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Art et Culture Publié le vendredi 30 novembre 2012 | Notre Voie

Beaux arts/Tina Gbalié refait les têtes des femmes bororo

La marque des tresses bororo du Niger était récemment le thème des travaux de mémoire de fin d’études (4ème année) de Tina Gbalié, étudiante aux Beaux arts de l’Institut national des arts et de l’action culturelle (Insaac).
Le regard neuf de la peintre Tina Gbalié sur les tresses chez les Peuhls Bororo du Niger ne manque pas de susciter la curiosité du public. L’artiste qui a passé avec succès son examen s’y met comme si cet art de tresser qui caractérise les femmes de ce peuple, lui apparaissait avec un goût d’inachevé.
S’il ne fait pas de doute que les Peuhls Bororo ont pour berceau le Niger, on les connaît aussi pour leur nomadisme notable. Et c’est ainsi qu’ils se retrouvent disséminés sur presque toute la région ouest du continent africain. Autres caractéristiques, les Peulhs Bororo se distinguent par leur sens de la vie en communauté et sont, en plus, très réservés et beaucoup superstitieux. Leurs femmes sont souvent l’objet d’une curiosité singulière car elles sont des identités remarquables grâce à leurs coiffures faites de tresses fascinantes. Ce qui intéresse la peintre Tina Gbalié chez les Bororo, c’est qu’en même temps qu’ils sont éparpillés dans la sous-région, ils sont un. Comme les cheveux d’une tête qu’aucun humain ne peut compter. Ils sont donc un symbole d’unité et très visibles grâce à leurs coiffures aux formes aussi diverses que variées. «Je veux démontrer par là qu’on a beau être des millions d’habitants du continent africain mais dans cette diversité culturelle, on peut former une unité, une force. Du point de vue esthétique, les femmes bororo portent des coiffures particulières. Ce qui me frappe le plus dans cette gent, c’est qu’elle accorde une valeur hautement spirituelle, voire mystique aux cheveux. Chez les Bororo, c’est toujours une mère, une sœur, une proche parente, une amie intime...qui tresse parce c’est en elle et elle seule que l’on a confiance. Elles expliquent cette croyance par le fait qu’il ne faut jamais laisser les cheveux qui poussent sur la tête qu’elles considèrent comme le siège de l’âme qui maintient en vie toute personne. Pour les femmes bororo, on peut facilement utiliser les cheveux d’autrui pour lui faire toute sorte de mal. Les cheveux sont donc sacrés et en quelque sorte vénérés chez ce peuple», soutient Tina Gbalié.
En peignant, la jeune artiste rend cette esthétique entourée de croyance culturelle par différentes gammes de couleurs. A travers ce choix, elle s’engage à apporter une certaine lumière sur ces tresses pour amener les autres peuples africains à s’y intéresser davantage. «En fait, je veux changer le regard des uns et des autres sur les tresses en général. J’estime que les tresses ne doivent pas être vues uniquement comme des expressions de beauté qui entrent dans la ligne d’appréciation chez la femme africaine. Mais bien au-delà des clichés et autres considérations», se projette-t-elle.
Tina Gbalié utilise la peinture et des ornements sous la forme d’incrustations de matériaux peu ordinaires qui ne vont pas avec du point de vue conventionnel. Il y a, entre autres, des cauris, des fils à tresser en laine, des capsules de bière à la place de pièces d’argent que les femmes Bororo utilisent à l’origine. Cette intégration de matériaux inattendus, tout cet attirail, selon Tina, consiste à donner plus d’éclat, de présence et de grâce de vie à la tête de la femme pour qu’elle devienne un véritable aimant pour les amants, maris et autres acteurs de la mode dans la société moderne africaine.

Schadé Adédé
schadeci@yahoo.fr
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