x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 10 septembre 2012 | Le Mandat

Interview / Récentes attaques, processus de réconciliation… : “Des militaires sont à la place des policiers et gendarmes’’

Invité Afrique de Sonia Rolley, sur Radio France internationale (Rfi), René Hokou Legré, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) s’est exprimé sur le processus de réconciliation, les récentes attaques qui ont eu lieu en Côte d’Ivoire et l’arrestation des responsables du FPI.

Bonjour. Dans un communiqué publié, vous parlez de climat de psychose et de panique rappelant les heures sombres de la crise poste-électorale. Que craignez-vous exactement ?
Nous sommes en face d’une situation qui est particulièrement délicate, qui relève, on peut le dire, d’un malaise profond dans la société. Nous sommes face à des risques de dérives graves, du fait de la prolifération d’armes de guerre dans notre pays et de la possession de ces armes par des éléments incontrôlés. Qui sont généralement à la base de ces dérives que nous constatons. Il est donc temps qu’on aille de façon diligente au désarmement. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans la rue avec des centaines de militaires. Alors que ceux là devaient être dans les camps. Nous nous retrouvons avec des militaires, là, où il devait avoir des policiers, des gendarmes. Donc, c’est à nous de créer les conditions de la sérénité. Il ne faut pas qu’on en rajoute aux souffrances des Ivoiriens qui ont déjà suffisamment souffert. Considérons que nous sommes tous des survivants d’une crise et que les gens comprennent la nécessité de s’asseoir et de privilégier la voie du dialogue. Nous avons la chance d’avoir au sommet de l’Etat, des personnes qui se réclament de la pensée d’Houphouët Boigny. Il ne faut pas qu’ils oublient que Houphouët, c’est le dialogue, la paix. Mais nous avons l’impression que les politiques, quelque soit leur bord, n’ont pas tiré les leçons. C’est l’impression que nous avons, de ce que nous en avons tiré. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous craignons que les appels à la violence, les appels à la défiance, les stigmatisations pastilles, sont de nature à nous ramener à cette situation initiale qui nous a conduit à la guerre.

Sur le plan judiciaire, plusieurs personnalités du FPI ont été inculpées par la justice ou par les forces de sécurité. Alphonse Douaty, Sécrétaire général adjoint du FPI a été arrêté, Justin Katina, l’ex-porte parole en exile de Laurent Gbagbo, a été arrêté au Ghana, Laurent Akoun, le Secrétaire général du FPI, lui aussi, en Côte d’Ivoire. Est-ce qu’il y a un acharnement des autorités contre les membres du FPI ?
Toutes ces arrestations font suite aux dernières attaques. Logiquement, on pourrait considérer que c’est dans le prolongement de l’action qui consisterait à retrouver les responsables de ces attaques. Très tôt, on nous a servi le refrain qui disait que c’était les pro-Gbagbo qui étaient responsables de ce qui arrivait. Et donc, c’est du côté des pro-Gbagbo qu’on regarde. Nous estimons que tant qu’il s’agit des suites d’une enquête, qui ont établi la responsabilité des uns et des autres, nous en prenons acte. Nous osons espérer qu’il s’agit de faits avérés, qu’il ne s’agit pas de prétexte pour museler l’opposition politique. Nous faisons le constat que ces arrestations s’opèrent dans un camp, comme ça depuis le début de cette crise. Nous attendons que le résultat des enquêtes nous édifie sur les proclamations qui ont été faites sur la question de ces attaques. Nous ne pouvons pas tirer de conclusion à ce stade. Mais nous constatons qu’un camp est stigmatisé, un camp est voué aux gémonies. Et nous attendons que la justice puisse formellement établir les faits.

Vous avez l’impression qu’il y a la même diligence pour trouver les responsables de l’attaque du siège du FPI?
C’est ce qui crée le malaise du côté de l’opinion. Il faudrait qu’on fasse diligence pour toutes ces situations qui sont dommageable pour la cohésion et la paix dans notre pays. Il ne faut pas donner l’impression, dans un pays qui sort de crise, qu’un camp est stigmatisé et l’autre est protégé. Quand on remontre aux évènements post-crise, il nous avait été donné de constater que de graves violations des droits de l’homme au plan du Droit international humanitaire, avaient été commises et que ces violations étaient le fait des deux camps. Nous avons fait le constat avec des organisations internationales, que ces dites violations étaient le fait des deux camps et que les inculpations se faisaient dans un seul camp.

Justement, vous avez réalisez une étude auprès d’un peu plus de 700 personnes. L’échantillon est petit, mais les résultats sont assez éloquents. Plus de 60% de ces personnes ne croient pas que la Commission, dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) puisse réussir sa mission. Comment expliquez-vous un tel pessimisme ?
Oui ! Ces mêmes personnes ont établi qu’elles ne connaissaient pas la CDVR, ni sa composition, ni son mode opératoire dans les proportions effarantes. C’est dire que cette commission a besoin d’être connue. Nous disons aussi que la réconciliation ne se décrète pas. Il ne suffit pas de, juste, créer une Commission, dialogue et réconciliation pour en arriver, aussitôt, à la paix. Il s’agit d’un processus qui doit être conduit de façon rationnelle avec l’adhésion de tous les Ivoiriens. Il faut que cette commission, qui a été mise en place, ait les moyens de son action. En même temps, cette commission ne doit pas être contrariée par certains actes et discours, par ceux qui sont censés l’accompagner et qui nous font perdre des pas en arrière. Aujourd’hui, il suffit de lire la presse, d’écouter les hommes politiques de tous les bords et vous vous rendrez compte que les gens n’ont pas tiré les leçons de ce qui nous ait arrivés. Ce sont les mêmes conditions qui nous ont conduis à ces extrêmes qui sont en train d’être crées. On est dans une logique manichéenne où il y a d’un côté, les bons et de l’autre, les mauvais. Mais tant que nous fonctionnerons de cette façon, il est clair qu’on ne pourra pas avoir la paix et on ne pourra pas aller à la réconciliation.
Interview retranscrite par F.B.I
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ