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Art et Culture Publié le mardi 27 novembre 2012 | Le Patriote

Interview / Tiken Jah Fakoly sur RFI “Désormais, il y a une prison pour les chefs d’Etat qui vont trop loin”

© Le Patriote Par Prisca
Showbiz - U Roy au Palais de la Culture
Vendredi 2 avril 2010. Abidjan. La star jamaïcaine de la musique reggae, U-Roy en concert pour la première fois en Côte d`Ivoire. Photo: Tiken Jah
Il y a peu, la méga star du reggae africain, Tiken Jah Fakoly était avec Apha Blondy (le Marley ivoirien), les vedettes d’une caravane musicale pour la réconciliation et la paix. Sur la radio mondiale, l’auteur d’ « African Revolution » fait le point de cette caravane qui a sillonné différentes régions de la Côte d’Ivoire.
Question: Monsieur Ouattara, libérez les pro-Gbagbo qui n’ont pas de sang sur les mains, dit Alpha Blondy. Est-ce que vous êtes d’accord ?
Tikan Jah Facoly : Je pense qu’absolument, il faut que chacun fasse un pas. Le gouvernement Ouattara doit faire un geste, mais les opposants aussi doivent faire un geste. Il faut que les attaques s’arrêtent pour que nos enfants retrouvent une Côte d’Ivoire stable que nous a léguée Feu Houphouët-Boigny.

Q : Laurent Gbagbo dans une prison à La Haye. Cela vous choque ou pas ?
TJF : Cela ne me choque pas personnellement. Parce que c’est un signal qui est donné à tous les chefs d’Etat africains pour leur dire qu’il y a 20 ans en arrière, on pouvait se permettre de truquer les élections, ordonner qu’on tire sur la population, et que désormais, il y a une prison pour les chefs d’Etat qui vont trop loin.

Q : Certains Ivoiriens disent que c’est très bien ce que font Tiken, Alpha et Drogba. Mais, ce sont des artistes, des sportifs qui ne sont pas des hommes politiques. Il faut plutôt que les hommes politiques se réconcilient.
TJF : Oui ! Nous les artistes nous n’allons pas attendre qu’ils se réconcilient pour apporter notre contribution à la réconciliation nationale dans notre pays. La caravane de réconciliation que nous venons de réaliser, on ne peut pas dire qu’elle ne sert pas à quelque chose. Pendant la tournée, le moment le plus fort pour moi, c’était à Gagnoa. Dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, précisément dans la région native de l’ex-Président Laurent Gbagbo que moi, je le dis sincèrement, j’ai combattu avec ma musique pendant longtemps. J’arrive dans cette région pendant la caravane, pour rendre visite à la famille d’un artiste qui tourne avec nous, dans un petit village Bété. Il y avait beaucoup d’artistes, mais celui que les jeunes Bété viennent porter en triomphe, c’est Tiken Jah. Cela a été un moment plein d’émotions pour moi. Les gens criaient « Tiken, Tiken » ! C’était plein d’émotions que je ne peux oublier. Moi, en tant que Malinké du Nord de la Côte d’Ivoire, qui arrive dans un village Bété, et reçoit un accueil aussi chaleureux, c’était inimaginable ! C’est à partir de ce moment que j’ai eu la preuve palpable que les Ivoiriens veulent tourner la page.

Q : Pour vous, on a l’impression que Reggae et Révolution, c’est la même chose. D’ailleurs, c’est le titre de votre dernier album « African Revolution ». Ce qui est frappant, c’est qu’à chaque fois que vous chantez dans un pays, vous prenez partie. Ce fut le cas au Sénégal où Abdoulaye Wade a voulu s’accrocher au pouvoir, vous avez pris position contre lui…
TJF : J’ai l’habitude de dire que je suis Africain d’origine ivoirienne. Je me bats pour l’Afrique, c’est pourquoi d’ailleurs, il n’est pas dans mes projets d’occuper un poste politique dans mon pays. Parce que si je suis député ou ministre en Côte d’Ivoire, je ne pourrais plus parler du Sénégal, du Maroc ou de la Mauritanie.

Q : Dans l’une de vos chansons « La porte de l’histoire », vous demandez aux chefs d’Etat africains de ne pas réviser la Constitution. On a l’impression que c’est l’une de vos obsessions. Il ne faut pas que les chefs d’Etat tripatouillent les Constitutions…
TJF : Ce n’est pas une bonne idée surtout avec la nouvelle génération. Nos parents ont accepté cela parce qu’il n’y avait pas de réseaux sociaux, d’internet. Ils n’avaient pas donc accès à certaines informations. Il n’est donc pas acceptable que des dirigeants s’installent au pouvoir pendant plus de 20 ans.

Q : Vous dites que la politique ne vous intéresse pas, n’a-t-on pas vu un chanteur haïtien devenir Chef d’Etat ?
TJF : Mais, je crois que c’est le choix de ce chanteur. Mais moi, cela n’existe pas dans mes projets. Je suis un artiste qui a envie d’éveiller permanemment les consciences. J’ai d’ailleurs commencé cela avec mon association à travers le projet « Un concert - une école». Nous avons déjà construit cinq collèges. Un au Mali, un autre dans le Nord de la Côte d’Ivoire, une école primaire au Burkina Faso. Nous sommes en train d’en construire une autre au Niger dans la région de Tillabéri. Il y a une école en construction en Guinée Conakry. Tout cela pour montrer le chemin de l’école à la jeunesse africaine.

Par MK
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