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Société Publié le jeudi 28 mars 2013 | Le Patriote

Interview / Kouyaté Abdoulaye (Chef de Cabinet du Ministre Kandia), à propos de la ponction salariale des enseignants : “Rien n’est officiel, c’est au stade de rumeurs”

Des enseignants se sont encore illustrés de la façon la plus triste. Ils ont perturbé le déroulement des examens blancs lundi dernier, dans certains établissements du pays. Dans cet entretien, le Chef de Cabinet du Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique, Kouyaté Abdoulaye, se prononce sur la ponction salariale des enseignants grévistes.

Le Patriote : Il revient de façon récurrente qu’il y aurait eu des ponctions sur les salaires des enseignants grévistes. Qu’en est –il exactement ?
Kouyaté Abdoulaye : Depuis quelques temps, notamment en milieu du mois, des informations font état de ce qu’il y aurait des ponctions sur les salaires des enseignants. Je dois dire que jusqu’à ce que les salaires soient virés, cela reste encore des rumeurs. Parce que tout simplement, les salaires ne sont pas encore virés. C’est lorsque ces salaires seront virés et que les enseignants auront retiré leur bulletin de solde, en prime l’effectivité de la ponction, c’est en ce moment alors qu’ils peuvent grogner ou se mettre en mouvement. Mais jusque là cela, c’est à l’état des intentions. Personne ne peut affirmer qu’il y a une ponction sur les salaires parce que les bulletins de solde ne sont pas encore disponibles. Et cela pose aujourd’hui le problème de la confidentialité de nos structures financières.

LP : Comment expliquez- vous alors les mouvements d’arrêt de travail de certains enseignants ?
K.A : Ce sont des enfantillages ! C’est inconcevable qu’ils se mettent en mouvement alors que les virements ne sont pas encore faits. En tout état de cause, si tel est le cas, avant de se mettre en grève, il y a une procédure à respecter. Pour ce qui concerne le Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique (MENET), la structure telle que le Conseil Consultatif de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique (CCEN) est la première structure à contacter. Je crois que c’est à cette structure que les syndicats doivent s’adresser pour poser leurs problèmes. S’il n’y a pas de solutions, on remonte au Cabinet (soit le Directeur de Cabinet, Directeur de Cabinet Adjoint ou le Chef de Cabinet). Ces derniers reçoivent les syndicats pour échanger avec eux sur les différentes préoccupations. Le Ministre est informé de toutes ces démarches. C’est lorsqu’il n’y a pas de solutions que les syndicats prennent attache avec le Ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique. Puis, le Ministère de la Fonction Publique et de la Reforme Administrative. Et quand les syndicats auront rencontré le Premier Ministre et que les négociations n’auront rien donné, c’est en ce moment qu’ils peuvent observer la grève.

LP : La grève observée par l’Intersyndicale du Secteur Education / Formation (ISEF) a-t-elle respectée toutes les dispositions?
K A : Non. L’ISEF n’a pas respecté toutes les dispositions en vigueur. Et ces syndicats n’avaient pas été reçus par le chef du Gouvernement quand ils ont lancé leur préavis de grève. La grève est reconnue par la constitution ivoirienne. C’est un droit. Mais autant vous avez le droit de vous mettre en grève, donc de ne pas travailler, autant vous n’avez pas le droit d’empêcher les autres d’aller travailler, vous n’avez pas le droit de faire du vandalisme. En ce moment là, on sort du caractère syndical. L’affaire devient en ce moment juridique.

LP : A vous entendre, rien ne justifie l’arrêt de travail de certains ?
KA : Non, rien ne justifiait cet arrêt de travail de ces enseignants qui prétextent avoir eu vent d’une ponction de salaires. C’est un arrêt de travail infondé et injustifié. Ils n’ont aucun élément palpable et officiel qui puisse leur permettre de se mettre ne grève. Lorsque les salaires seront virés et qu’ils seront en possession de leurs bulletins de solde, alors en ce moment, ils peuvent se mettre en mouvement. Nous sommes aujourd’hui le 26 mars (Ndlr : jour de l’interview). Les virements ne sont pas encore faits. Quand bien même qu’on se mette en mouvement, les procédures doivent être respectées. Ces mouvements de grève sont injustifiés. Le gouvernement a fait des promesses, le 17 Novembre 2012, concerant leurs revendications. A ce jour, bon nombre de ces revendications ont été satisfaites.

Notamment le paiement des indemnités contributives de logements, les paiements des indemnités diverses. Et le gouvernement a pris l’engagement par rapport au glissement indiciaire relatif au profil de carrière de payer le 31 mars 2013, le reste des 25%. En tout cas, nous avons appris que ces 25 % sont en train d’être positionnés. Ce, avec un rappel des mois de janvier, février et mars. Si tant est qu’il y a une ponction de salaires, les enseignants n’auront rien à perdre. Puisqu’ils auront une compensation avec le rappel de ces bonifications indiciaires. En syndicalisme, tout syndiqué doit savoir que quand il observe une grève, il doit s’attendre à une ponction salariale ou une suspension de salaires.

Parce que tout travail mérite salaire, et sans travail, il n’y a pas de salaires. Si des syndicats décident d’aller à la grève qu’ils s’attendent à une ponction ou une suspension de salaires. Il ne doit pas y avoir des mouvements ou des arrêts de travail pour cela. L’Etat, par sa magnanimité, peu user de son pouvoir discrétionnaire comme le faisait, feu Félix Houphouët Boigny, de reverser les salaires qu’il a suspendu.

LP : Les salaires subissent- ils des ponctions lorsque la grève est légale ?
KA : Si, même quand une grève est légale, il y a des ponctions de salaires. C’est pourquoi, les salaires sont virés à la fin du mois, pour constater effectivement le travail fait.

LP : Soutenez-vous que les ponctions n’ont pas été faites ?
KA : Tant que les enseignants n’ont pas reçu l’information officielle de ce qu’il y aurait une ponction, ils n’ont pas le droit d’observer un arrêt de travail. C’est ce qui fait l’officialisation de la chose, c’est le bulletin de salaire.

LP : Les examens du Bac blanc, ont connu des perturbations lundi dernier. Quels risques encourent les enseignants qui se sont donnés à de tels actes ?

KA : Il y a des dispositions qui sont prises. Nous sommes fermes sur le fait que quand il n’y a pas de travail il n’y a de salaires. Nous allons sécuriser les établissements à partir de maintenant. Si vous molestez quelqu’un, incendiez un établissement ou si vous fermez un établissement d’enseignement scolaire, vous sortez totalement du cadre de la grève. Ce, pour devenir, un problème de droit commun. Et à partir de cet instant, vous aller subir la rigueur de la Loi.

LP : Qui, du Ministère de l’Education Nationale, de la Fonction Publique et de l’Economie et des Finances est habilité à ponctionner les salaires des enseignants?

KA : Nous, en tant que Ministère technique, nous sommes les utilisateurs des enseignants. Mais c’est le Ministère de la Fonction Publique qui gère les enseignants, car nous sommes tous fonctionnaires. Etant donné que la grève a entrainé une perturbation au niveau du fonctionnement du ministère de l’Education, la Fonction Publique se saisit du dossier. Et en accord avec le Ministère de l’Economie et des Finances, prend la sanction. Et le ministère de l’Economie et des Finances n’est qu’un ‘’exécutant’’ du ministère de le Fonction Publique. Nous sommes tous gérés par le Ministère de la Fonction Publique. C’est dire qu’une décision de ponction de salaires ne se prend pas sur un coup de tête.

Anzoumana Cissé
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