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Économie Publié le jeudi 14 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

De Yopougon à Cocody / Quinze minutes dans le bus 85 ‘’Cet argent qui ne circule pas…’’

La nostalgie du bus. L’évoquer, ce n’est pas toujours faire un retour dans un passé heureux. Mais, le bus fait partie de la mémoire de tout ancien étudiant abidjanais. Qui n’a jamais trimé des heures et des heures à un arrêt de bus pour se rendre à l’Université ? Il en existe certainement mais ils seront nombreux les anciens étudiants de la capitale ivoirienne à vous compter leurs déboires des années de cours. Aussi, m’envahit la nostalgie du bus. Me retremper dans cet univers où la galanterie s’arrête à la portière. Revivre cette ambiance dans une chaleur de chaudière. Les plaisanteries à n’en point finir, les complaintes, les railleries, la provocation, l’irrévérence envers le machiniste qui, à son corps défendant, doit se laisser appeler ‘’chauffeur’’. Dans le bus de la ligne 85 que j’emprunte le mardi 5 février au niveau de Yopougon-Keneya pour Cocody, rien dans le comportement des étudiants, n’a changé. Même si le bus Renault français a remplacé le Tata indien qui, lui aussi, avait succédé au bus Renault. L’air circule difficilement et la chaleur est suffocante. Depuis quelques années, le machiniste joue un double rôle : conduire et vendre le ticket. Ce système est toujours de rigueur. A quand le retour des receveurs ? La Sotra qui est préoccupée à renforcer son parc auto n’y songe pas pour l’instant. Les priorités sont ailleurs. Mais avançons avec le bus 85. N’ayant pas la carte de bus, il me faut un ticket de 200 FCFA. comme cela est d’usage dans le bus, je fais passer une pièce de 500 F qui parvient au conducteur. Quelques minutes, puis je reçois mon ticket. Pour la monnaie on me fait parvenir le message du ‘’chauffeur’’ selon lequel elle me sera remise à la descente. Et on avance. Toujours pas de monnaie. Dans les bus, c’est connu. Les chauffeurs n’ont jamais de monnaie. Je l’avais oublié. Les plaisanteries entre temps fusent. ‘’Envoyez-moi mon ticket maintenant’’, s’écrie un étudiant. ‘’Qui est ton boy ici ?’’, répond un autre et un troisième d’ajouter : ‘’chauffeur allons, laisse ce plaisantin !’’. Chemin faisant, je me renseigne pour avoir des informations sur les bus électriques promis par la tutelle. Critiques et protestataires, les étudiants le sont toujours. Mon interlocuteur me rétorque aussitôt : ‘’quel bus électrique ? Qu’on nous envoie les chaudières (allusion faite aux bus actuels) d’abord en nombre suffisant. C’est de la pure démagogie. Les politiciens se ressemblent tous. Qu’ils commencent déjà par régler les nombreux problèmes qu’ils nous ont créés au campus’’. Je n’ose pas aller loin dans la discussion. Nous sommes à présent sur le boulevard Latrille et j’avance vers la portière pour descendre. Je réclame ma monnaie. C’est enfin, le ‘’chauffeur’’ me dit qu’il a déjà fait passer ma monnaie. ‘’Où est donc passé mon argent ?’’, ai-je interrogé à nouveau. Des étudiants s’en mêlent. Ça prend l’allure d’une plaisanterie quand un autre lance : ‘’l’argent a travaillé, c’est le ticket qui a circulé !’’. C’est le délire dans le bus. La formule est reprise ça et là : ‘’l’argent ne circule pas, il travaille’’. J’ai alors tout compris. Contre la volonté du chauffeur de me conduire jusqu’au campus pour faire le point des ventes avant de me rendre ma monnaie, j’ai préféré descendre, laissant mon argent travailler dans le bus.

S.Debailly
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