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Société Publié le vendredi 23 novembre 2012 | L’Inter

Les Grands rendez-vous de Frat Mat : L`ambassadeur de la Corée du Sud livre les secrets du développement de son pays

© L’Inter Par KS
A l`initiative de la Banque mondiale et de Fraternité Matin: les journalistes économiques ont bénéficié d`une seconde session de formation
Mardi 6 novembre 2012. Abidjan. Deuxième session de formation organisée pour les journalistes économiques, à l`initiative de la Banque mondiale et de Fraternité Matin
Hier jeudi 22 novembre, le Groupe Fraternité Matin a organisé sa deuxième tribune-débat après le premier consacré à la crise au Nord Mali. Le thème du jour était : « le modèle sud-coréen est-il transposable en Côte d`Ivoire? »

C`est l`ambassadeur de la Corée du Sud en Côte d`Ivoire qui était l`invité principal de cette grande rencontre qui s`est tenue au Novotel Plateau. Le ministre d`Etat, ministre de la Planification M. Albert Toikeusse Mabri et le président du Conseil Economique et social, M. Marcel Zadi Kessi, empêchés au dernier moment n`ont pu honorer ce rendez-vous. Le Directeur général de Fraternité Matin était visiblement séduit par le prodigieux développement de la Corée du Sud aujourd`hui 12e puissance économique mondiale. Pour Venance Konan, que le modèle de développement de ce pays, aussi pauvre que la Côte d`Ivoire il y a quarante ans, pouvait servir d`exemple au moment où le président Ouattara ambitionne de faire de son pays à l`horizon 2020, un pays émergent. L`ambassadeur de la Corée du Sud SEM. Surh Sung- Yol qui partage cette vision du président ivoirien, a affirmé la volonté de son pays d`aider la Côte d`Ivoire à atteindre cet objectif. Mais selon le diplomate, cette aide ne doit pas se limiter à de l`assistance matérielle, mais doit surtout consister à renforcer les capacités des cadres ivoiriens. Cette précision faite, l`invité du jour a présenté la situation peu reluisante de son pays en 1961 année du début des relations diplomatiques avec la Côte d`Ivoire. A cette époque, les Coréens avaient de la peine à assurer les trois repas quotidiens, reconnaîtra l`ambassadeur. Le pays sortait de la colonisation japonaise et d`une guerre civile fratricide qui s`est soldée par deux millions de victimes. Le PNB par habitant était de 80 dollars (40.000 Fcfa par tête d`habitant). Il est aujourd`hui de 12.646 dollars (6 millions 323 mille Fcfa par hbt). Le secret du miracle sud coréen, SEM. Surh Sung- Yol l`a volontiers livrée en trois points. Premièrement, la volonté de sortir du sous -développement. Le progrès spectaculaire réalisé par « le Pays du matin calme », (surnom de la Corée du Sud), est avant tout le fruit d`une politique volontariste de ses dirigeants. Le deuxième secret de ce succès est l`éducation. En 1945, 78% des Sud-coréens étaient analphabètes. Un accent tout particulier a été mis sur l`éducation. Aujourd`hui la Corée soutient posséder le plus fort taux d`alphabétisation au monde. L`école primaire y est obligatoire et le taux de fréquentation au primaire approche les 100%. En 2002, le collège fut rendu obligatoire dans toute la Corée. Deux types de lycées d`enseignement sont dispensés dans le pays. A côté des lycées d`enseignement général, la Corée a particulièrement développé l`enseignement professionnel. Le pays compte actuellement 697 lycées professionnels. Les études supérieures sont dispensées dans les quelque 240 universités au moins que compte le pays. Enfin le troisième secret du miracle réside dans les ressources humaines. La Corée dépourvue de ressources minières ne peut que compter sur chacun de ses 50 millions d`habitants.

L`expérience agricole du « Saemaulundong », le vrai moteur du développement

Le Saemaulundong est une stratégie de développement communautaire mise en place par des villageois sud-coréens pour s`assurer un minimum de bien- être. Au début des années 1960, des villageois se sont volontairement regroupés pour travailler de façon bénévole. Cet effort collectif a permis à ces villages de construire des routes, des ponts, des points d’eau, des logements et bien d`autres infrastructures pour améliorer leurs conditions de vie. Cette volonté de développement endogène avait séduit le dirigeant de l`époque, le Général Park Chung-Hee, un despote éclairé qui a régné sur la péninsule de 1963 jusqu`à son assassinat en 1979. C`est cet homme qui est le père du miracle coréen. C`est sous son impulsion que le « Saemaulundong » a été vulgarisé et mieux organisé. En 1972, il crée des centres de formation pour les animateurs de ces coopératives villageoises. Le travail est désormais mieux organisé, avec des paysans assidus et rigoureux à la tâche, toujours sur la base du volontariat. L`institution de prix d`encouragement aux meilleures coopératives, a accru la compétitivité. En 1972, les résultats obtenus dans 16.000 villages étaient au-delà de toute espérance. La Corée du Sud venait ainsi de prendre définitivement son envol. A la fin de la guerre froide, les Américains vont pendant 10 ans injecter d`importantes ressources financières dans le développement du pays. Le Japon voisin, l`ancienne puissance coloniale, va beaucoup inspirer les Coréens. L`industrie automobile coréenne notamment Hyundai va importer la technologie nippone.

« Yacolidabouo », l’expérience ivoirienne du « saemaulungdong » ?


Le modèle de développement sud- coréen peut-il être transposé en Côte d`Ivoire ? Oui répondra Venance Konan, le DG de Fraternité Matin, à condition, dira t-il, qu`il y ait un peu de volonté politique et que les Ivoiriens se mettent au travail comme l`ont fait les Coréens. Même foi partagée par le représentant de M. Marcel Zadi Kessi, le président du CES qui a exposé à l`assistance l`exemple de Yacilidabouo, une expérience très encourageante de développement local que fait le président du Conseil économique et social dans son village natal dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Son objectif est de mettre chaque habitant au centre du développement du village. Pour cela il a remis « clef en main » aux habitants de cette localité, une plantation de palmier à huile, un véhicule de ramassage de la production et des habitations confortables. Mais au bout de quelque temps, l’expérience se solde par un échec. Les palmiers ont été abattus un à un pour faire du vin de palme, le véhicule laissé à l’abandon et les habitations négligés. De ce fiasco, le promoteur du projet tira une leçon essentielle : « on ne lutte pas contre la pauvreté par l’assistance ». L’expérience fut reprise avec cette fois ci une participation des villageois eux-mêmes au projet. Une partie des 3243 hectares de terres cultivables disponibles, sera affectée à l’hévéaculture. Commencée en 2004, le nouveau projet devra permettre aux villageois d’atteindre à l’horizon 2014 quatre principaux objectifs : un revenu de 300.000 F en moyenne par habitant, deux repas par jour au moins dans chaque foyer, la scolarisation de tous les habitants jusqu’au niveau CM2 au moins et une espérance de vie de 60 ans en moyenne. A un an de l’échéance fixée, certains de ces objectifs ont été atteints. 100% des enfants de Yacolidabouo sont aujourd’hui scolarisés et 94% d’adultes alphabétisés. Deux repas par jour au moins sont garantis dans chaque famille. Quant aux revenus, ils sont assez disparates et varient entre 15.000 F et 750.00F par mois. Ce deuxième rendez-vous du quotidien gouvernemental a suscité beaucoup d’intérêt chez le public qui a effectué nombreux le déplacement.

Charles d’Almeida
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