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Politique Publié le samedi 6 octobre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Politique nationale / Après l’annulation du sit-in de la JFPI : Acteurs politiques, leaders de la société civile réagissent

Le préfet du département d’Abidjan, dans un communiqué en date du mercredi 3 octobre 2012, a annulé le sit-in projeté par la JFPI devant la cathédrale Saint-Paul au Plateau, le jeudi 4 octobre. Interrogés pour connaître l’analyse qu’ils font de la décision préfectorale, des acteurs politiques et des membres d’organisation de défense des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire ont donné leurs positions.

Joël N’Guessan, porte-parole principal du RDR
« Il est bon qu’on évite des rassemblements dont pourraient se servir certaines personnes pour chercher à se venger »
« Il faut que nous vivions dans un climat apaisé. Les propos de M. Justin Koua, ces dernières semaines, sont des propos tellement violents qu’il est à craindre qu’en face, les plaies de la crise postélectorales étant encore ouvertes, des gens puissent s’en saisir pour poser des actes regrettables. Par ces temps de procès des militaires qui ont perpétré des actes ignobles pendant la crise postélectorale, il est bon qu’on évite des rassemblements dont pourraient se servir certaines personnes pour chercher à se venger. C’est très sage de la part du préfet d’Abidjan d’avoir pris cette décision. N’oublions pas qu’il y a eu 3000 morts dont on n’a pas encore fini de faire le deuil. Que certaines personnes ne cherchent pas à créer des situations qui pourraient s’avérer déplorables. Il ne faut pas que les jeunes de la JFPI oublient les comportements qu’ils ont eus pendant la crise postélectorale. Ils doivent se souvenir qu’il y a eu des morts, des jeunes gens ont été brûlés de par leurs langages, leurs propos et qu’à partir de là, les gens n’ont pas encore fait le deuil. Ils doivent se souvenir que les parents de ces victimes sont encore en vie et les connaissent. Ils doivent donc faire attention aux actes qu’ils veulent poser pour éviter que le pays ne s’embrase ».

N’guettia Judicaël, président de la JMFA :
« Que la JFPI continue sur la voie de la négociation »
« Le sit-in de la JFPI devait se tenir dans un contexte qui n’est pas étranger à tous les Ivoiriens. Nous sommes attaqués de toutes parts, il y a des velléités de déstabilisation du régime. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur a tous les leviers pour apprécier la situation sécuritaire en cette période précise. Si les autorités ont décidé d’annuler ce rassemblement, c’est en connaissance de cause. Lorsque la situation sera propice, les autorités indiqueront la voie à suivre à tout parti politique qui souhaite manifester. Mais, si ces autorités ont pris la décision d’annuler la manifestation de la JFPI, c’est parce que les conditions sécuritaires ne sont pas encore réunies pour contenir un débordement de nature à envenimer la situation et entraver le processus de réconciliation. Il faut saluer cette décision, mais aussi permettre que la démocratie s’exprime quand la situation sera plus propice. Nous demandonc beaucoup de patience à la jeunesse du FPI. Qu’ils comprennent que la décision d’annulation de leur sit-in n’est pas une entorse à la liberté d’expression. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Qu’ils prennent leur mal en patience et qu’ils continuent sur la voie qu’ils ont empruntée, celle du dialogue, de la négociation».

Eric Sémien, président de l’APDH :
« Cette décision consacre un vrai recul de la démocratie »
« Cette décision signée du préfet d’Abidjan consacre un vrai recul de la démocratie et on n’en a pas besoin en ce moment. Il faut laisser les gens s’exprimer et si effectivement derrière ces manifestations se cache une velléité déstabilisatrice, en apporter la preuve. Annuler les meetings à tout bout de champ, je pense que c’est un recul de la démocratie. Nous n’en avons pas besoin en ces temps de réconciliation, sinon ce serait encore un os dans le gosier de la réconciliation. Le FPI est un parti politique, nous n’avons pas de conseils à leur donner. Mais, lorsque nous constatons qu’il y a une interdiction de ce genre, si tant est qu’il y a des velléités de déstabilisation qui la sous-tendent, il faut en apporter la preuve. Et non se contenter seulement d’annuler la manifestation. Nous déplorons cette annulation».

Gnanzi Anicet, Secrétaire général de l’UDCY (Union Démocratique et Citoyenne) :
‘’Chacun doit pouvoir s’exprimer’’
«Si on s’en tient aux arguments du Gouvernement, il y a certainement des arguments que nous n’avons pas pour apprécier tous les contours de la question. Le Gouvernement peut avoir tous les arguments possibles pour interdire un sit-in de longue date. Ce qui est surprenant, c’est que c’est le rôle du Gouvernement d’encadrer les marches et manifestations. Ce qui n’a pas été le cas. Comme le rôle du Gouvernement est de réguler la vie de la Nation, il a décidé de l’interdiction de ce sit-in. Il a ses raisons. Mais je pense que chacun doit pouvoir s’exprimer. Empêcher une partie de s’exprimer, peut susciter des interrogations. Il revient au Gouvernement de prendre toutes les dispositions pour que l’opposition puisse s’exprimer par les moyens légaux. Si le Gouvernement a pensé que ce sit-in pouvait occasionner des troubles, on peut le comprendre. Toutefois, il lui revient de faire l’effort que chacun puisse s’exprimer ».

Djè Bi Mointy, Secrétaire général de l’AIRD :
« Les autorités en place doivent encourager ceux qui veulent exercer véritablement leur rôle politique »
« C’était une manifestation pacifique, il n’y avait rien de violent. Toutes les forces avaient été mobilisées d’avance pour sécuriser la manifestation, d’autant plus qu’avec tout ce qui se passe, il faut bien que l’opposition puisse se faire entendre sur tous les différents sujets. Tout cela participe de l’exercice de la démocratie. On devait au moins laisser cette manifestation se dérouler pour qu’on comprenne, après toutes les manifestations qui avaient été matées, que nous sommes dans une nouvelle phase qui vise aussi à accompagner la réconciliation que nous recherchons tous et apaiser l’atmosphère sociale et politique. En refusant cela, on durcit encore les positions radicales qui risquent de l’emporter sur les positions démocratiques. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de confrontation de toutes les tendances : ceux qui pensent que la résolution de la crise doit forcément passer par la violence, ceux qui sont animés par la vengeance et ceux qui veulent exercer véritablement leur rôle politique. Les autorités en place doivent encourager cette dernière catégorie. A toujours vouloir mettre tout dans le même sac, on risque de faire exprimer les violences. Nous regrettons cette décision, mais tout cela participe du combat. Dans l’autre camp aussi, il y a des extrémistes qui ne veulent même pas entendre parler de l’opposition en général. Il ne faut pas que nous tombions dans leur jeu. Je suis convaincu, après certaines rencontres que nous avions eues en son temps et certaines indiscrétions, il y a aussi des tendances dans le pouvoir actuel. Les tendances radicales pures et dures contre les tendances modérées. Il y a des autorités qui affirment directement avoir bénéficié du président Laurent Gbagbo à tous les niveaux (financièrement et matériellement), dans leur encadrement politique et il y en a qui veulent casser du pro-Laurent Gbagbo. Ne tombons pas dans ce piège. Il faut replier, nous concerter pour une autre mobilisation».

Dr Boga Sako Gervais, président de la FIDHOP:
«Il n’y a plus de liberté en Côte d’Ivoire»
« Même sous Feu le Président Félix Houphouët-Boigny, les populations n’avaient jamais été autant bâillonnées. Mais cette décision est surtout une flagrante violation des Droits de l’Homme ; notamment des articles 18, 19, 20 et 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, relatifs à la liberté d’opinion, d’expression ou de manifestation. Il n’y a donc plus de liberté en Côte d’Ivoire ! Cette interdiction du sit-in constitue également une négation de l’Etat de droit par cette énième violation de la Constitution ivoirienne du 1er août 2000 en son article 11, qui stipule : « Les libertés de réunion et de manifestation sont garanties par la loi ».

Pr Niamkey Koffi, porte-parole du président Bédié:
« La JFPI a eu un comportement citoyen »
«La JFPI a entériné la décision de l’autorité. Ils ont eu un comportement citoyen que je salue. Le président de l’Assemblée nationale leur a donné des conseils, je souhaite qu’ils suivent ces conseils».

Karamoko Lancina, Secrétaire national chargé de l’implantation à LIDER (Liberté et Démocratie pour la République) :
‘’Cela démontre que la confiance entre le gouvernement et le Fpi reste précaire’’
«Le Front Populaire Ivoirien (FPI) est un grand parti politique bien organisé qui est respectueux des règles de l’Etat. Je suis surpris qu’un sit-in qui a été annoncé depuis longtemps soit interdit par la suite. Cela démontre que la confiance entre le gouvernement et le Fpi reste précaire. Et ce n’est pas de bon augure. Un parti politique bien constitué peut manifester. Ce refus n’est pas bon pour la démocratie. Toutefois, dans l’intérêt de tous, le Fpi gagnerait à s’asseoir à la table de discussion avec le Gouvernement. Il revient aussi au Gouvernement de rassurer l’opposition par des signaux forts en favorisant la liberté d’expression de l’opposition».

Propos recueillis par Olivier Dion et A. Dedi
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