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Société Publié le lundi 27 août 2012 | Le Patriote

Interview / Fofana Vassindou, habitant de Doukouré, rescapé de la crise : « Nous avons enterrés 27 corps dans la fosse commune »

Témoin oculaire et ayant participé à l’enterrement des victimes de la fosse commune à Doukouré Antenne, Fofana Vassindou explique ici sans faux-fuyant la manière dont les choses se sont passées.

Le Patriote : Vous affirmez avoir participé à l’ensevelissement des corps de la fosse commune qui se trouve à Doukouré Antenne ? Comment en est-on arrivé là ?
Fofana Vassindou : Au lendemain de la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo, les miliciens ont perpétrés des tueries massives dans notre quartier à Doukouré Antenne, c’était précisément le 12 avril 2011. Le mercredi 13 avril, nous avons sorti du quartier 25 corps tués par balles. Il y avait en plus les restes d’un homme brûlé vif et le corps d’une autre personne décédée à la suite d’une maladie. Ce qui fait au total 27 corps que nous avons inhumés. Les gens se cachaient à cause des miliciens. J’ai commencé a creusé tout seul la fosse le jeudi matin et au fur et à mesure, certains jeunes venaient se joindre à moi. C’est comme ça que nous avons fait le travail et avons procédé à l’inhumation dans cette fosse commune.

LP : Qu’est ce qui vous a motivé à faire ce travail ?
FV : Parmi les victimes, j’ai reconnu un proche qui était connu sous le pseudo de Loss. Les conditions dans lesquelles il a trouvé la mort m’ont marqué. Et vous voyez, on ne pouvait pas laisser les corps trainés dans les rues. C’est un service que nous avons rendu à la nation.

LP : Avez-vous connaissance de l’existence d’autres fosses communes dans le quartier ?
FV : Il n’y a pas d’autres fosses communes à Doukouré Antenne, mais nous avons des tombes individuelles. Une dizaine environ.

LP : De nombreux habitants avaient fui et vous étiez là ?
FV : Ils m’ont brutalisé plusieurs fois. Une fois, je suis tombé dans une embuscade à Wassakara alors que je transportais les corps de ma cousine et de son mari dans un pousse-pousse. Ils ont même tenté de m’éliminer. Mais Dieu merci, j’ai pu être sauvé. J’ai aidé de nombreuses personnes pendant cette période pour la cause de Dieu.

LP : N’aviez-vous pas peur de vous déplacer?
FV : Je craignais surtout qu’on ne tombe dans une embuscade et que les miliciens ne tirent sur les personnes que j’accompagnais. J’ai fait sortir de nombreuses personnes qui étaient en danger dans la zone. Il y a le cas d’un monsieur qui avait fui sa maison, abandonnant sa mère et ses deux enfants. Quand il m’a appelé au secours, j’ai sorti sa génitrice et ses enfants que j’ai conduits à Wassakara où il avait trouvé refuge. Il y a aussi certains qui m’appelaient pour leur envoyer leurs appareils électroménagers que je transportais dans une brouette. L’argent que ces personnes me donnaient, me permettaient de subvenir à mes besoins à cette période trouble.

LP : Quelle était la situation dans le quartier avant l’arrestation du président Gbagbo ?
FV : Avant l’arrestation de Gbagbo, les miliciens venaient dans le quartier. Ils procédaient à des enlèvements et brûlaient certains vifs vers le commissariat du 16ème arrondissement. Nous avons vraiment souffert dans ce quartier.

Réalisé par C.Z.
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