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Faits Divers Publié le mercredi 10 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique : Le blog de Yehni Djidji «HOMOS CUMULARDS»

«Le même gars il est ministre, député-maire, souvent même Président. A lui seul, il veut gérer tout ça oh ! Même chauffeur de Gbaka, il a apprenti».
Ainsi va une vieille chanson du groupe Zouglou Espoir 2000. Et pourtant, elle est tellement d’actualité. Municipales et Régionales 2013, des visages bien connus de la sphère politique sont encore dans la course au pouvoir. Les uns sont « célèbres » puisqu’ils occupent déjà plusieurs fonctions importantes au niveau de l’Etat, les autres le sont parce qu’ils ont fait 10, 20 ou 30 ans et plus à la tête d’une commune. Pour dénoncer ce délit de « gourmandise », « d’égoïsme », comme ils le disent, des internautes ont lancé l’opération « non au cumul ». Non au cumul, pour ceux qui ne sont pas usagers du réseau social Twitter, c’est l’espace d’expression de ceux qui refusent que l’homo sapiens devienne un « homo cumulard » de postes et de mandats. Il faut remarquer que cette fronde a commencé plusieurs mois avant le dépôt officiel des candidatures, avec des incitations à voter systématiquement l’adversaire, des articles virulents, des commentaires cinglants, des pétitions...En vain, comme le démontre la liste des candidatures 2013. Cependant, notons que les adeptes du cumul ont également leurs arguments qui méritent d’être entendus, quand bien même cela serait pour mieux les fouler du revers de la langue selon notre point de vue. Pour eux, peu de citoyens s’engagent pour leurs communes. Si on refuse le cumul, certaines localités seraient sans candidats. En outre, la quantité de responsabilité n’est pas le problème, mais c’est plutôt la compétence du cumulard et sa capacité à suivre ses deux ou trois lièvres à la fois qu’il faut étudier. Comment faire cette étude comparative puisqu’on ne peut pas prendre à l’essai tous les candidats avant de choisir ? On se base alors uniquement sur l’existant et les paroles. Et la population, cette brave population qui sait bien que : « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », préfère la proie à l’ombre. Le cumulard est expérimenté, soutenu par un parti politique et avec souvent, un gabarit financier tout à son avantage. Il a fait quelques erreurs dans le passé mais manie la parole avec assez de dextérité pour faire oublier ses manquements. Et la population sentimentale qui sait que « les vieilles marmites font les meilleures sauces » hésite à se lancer dans une nouvelle expérience culinaire qui peut lui valoir une indigestion. Quelques billets de banques, quelques gadgets, quelques encouragements du parti politique saupoudrés par l’appartenance au même groupe ethnique, à la même religion, au même quartier que le candidat, mettent fin à ses tergiversations. A bas le programme futuriste, savamment travaillé. Il importe peu et est tout juste bon à emballer les beignets. Ceux qui comptent donc sur la population pour sanctionner par les urnes les « homos cumulards » de 2013 peuvent très bien repasser à l’horizon 2020 où nous l’espérons, la Côte d’Ivoire deviendra « pays émergent » avec une population instruite, rationnelle, sachant se projeter dans un avenir bénéfique à toute la communauté et non dans un présent éphémère et égocentré. En effet, ce refrain d’émergence qui ponctue chaque couplet de discours, de communiqué et de communication ne peut se faire sans un travail de fond sur la population au risque qu’elle soit le maillon faible de la chaîne. Pour mettre fin au cumul des postes, il y a donc deux cas, comme dirait l’autre. Soit une loi est votée pour interdire cette pratique légale, soit on compte sur le ras-le-bol de la population pour décider dans les urnes de ne pas voter ce candidat aux épaules déjà chargées, ce candidat qui ne vit pas dans la commune et la région qu’il convoite, mais plutôt ses adversaires. Cette seconde option comporte cependant des risques. Faut-il vraiment changer pour changer, même quand les autres personnes en compétition contre le « cumulard » ne font pas le poids ? Qu’est-ce qui de façon rationnelle peut déterminer ce poids justement ? Le programme (encore lui) solide (qu’ils mettront en œuvre ou pas) et les actions concrètes et existantes prêchant en leur faveur ! Les actions concrètes parce que nul besoin d’être Président, ministre, député, maire… pour servir son pays. Qu’est-ce que les adversaires du cumulard ont fait quand ils étaient encore dans l’anonymat ? Il ne suffit pas de commencer à saluer la population quelques mois avant l’élection, lui souhaiter les vœux les meilleurs à toutes les fêtes, investir dans un acte charitable hautement médiatisé, pour se faire élire ! Nous sommes vraiment dans un cercle vicieux, un engrenage rouillé et truffé de grains de sable mais de deux maux, on doit choisir le moindre.
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