la nation. Et c’est ce que j’ai décidé. Il est trop facile après d’accuser le ministre quand on n’a pas un résultat.

LP : Quelle leçon retenez-vous de vos premiers JO?
PL : C’est impressionnant. Vous voyez la qualité de toutes ces infrastructures ? C’est le summum. Tout est en place. A l’horizon 2020 avec le travail du gouvernement actuel, avec à sa tête le Président de la République, Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire sera à ce niveau. Lors de son dernier voyage, il a obtenu de la Chine 45 milliards de francs pour construire le stade olympique qui aura une valeur totale de 100 milliards. Avec les 45 milliards, nous allons d’abord construire le stade olympique avant que les autres infrastructures ne viennent compléter ce qui sera dans l’avenir la cité olympique. On aura également le stade ADO de Grand-Bassam avec toutes les commodités et le stade de Bouaké sera réhabilité. A l’horizon 2020, la Côte d’Ivoire sera capable d’accueillir toutes les compétitions sportives.

LP : Faut-il envisager des choix de certains sports en matière de la représentation de la Côte d’Ivoire dans les grandes compétitions?
PL : Je suis entièrement d’accord que nous ne pouvons pas continuer de participer pour participer. Nous allons faire un tri parce que n’importe qui ne doit plus représenter la Côte d’Ivoire. C’est la première fois que je suis aux JO et j’ai constaté que le niveau est très haut. Il nous appartient de booster une politique de tri, de grande sélection des athlètes qui vont représenter la Côte d’Ivoire. On ne représentera plus la Côte d’Ivoire pour le plaisir de la représenter. Cette leçon, je la tire à partir du judo où nous avons été lamentables.
LP : Où en êtes-vous avec la loi sur le sport quand on sait que tout cela ne peut être possible en dehors d’un cadre juridique?
PL : C’est une loi qui va révolutionner le sport en Côte d’Ivoire. Jusqu’à présent, c’est le décret 68/146 qui régit le sport en Côte d’Ivoire. La nouvelle loi va apporter une touche de professionnalisation au sport. Elle va permettre le financement du sport de façon beaucoup plus aisée. Vous voyez tout le rôle important que joue la parafiscalité. Par cette loi, l’assiette de la parafiscalité sera beaucoup élargie pour permettre le financement du sport. Cette loi va mettre fin aux nombreux conflits dans les fédérations parce qu’il y aura des textes communs à toutes les fédérations. Et personne ne pourra tripatouiller les textes. Elle va également se pencher sur l’après-sport. Cette loi a été présentée au conseil de gouvernement puis en conseil des ministres. Elle a été adoptée en conseil des ministres mais il a été demandé à l’unanimité qu’elle passe à l’Assemblée nationale. Elle est donc revenue et doit repartir sous forme de projet de loi. Contrairement à la première fois où elle avait été introduite sous forme de projet d’ordonnance. Nous allons reprendre tout le cheminement et une fois adoptée, cette loi va régler beaucoup de choses.

LP : Il y a quelques semaines le promoteur d’African Village accusait le ministère de rupture abusive de contrat. Et il a affirmé qu’il va poursuivre le ministère des Sports en justice. Quelle est votre réaction ?
PL : Est-ce que ce monsieur vous a montré une copie du contrat qui nous lie? Nous n’avons pas de contrat avec lui. Qu’il vous montre une copie du contrat dûment signé par le ministère et lui. Ce que je sais, c’est sur la base de 4,6 milliards qui était le premier budget de la CAN et qui a finalement été réduit pour tenir compte des difficultés, ce qui nous a permis de tomber à 3,2 milliards, un certain nombre d’engagement avaient été pris mais qui ont été automatiquement annulés. Les contrats qui devaient au départ être signés ont été totalement abandonnés. Nous n’avons dons pas de contrat avec African Village. Il a été payé au réel. Et nous ne pouvons pas prendre le risque de donner de l’argent à quelqu’un qui ne peut pas payer les prestataires. Moi, je ne gère pas l’argent mais plutôt l’ACCT (Agence comptable centrale du Trésor) et le régisseur. Ce sont eux qui ont pris leurs responsabilités et ils ont payé les prestataires. Moi, je ne vois pas l’argent.
Réalisée par Koné Lassiné à Londres
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