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Politique Publié le jeudi 28 février 2013 | Notre Voie

7ème jour de l’audience de confirmation des charges : La défense démontre l’absence d’un projet criminel conçu par Gbagbo

© Notre Voie Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
L’audience de confirmation des charges retenues contre le président était, hier, à son septième jour.

Comme elle le fait si bien depuis le début, la défense du président Gbagbo a mis à profit la journée d’hier pour non seulement montrer la faiblesse des preuves du procureur, mais aussi et surtout, prouver qu’il n’existait aucun plan commun mis en place par le président Gbagbo pour se maintenir au pouvoir en tuant les civils supposés proches d’Alassane Ouattara.

Il n’y a jamais eu «de plan commun», c’est-à-dire un projet criminel conçu par le président Gbagbo et qui aurait visé les partisans d’Alassane Ouattara et de façon générale la population civile pour se maintenir au pouvoir. En tout cas, tout au long de son Document contenant des charges (Dcc), le procureur de la Cour pénale internationale (Cpi) n’a pas réussi à le démontrer. C’est la conclusion à laquelle l’équipe de la défense du président Gbagbo est arrivée, hier, au terme d’une autre journée de plaidoirie.

Pour arriver à une telle conclusion, la défense s’est penchée les uns après les autres, sur les éléments de preuves apportés par le procureur pour soutenir son accusation. Il en va ainsi d’une fiche que le procureur a dit avoir retrouvée à la résidence présidentielle après l’arrestation du président Gbagbo. Selon le procureur, cette fiche rendait compte d’une réunion qui se serait tenue chez un ancien ministre, le 28 avril 2010, et qui évoquait un possible recours à des mercenaires. Malheureusement, selon la défense, le procureur, dans une volonté manifeste d’accabler le président Gbagbo, n’a pas pris la peine de révéler l’auteur dudit document. La défense a alors porté à la connaissance de la Cour qu’en fait, l’auteur de ce document n’était autre que le ministre Anaky Kobénan. Un adversaire déclaré du président Gbagbo dont personne en Côte d’Ivoire n’ignore le soutien qu’il a apporté au Rhdp depuis sa création en mai 2005. Selon les informations de la défense, ce document montre clairement que c’est le Rhdp qui voulait recruter des mercenaires.

Sur le prétendu surarmement des Forces de défense et de sécurité (FDS) restées fidèles au président Gbagbo et qui a fait dire à l’accusation qu’une cache d’armes avait été découverte au sous-sol de la présidence, la défense n’a eu aucune difficulté à démentir l’information d’autant plus qu’il est de notoriété publique que les Fds manquaient cruellement d’armes pour faire face aux agressions des forces rebelles coalisées. A ce stade de son développement, la défense s’est d’ailleurs étonnée que l’accusation affirme que les armes ainsi découvertes au palais présidentiel ont été remises par l’Onu aux Forces nouvelles.

Sur les prétendus trafics d’armes auxquels se seraient livrés le président Gbagbo et son régime, la défense a révélé que les enquêteurs de l’Onu avaient cité nommément les généraux Kassaraté et Brédou M’Bia. A l’époque des faits, respectivement commandant supérieur de la gendarmerie et directeur général de la police nationale. Or, a dit la défense, ces deux généraux n’ont jamais été inquiétés par les nouvelles autorités. Ce qui a fait dire que la loyauté de ces généraux était plus que douteuse. D’ailleurs, sur la question du surarmement des Fds, la défense a rappelé les accusations fantaisistes formulées à l’époque par la France et l’Onu contre les autorités biélorusses. Accusations qui avaient finalement été démenties par leurs auteurs qui avaient fini par présenter leurs excuses aux autorités de la Biélorussie.

Sur le point central de l’existence d’un groupe de personnes agissant de concert qui justifierait l’accusation de co-action indirecte portée contre le président Gbagbo, la défense a clairement montré que le procureur n’a jamais réussi à identifier les membres de ce groupe. Tantôt il parle de «commandants et des membres des forces pro-Gbagbo, y compris ce dernier», tantôt, il parle des «leaders de la galaxie patriotique», tantôt encore il parle du président «Gbagbo et de son entourage immédiat». Des termes aussi flous les uns que les autres. Ce qui a fait dire à la défense qu’un tel groupe n’a jamais existé.

Concernant les actes qui auraient constitué une contribution essentielle du président Gbagbo à la commission des crimes et qui pourraient justifier d’engager sa responsabilité personnelle, la défense a démenti les accusations du procureur selon lesquelles le président Gbagbo aurait appelé publiquement à recourir à la violence. La défense a rétorqué que l’accusation n’avait produit en soutien à son accusation aucune preuve. Ni interview, ni discours. C’est ainsi que la défense a balayé du revers de la main les allusions au slogan «On gagne ou on gagne» qui n’a jamais fait partie des slogans de la campagne du président Gbagbo.

Avant que la retransmission internet ne soit à nouveau interrompue, la défense, par la voix du Pr. Jacobs, s’est employé à démontrer, au plan technique, comment le procureur a été incapable de désigner précisément les membres du groupe auquel le président Gbagbo aurait appartenu, d’avoir fait apparaître clairement l’intention criminelle et d’avoir montré de façon incontestable la contribution du président Gbagbo.

En tout état de cause, pour la défense, il n’existe pas de motifs substantiels de croire que le président Gbagbo a commis les crimes qui lui sont imputés par le procureur. Tout simplement parce que le procureur n’a apporté aucune preuve irréfutable à ses accusations.

L’audience s’achève demain, avec, entre autres, l’intervention attendue du président Laurent Gbagbo. Croisons les doigts.

Guillaume T. Gbato
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