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Société Publié le lundi 4 mars 2013 | L’expression

Après la Guinée, le Ghana…, La Côte d’Ivoire est-elle en sécurité avec ses voisins?

Les litiges frontaliers qui opposent la Côte d’Ivoire ont été jusque-là réglés par la voie pacifique de la diplomatie. Mais pour combien de temps?
En mathématique, on dirait que la question des frontières est le Plus grand commun diviseur (Pgcd) des Etats africains. La quasi-totalité des pays du continent a au moins un litige frontalier qui l’oppose à un voisin. Les conflits provoqués par les désaccords frontaliers ne se comptent pas sur le continent depuis la proclamation des indépendances dans les années 1960. Ces crises naissent de la découverte des richesses naturelles situées de part et d’autre de la frontière. Le Cameroun et le Nigeria ont fait parler la poudre à propos de Bakassi, le Mali et le Burkina en sont venus aux armes en 1974 et 1986 à cause de la bande de l’Agacher, le Soudan et le Sud-Soudan ont fait la guerre etc. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à ce « classico » qui n’a pour l’instant pas débordé du cadre du règlement diplomatique. Dans les contentieux frontaliers qui l’opposent à ses voisins, le pays des Eléphants a toujours fait preuve de modération afin d’éviter un affrontement armé.
L’affaire de Kpéaba
Le village de Kpéaba, proche de la localité ivoirienne de Sipilou ( à une quinzaine de km de la frontière ), a été occupé le 25 janvier par des soldats guinéens, ce qui avait occasionné des incidents avec les habitants de ce petit village.
Selon plusieurs sources concordantes, les soldats guinéens y avaient retiré le drapeau ivoirien pour hisser celui de la Guinée au grand dam des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) impuissants devant la force de feu de leurs adversaires. Les autorités guinéennes ont récusé tout conflit frontalier, assurant qu’il ne saurait y avoir un quelconque différend territorial entre leur pays et la Côte d’Ivoire particulièrement le village de Kpéaba. Abidjan qui n’a pas souhaité envenimer la situation, a néanmoins exigé le retrait des soldats guinéens. Le 20 février, Alassane Ouattara a fini par hausser le ton pour ordonner le départ sans délai de ces troupes étrangères hors du territoire ivoirien. « Le chef de l’État a demandé le retrait des militaires guinéens de la zone », a expliqué d’une voix ferme Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement, à la fin de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. L’affaire n’est pas allée au-delà de ces déclarations, Abidjan et Conakry ayant décidé de se confier aux experts pour trancher la question. Les autorités de la Guinée et de la Côte d’Ivoire ont profité de la 42ème session des chefs d’Etat de la Cedeao à Yamoussoukro, pour aborder la question du différend territorial qui les oppose. Un communiqué publié à la suite de la rencontre des patrons de la diplomatie, Charles Koffi Diby et François Lounseny Fall, indique que les deux pays réaffirment « leur volonté de ne ménager aucun effort pour le renforcement des liens séculaires d’amitié et de fraternité qui existent entre les deux pays, au cours de cette réunion ». Les deux parties ont souligné l’impérieuse nécessité de parvenir à un règlement pacifique et durable de tout litige survenant le long des frontières communes. Les deux ministres ont convenu « du retrait de leurs forces respectives de la zone frontalière objet du litige et de la création d’une commission conjointe, comprenant les représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur, en vue de la matérialisation de la frontière entre la Côte d’Ivoire et de la Guinée. En 1997, des soldats guinéens avaient franchi la frontière pour s’installer à Kpéaba. Mais ils ont été désarmés, puis reconduits à la frontière par des gendarmes venus en renfort à la brigade de Sipilou. Autre pays, même ton modéré.
La « guerre » du pétrole avec le Ghana
Le « derby » qui oppose le pays des Eléphants à celui des Black Stars ne se déroule pas au Félicia ou au Stadium d’Accra mais sur la lagune qui sépare le deux pays. L’affaire est née de la découverte et l’exploitation du champ pétrolier de Jubilée par le Ghana, une portion de territoire que la Côte d’Ivoire revendique être la tienne. Le différend a éclaté sous les soleils de la refondation en mars 2010. Laurent Gbagbo a vite dépêché on ministre des Mines et du Pétrole, Augustin Comoé, à Accra pour rassurer son voisin sur sa volonté de régler cette question sous l’arbre à palabres. Le ministre ghanéen, Collins Dauda, a mis le feu aux poudres en déclarant qu’Abidjan réclame une partie de l`espace maritime national. La Côte d’Ivoire réclame sa paternité sur le champ pétrolier en question et entend déployer ses propres installations pour l’extraction du pétrole. Les deux pays ont déjà saisi la commission de l’Organisation des nations unies en charge des délimitations maritimes sur la question en vue de parvenir à un règlement pacifique. Ils ont également mis en place une commission mixte de délimitation des frontières. La commission mixte a entamé, le 27 avril 2010 à Accra, ses travaux pour fixer les modalités des négociations entre ces deux pays voisins, l’objectif principal étant de trouver un accord pour éviter un conflit pétrolier. Abidjan a brandi une preuve de la démarcation des frontières effectuée par le colon français. La portion litigieuse regorge de l’or noir estimé à des millions de dollars. Elle a été découverte par les compagnies pétrolières russe « Lukoil » et américaine « Vanco » Energy'. Selon les estimations des analystes, le gisement pourrait produire environ 100.000 barils par jour dans le courant de cette année pour atteindre les 200.000 barils par jour au bout de cinq ans. Mais les régimes Ouattara et John Dramani, on a préféré jouer balle à terre en mettant en exergue les relations séculaires entre les deux voisins. Daniel Gnangni, le directeur général de la Société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire (Petroci) a déclaré à des journalistes ghanéens qu’il est optimiste que le différend frontalier entre les deux pays voisins sera réglé dans les plus brefs délais. « Le Ghana et la Côte d'Ivoire sont des pays frères et notre désir est que peu importe la richesse que nous trouvons sur notre frontière commune, nous avons bon espoir que nous allons chercher à résoudre ce litige dans un cadre paisible et amical », a-t-il déclaré. Les autorités ghanéennes ont pensé à un arbitrage international mais ont aussi envisagé la réactivation des travaux de la Commission nationale frontalière pour déterminer la superficie du Ghana et ses frontières maritimes, y compris la zone contestée. « Le Ghana n'entrera pas en guerre avec la Côte d'Ivoire sur le différend territorial » a déclaré Baba Jamal, vice-ministre de l'information sur les antennes de la télévision nationale ghanéenne en avril 2010. Il a indiqué que le gouvernement de son pays veut rassurer aussi bien les populations ghanéennes qu'ivoiriennes que « tout ce qui pourrait faire basculer la cohabitation pacifique entre la Côte d'Ivoire et le Ghana sera évité ». Baba Jamal a affirmé que malgré l'interdiction imposée sur les opérations des compagnies pétrolières ghanéennes par le gouvernement ivoirien et toute la tension qui entoure la question, « le Ghana va utiliser la voie de la diplomatie pour régler son différend frontalier » avec la Côte d'Ivoire. On le voit, la diplomatie a permis d’éviter la guerre entre la Côte d’Ivoire et ses voisins.

Nomel Essis
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