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Politique Publié le mardi 5 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Camara Yacouba, gros bras, chef de sécurité, du maire N’Dohi fait de graves révélations : ‘‘La violence, l’arme que N’Dohi utilise pour amener certains conseillers municipaux à la soumission’’

Agent municipal, Chef de sécurité du maire N’Dohi Raymond de Koumassi, Camara Yacouba dit maître Yacou, Karatéka ceinture noire 8ème dan, ex- directeur technique de la Fédération Ivoirienne de Kung Fu n’est plus en odeur de sainteté avec son patron. Dans cette interview, l’homme de l’ombre du maire N’Dohi fait des révélations très graves.
Quels sont vos liens avec le maire de Koumassi ?
Je connais le maire de Koumassi et je peux même dire que c’est un ami. Actuellement, il est mon patron. A ce titre, je peux dire que je le connais. Je le connais pour avoir vécu près de 20 ans avec l’homme.

20 ans après, peut-on dire que vos rapports sont toujours au beau fixe ?
Je le trouve comme un ami, mais ce qui est un peu gênant pour moi, c’est le fait que c’est par le comportement qu’on juge quelqu’un, et donc décrire N’Dohi à travers son comportement. Je pense savoir, qu’un homme qui veut le pouvoir, doit être un rassembleur. Il faut qu’il soit quelqu’un qui pardonne. Il doit aussi éviter le tribalisme. On a fini par comprendre qu’il ne récompense pas les gens selon leur compétence, mais uniquement pour leur force. Cela n’est pas encourageant parce qu’on crée ainsi des paresseux. Et moi, en restant toujours dans ma vérité auprès du maire de Koumassi, on a trouvé que je suis une personne dangereuse. Un garçon, quand tu veux dire non, il faut dire non. Quand tu veux dire oui, il faut dire oui.

On entend dire ces temps-ci à Koumassi, qu’en prélude aux élections municipales, qu’il y a de la tension dans l’air…
C’est surprenant pour moi, quand on parle de violence. Parce que les arts martiaux mènent l’homme à avoir plus de maîtrise de soi. Et j’étais apprécié pour mes talents de cafouilleurs. Mais aujourd’hui, il faut que je vous le dise ouvertement, je suis obligé de réfléchir avant d’agir. L’homme murit avec l’âge, je me suis dit : «Quel exemple, je peux laisser sur la terre ? ». J’ai été d’abord le premier responsable de la sécurité du premier maire de la commune de Koumassi, Maître Mondon Konan Julien. Maître Mondon a été révoqué alors que monsieur N’Dohi était son quatrième adjoint au maire. Adou Assalé est venu à la tête de la mairie, j’ai été son responsable de sécurité. C’est lorsque Monsieur Adou Assalé m’a dit de me mettre à sa disposition que je lui ai dit que je préfère sauvegarder l’amitié qui me lie à monsieur N’Dohi (…) Mon plus beau souvenir a été le jour où M. N’Dohi a été élu maire de Koumassi. Quand il a été élu maire de Koumassi, mon rôle a consisté à sélectionner les personnes qui devaient être ici et là dans sa sécurité. Malheureusement, il y avait une guerre qui se passait en Côte d’Ivoire, qu’on appelait la guerre de la nationalité. Cette guerre ne m’était pas favorable à cause de mon nom, mon appartenance ethnique. Or, l’on peut tout me reprocher, mais on ne peut pas m’arracher la popularité que j’ai acquise à Koumassi. Grâce à ma popularité et étant chef de sécurité, j’étais toujours imposé par la masse. Au niveau des jeunes qu’on appelle aujourd’hui, ‘’des gros bras’’, au niveau des agents de la mairie, au niveau de tous, je demeurais ce que j’étais, c’est-à-dire le chef de sécurité populaire. Donc j’étais utilisé comme tel. Mais quand on utilise quelqu’un pour travailler, il faut qu’en retour, les gens remarquent que la personne change. Cela veut dire que celui qui t’envoie, doit devenir de plus en plus rassembleur. Mais quand on constate que c’est une voie sans issue que j’emprunte et qu’elle peut mener au crépuscule de mon existence comme c’est le cas actuellement, je ne peux que souhaiter que le bon Dieu envoie un prophète qui puisse écouter la population de Koumassi. Cette parabole, pour faire allusion au ministre actuel, Cissé Ibrahima Bacongo.

Que voulez-vous insinuer par là ?
Je veux dire que ce n’est pas le ministre Bacongo qui a envoyé la violence. A Koumassi, il y a toujours eu la violence. Peut-être même qu’il était question d’empêcher le ministre Bacongo d’entrer à Koumassi, pour battre campagne. C’est parce qu’il a eu des militants qui ont tenté de se sacrifier pour sa cause. Le ministre Cissé Ibrahima Bacongo n’a pas une sécurité à proprement dite avec des professionnels. Ce sont des jeunes qui se portent volontaires pour défendre sa cause. Mais quand ceux-là se sentent menacés, offensés et qu’ils réagissent, on assiste à une violence ‘’électeurs contre électeurs’’. On trouve un raccourci simple pour accuser le ministre Bacongo d’en être le commanditaire.

Avant l’arrivée du ministre Bacongo dans l’arène politique à Koumassi est-ce qu’on parlait de violence dans cette commune ?
L’arrivée du ministre Cissé Bacongo va peut-être atténuer la violence. Bien sûr, je pourrai par exemple vous parler du temps de maître Mondon. M. Adou Assalé avait mis de l’essence dans un récipient qu’on devait verser sur Mondon pour qu’on le calcine. C’est moi, maître Yacou qui ai poussé Mondon dans la voiture et j’ai dit au chauffeur d’accélérer pour qu’on aille au camp commando. Tuer un élu de cette façon, n’est-ce pas faire de la violence ? Les gros bras d’Adou Assalé, avaient interdit l’accès de Koumassi à N’Dohi. La consigne était que s’il arrive à Koumassi, qu’on mette fin à ses jours. Je l’ai appelé et comme il était le quatrième adjoint au maire, je lui ai demandé de venir. Mais c’était une mort certaine qui l’attendait si je n’étais pas là. Aujourd’hui, je suis surpris qu’on dise partout que Assalé et N’Dohi s’entendent maintenant pour faire équipe contre Bacongo. J’ai décidé de ne plus réagir sur le terrain. Je sais qu’il sait que je suis découragé. Il est temps que je prenne mon bâton de pèlerin pour appeler au calme et dénoncer la violence maintenant. Au quotidien, il y a la violence à Koumassi. C’est une arme qui est utilisée pour amener certains conseillers municipaux à la soumission.

Qui selon vous, est donc le commanditaire de cette violence à Koumassi ?
A vous qui posez la question, je voudrais aussi vous retourner aussi la même question. Si vous êtes un chef, et que quelqu’un vient s’opposer à votre programme qu’il est agressé, quel sera la première piste de votre investigation pour trouver l’auteur ? Je peux ne pas être présent partout, mais je sais que c’est une partie de l’équipe qui en est l’instigateur. Çà, je ne le cache pas. Si vous voyez qu’aujourd’hui j’interviens dans votre journal, c’est parce que je ne peux plus accepter d’être complice de ce genres d’actions. Nous savons combien de francs qui ont été utilisés pour que les élections législatives se terminent dans la violence. Si réellement N’Dohi avait trouvé des personnes compétentes pour faire son boulot, il n’y aurait pas eu de campagne à Koumassi ni même de vote pour son adversaire. C’est parce que certains de ceux qui ont été recrutés pour faire ce travail, ont refusé de suivre l’ordre.

Êtes-vous entrain de dire que le maire actuel recrute des loubards pour réaliser son rêve de briguer un autre mandat ?
Il peut ne pas le faire en ma présence puisqu’il connait mon franc-parler et ma position. Mais, je suis convaincu que la base de sa politique actuelle sera la violence pour intimider les électeurs de ses adversaires. Si les consignes de sécurité avaient été suivies à la lettre, ceux qui sont aujourd’hui député, ne le seraient pas. Aujourd’hui, je pense que je suis une personne incontournable dans le domaine de la sécurité à Koumassi. Je demeure l’ami du maire actuel, mais j’ai compris qu’on peut agir autrement en faisant de la politique. Et j’ai pris cette position pour que ceux qui aiment ma personne et qui m’ont donné une image ternie, sachent que maître Yacou n’est plus celui qu’ils ont connu.

Qui vous envoyait donc pour faire ces sales besognes ?
Le fait de constater que ma famille qui se trouve à Koumassi est à 85% RDR, a coûté cher à mon neveu qui a été renvoyé. Tout simplement parce qu’au cours d’une réunion, on lui a demandé de dire quel était son bord politique. Il a répondu qu’il est RDR. Une semaine après, il a été vidé de son poste de chef secteur. Me concernant, des personnes sont allées dire au maire que Maître Yacou ne doit pas être dans la sécurité parce que ‘’ce sont ses frères qui sont tes véritables adversaires’’. J’étais à l’époque obligé de mettre la fraternité de côté et faire mon travail. C'est-à-dire casser tous ceux qui n’étaient pas favorables au maire N’Dohi. J’ai toujours fait ça avec M. N’Dohi. Quand je suis avec quelqu’un, je m’engage comme un robot auprès de la personne. Nous avons sévi, tous ceux qui voulaient s’opposer au maire N’Dohi en ont eu pour leur compte. S’il y a des problèmes en l’absence du maire N’Dohi, on met des fonds à notre disposition pour nous permettre de sévir. Et si ces fonds ne suffisent pas, le maire paye le reliquat à son retour. Ces fonds nous sont remis soit par lui-même soit par personne interposée.

Aujourd’hui quelle est la situation ?
Il y a des gens qui ont pris ma place. Il y a Bohi Bli Patrice qui est mon neveu. De toute façon, lui, il rêvait de prendre ma place de chef de sécurité. Au point où la sécurité avait été scindée en deux. Bohi était responsable de la sécurité du cabinet et moi responsable de la sécurité rapprochée.

Quel message lancez-vous aux autorités pour ces élections municipales à Koumassi ?
Je demande aux autorités de ne pas se fier aux apparences. Il faut faire l’historique des mouvements de violences au cours des différentes campagnes électorales à Koumassi. A partir de tout ce que je viens de dire, qu’ils mènent la réflexion et on trouvera la solution. Sinon, ils vont créer la violence pour l’attribuer aux hommes du ministre Bacongo. Si vous n’y prenez garde, les gens sont capables d’habiller certaines personnes en T-Shirt du candidat adverse pour poser des actes de vandalisme. Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas dire dans un seul entretien. Il y a eu le cas de la militante Adou Mireille qui a été chicotée puis frappés par les gros bras. Moi-même je suis le doyen de ces gros-bras là, mais on n’a pas préféré me confier cette besogne. Mon adjoint Billy et les autres ont pris des personnes, que Mme Adou Mireille ne peut pas reconnaitre, pour la corriger.
Réalisée par Dosso Villard
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