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Politique Publié le mercredi 20 février 2013 | LG Infos

Affaire «Je n’ai jamais dit que Ouattara n’est pas Ivoirien» : le discours de Tia Koné livre ses secrets

L’ancien président de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême a pondu un discours, le samedi 9 février 2013, dans son village de Gbangbegouiné, qui a laissé plus d’un pantois. Tellement le ton le disputait au reniement de soi. D’aucuns avaient même maudit le vieux magistrat qui, selon eux, semble avoir perdu ses repères. Des langues se délient aujourd’hui et permettent un décryptage en profondeur de la sortie de route du vieux juge constitutionnel aux formules enflammées. En effet, des analystes et autres introduits de la scène politique ivoirienne ont la certitude que «Tia Koné ne s’est pas déculotté, le samedi 9 février 2013, devant le monde entier, en présence d’Ibrahim Ouattara, Mathieu Babaud Darret et Albert Mabri Toikeusse pour rien. S’il est revenu sur l’arrêt n°E 001/2000 rendu par la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême contre le candidat Alassane Ouattara, c’est bien pour délivrer ce dernier de la situation juridique alambiquée où il l’avait mis, en déclarant devant le monde qu’il y a doute sur sa nationalité. Tia Koné réalise avec beaucoup de recul, ou sous très forte pression, que son arrêt a coûté à la Côte d’Ivoire sa première rébellion. Il a ensuite occasionné l’utilisation de l’article 48 de la Constitution pour valider une candidature par exception : celle du leader des républicains. Ce qui pour ce dernier est peu valorisant», commente-t-on dans certains cercles politiques. Dès lors, Tia Koné avait l’obligation de refaire le chemin inverse, de gré ou de force, pour lever le doute sur la nationalité d’Alassane Ouattara. Un peu comme l’ex-président du Conseil constitutionnel, le Pr Paul Yao N’Dré, l’avait fait à la fin de la crise post-électorale, plaçant le même Ouattara dans ses fonctions de chef de l’Etat. Après y avoir investi Laurent Gbagbo. Ainsi, «considérant» qu’Alassane Ouattara doit faire 50 ans au pouvoir, comme l’a dit le Secrétaire général du Rdr ; «Considérant» qu’en l’état actuel des choses, Alassane Ouattara qui a été candidat par application de l’article 48 de la Constitution par Laurent Gbagbo, ne peut l’être, puisque les accords de Pretoria qui avaient permis cela n’opèrent plus ; «Considérant» qu'il résulte de tout ce qui précède que le Président Ouattara ne peut pas être candidat à l'élection présidentielle 2015, et qu'en conséquence il importe que Tia Koné se déculotte pour le réhabiliter ; Par parallélisme des formes. (Sic !), on comprend dès lors pourquoi Tia Koné a jugé «impérieux d’enrayer dès à présent l’abcès relationnel existant entre le président de la République et son frère» qu’il a toujours été, qu’il est demeuré malgré les apparences, à propos de l’arrêt n°E 0001-2000. Qui a bousillé, disons-le, la carrière politique d’Alassane Ouattara, aujourd’hui en quête de réhabilitation. Pour tout dire, Tia Koné a cassé le pot, il ramasse les débris ! Pour que vive la deuxième candidature de Ouattara. Le juge constitutionnel n’a-t-il pas porté à la connaissance de ses collègues cette injustice dont Ouattara aurait été victime et «recommander fermement que son honorabilité soit rétablie au plan judiciaire ?» Mais ce n’est pas tout !

Les dessous gagnant-gagnant d’un discours sévèrement critiqué

Des observateurs croient savoir que, même si c’est Alassane Ouattara qui empochera la mise, Tia Koné ne sortira penaud de son spectacle de Gbangbegouiné. De fait, il se murmure qu’Alassane Ouattara lui a miroité un poste de président de District, pour service rendu. C’est comme l’ont fait les Etats-Unis et l’ex-Urss d’alors : «ton blé contre mon Dollar». Tia Koné n’est pas forcément content de se renier comme il l’a fait. Mais il y a une présidence de District au bout de l’hameçon ! Et cela est bon à prendre pour un vieux magistrat à la retraite, qui a le sentiment d’être dans le viseur de celui qu’il a discrédité publiquement, mais qui se trouve aujourd’hui être au sommet de l’Etat. Avouer publiquement «qu’il n’a jamais été dit dans l’arrêt du 6 octobre 2000 que M. Alassane Ouattara n’est pas Ivoirien», pour avoir la paix et recevoir en bonus une nomination, est le plus facile des exercices. Tia se renie et gagne un poste, pendant que Ouattara a les outils nécessaires pour réviser la Constituion et réparer le tort reconnu par le juge constitutionnel. Sinon comment comprendre que celui qui a dit, le 6 octobre 2000, à propos du Certificat de nationalité d’Alassane Ouattara ce qui va suivre, nie n’avoir jamais dit qu’il n’est pas Ivoirien ? Lisez plutôt ce qu’a dit Tia Koné ce jour-là : «Considérant que Alassane Ouattara a produit un Certificat de nationalité ivoirienne, duquel il résulte qu'il est Ivoirien comme étant né de feu Dramane Ouattara né en 1888 à Dimbokro et de Nabintou Ouattara, née à Dabou le 19 juin 1920. Considérant cependant qu'il ressort des investigations effectuées que cette pièce a été délivrée sans que soient observées les prescriptions imposées au Juge en cas de doute sur l'origine des parents, puisque aucune vérification de cette origine n'a été effectuée, pas plus que les instructions du ministre de la Justice n'ont été sollicitées; Considérant cependant que ce doute sur l'origine des parents est persistant qu'il en existe même sur l'identité de la mère, de par le fait seulement des objections susvisées sur l'acte d'individualité, mais également et surtout par celui des résultats des investigations entreprises par la juridiction constitutionnelle desquels il ressort que cette dernière qui est plutôt Nabintou Ouattara que Nabintou Cissé est déjà décédée ; Considérant par ailleurs que ce doute se conforte par les affirmations mêmes de l'intéressé à l'occasion de l'établissement de sa carte d'identité par le Commissaire de Police du 1er arrondissement, le 22 octobre 1990, selon lesquelles, il serait né de Dramane Ouattara né à Kong et de Nabintou Ouattara née à Odienné, contrairement aux indications qu'il a lui-même fournies au dossier. Considérant que l'argumentaire selon lequel Nabintou Cissé serait devenue Nabintou Ouattara par mariage coutumier est inopérant dès lors qu'il est constant que le mariage coutumier n'entraîne pas de changement de nom à l'état civil. Considérant qu'il s'évince du dossier que par correspondance en date du 28 juillet 1999, signé de lui-même, l'intéressé reconnaît qu'après ses études secondaires au Lycée de Bobo Dioulasso et de Ouagadougou, à l'époque où son père était chef de village de Sindou (Banfora au Burkina Faso), il a bénéficié d'une bourse américaine au titre de la Haute Volta, pour effectuer ses études universitaires aux U.S.A, et qu'une fois ces études supérieures terminées, il a été recruté au Fonds monétaire international en 1968, puis par la suite comme Chargé de mission à la Bceao en 1973 avant d'y occuper les fonctions de Vice-gouverneur de 1982 à 1984, en étant considéré durant toute cette époque comme représentant voltaïque.» Jugez-en vous-mêmes !

Le ministre Mabri pris de court

Ils sont nombreux les cadres de Danané qui n’ont pas apprécié la façon dont le vieux juge constitutionnel a procédé ce jour-là. En effet, de nos investigations, il ressort que le Dr Albert Mabri Toikeusse, actuel porte-étendard de la région du Tonkpi a été soigneusement tenu à l’écart de la rédaction de l’acte de reddition de Tia Koné. Pis, il a tenté, vainement, d’en avoir connaissance avant l’heure fatidique de la cérémonie. Ce refus poli de Tia Koné de montrer son discours à son jeune frère aurait décalé l’heure du début de cette rencontre de remise d’édifice. Qui a finalement eu lieu dans l’après-midi, alors qu’elle avait été prévue le matin. C’est seulement à une heure du début de la cérémonie que Tia Koné a fait lire son discours à Mabri. Pourquoi a-t-il eu cette attitude ? Que voulait-il cacher à Mabri et pourquoi ? Ces questions restent posées. Ce qui est sûr, Mabri a été pris de court.

La mémoire de Guéi souillée, le Tonkpi profondément divisé

Le discours de Tia Koné a réussi sans difficulté à diviser l’Ouest-montagneux encore nostalgique d’un certain Général Robert Guéi. En effet, c’est avec surprise et indignation que les populations de l’Ouest-montagneux analysent «la sortie» de route de Tia Koné. «Comment peut-il salir de la sorte la mémoire de celui qui l’a porté aux nues ? Pour combien Tia Koné crache-t-il dans le pot où il a mangé, hier ? Ha, la mort, Guéi est vraiment mort !», nous ont martelé des chefs coutumiers rencontrés à Glongoin et Voungoué, en marge des activités politiques de l’Udpci. Pour eux, Tia Koné fait honte à sa région. Pourquoi faut-il que ce soit toujours des cadres de l’Ouest qui se livrent en spectacle pour que Ouattara soit glorifié, s’est interrogé un groupe de cadres venus de Guiglo. Pour ces derniers, en s’attaquant à l’article 35 de la Constitution pour lequel la Côte d’Ivoire, sous le Général Guéi, est allée à un referendum, Tia Koné ne fait rien d’autre que souiller la mémoire de l’illustre disparu. «C’est injuste !», estiment-ils. On le voit, la sortie de Tia Koné fait encore des vagues. Elle pose même plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Osée Délamond, Envoyé spécial à Man
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