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Région Publié le mardi 14 mai 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Brahima Doumbia (chef du bureau Addr Korhogo) aux ex-combattants de Bouaké : ‘‘Qu’ils arrêtent de rêver’’

M. Brahima Doumbia est le chef du bureau de l’ADDR de Korhogo. Quelques jours après la réintégration de certains ex-combattants de Bouaké et de Korhogo dans la vie socio professionnelle, il fait le point. Du soulèvement des démobilisés de Bouaké, deal dans le processus de réintégration, il fait le grand déballage dans cet entretien qu’il nous a accordé.
Le vendredi 25 avril, vous avez permis à 735 ex-combattants de relever le défi de la réussite des reconversions. Pour vous, quel était le sens de cette cérémonie ?
C’était un signal fort, parce que ce levier est très important pour le Président de la République. Ce sont des ex-combattants, des personnes qui connaissent le maniement des armes à feu, qui aujourd’hui ne sont nulle part. L’ADDR a donc été créée pour eux. Contrairement aux autres structures, il faut faire du concret. C’était donc le lancement officiel de nos activités qui a pour objectif final, l’intégration. Voilà donc pourquoi cette journée est une journée très importante pour la direction régionale de l’ADDR.

Ces derniers temps, les ex-combattants de Bouaké sont en colère contre votre structure. Or à Korhogo, vous semblez être plus à l’abri. Quels sont vos rapports avec les ex-combattants ici à Korhogo, pour bénéficier de cette accalmie ?
Tout d’abord, nos locaux leurs sont ouverts. Nous sommes à leur écoute. Nous avons trouvé ici à Korhogo un schéma directeur que nous respectons, nous saluons à cet effet le commandant Fofié Kouakou Martin, qui durant les sept années pendant lesquelles les ex-combattants ne savaient pas à quel saint se vouer, il a réussi à les encadrer. Nous sommes donc venus trouver une organisation parfaite, à laquelle nous avons apporté notre part. C’est donc au nom de notre structure l’ADDR que nous sommes venus apporter de l’espoir, d’abord étant convaincu des mérites de l’ADDR, sinon nous ne serions pas présents dans la région. Car il y a beaucoup plus à gagner à Abidjan.

Vous dites avoir trouvé un schéma directeur parfait sur place. Mais certains ex-combattants disent qu’ils sont en marge de toutes les décisions et ne jamais être informés de toutes les opérations et qui par ailleurs apprennent dans les coulisses que les recrutements se font. Revenant sur ce point, la communauté internationale s’en est fait l’écho. Il ressort que des places seraient même vendues à d’autres jeunes qui n’ont jamais manié une arme à feu, même au sein d’un quelconque groupe d’auto-défense, ou des Fafn. Qu’est-ce qui se passe donc et comment comptez-vous communiquer avec ses ex-combattants ?
Tout d’abord, il faut faire la part des choses. Je suis Doumbia Brahima. Je suis le chef du bureau régional Addr de Korhogo, qui a été installé le 21 janvier 2013. Déjà, de passage, je vous avais signifié avoir trouvé une organisation en place, dans laquelle les ex-combattants se sont eux-mêmes regroupés et ont trouvé un porte parole. Le recrutement dont il s’agit tant concerne le recrutement à la douane et qu’ils sachent par ailleurs qu’à Korhogo, il n’y a pas eu de place vendue. Les listes qui me sont parvenues, ont été signées par le commandant Fofié, ainsi que par leur porte-parole. Aussi sachez que chaque ex-combattant est profilé en ce qui concerne Korhogo. D’ailleurs, se sont les premiers profilages qui tiennent la route aujourd’hui ici à Korhogo. Je ne peux donc pas juger Bouaké où les autres localités. Mais en ce qui concerne Korhogo, vous pouvez rester tranquille, aucune place n’a été vendue. Revenant sur la question de savoir que certains ex-combattants semblent ne pas être informés, je ne rejette donc pas en bloc cette critique, mais je pense que mon service communication est à la tâche. Le cas de Korhogo est un peu particulier. Ici, nous n’avons que les radios locales. Nous avons des réunions, tenez-vous bien, d’ici deux semaines, nous avons deux missions, une qui part vers Boundiali et une autre vers Ferké, rien que pour rencontrer les ex-combattants dans toutes leurs entités et leur expliquer quelles sont les opportunités que leur offre l’ADDR.

Pour vous, le dialogue permanent avec ces jeunes permet de trouver une solution à toutes leurs difficultés ?
Evidemment, nous n’imposons pas de projet à un ex-combattant. Nous avons des projets que nous leur soumettons, mais si un d’eux ne s’y retrouve pas, qu’il dise vouloir faire autre chose, si son choix s’inscrit dans notre gamme de projets, nous ne voyons pas en quoi cela dérangerait. Avec nos services qui s’occupent des études de projets, nous étudions ensemble son projet, s’il est fiable, nous n’y voyons aucun inconvénient. Pour nous, la seule condition est que vous soyez un ex-combattant et pour le prouver, il faudrait être tout simplement profilé avec une attestation, afin d’être pris en compte dans nos fichiers. Car comme vous le savez, il y a une base de données au niveau de chaque direction régionale. Chaque liste est d’abord envoyée à la direction régionale, qui valide à partir des données à Abidjan, ce qui nous permet de mettre à jour nos données. Soyez donc rassurés. De toutes les façons, la vérité finira par voir le jour, puisque bientôt, tous seront dans des centres. Si un individu s’y trouvant ne sait pas manipuler une arme, il devra répondre de la provenance de sa carte de démobilisé. Mais en ce qui me concerne, je suis convaincu qu’à Korhogo, il n’y a pas eu de fraude.

Monsieur le chef de service, quels sont les critères de réintégration où d’intégration des ex-combattants démobilisés dans la mesure où tout le monde n’a pas eu à manier les armes ?
Tout d’abord, je vais répondre à la deuxième question pour être plus concret. A Korhogo, il y a eu des éléments de la Centrale [régie financière de l’ex-rébellion]. Ceux-ci ont été profilés. Ce sont aussi des ex-combattants. A mon sens, je n’ai pas ce cas de figure. J’estime qu’un problème qui n’est pas dans ta zone de compétence, tu ne peux y trouver une solution. Depuis que nous avons pris fonction ici, nous avons reçu 22 ex-combattants venant de Sinématiali. Nous leur avons posé la question de savoir s’ils se sont fait profiler. A cette question, ils ont répondu s’être profilés, mais qu’ils étaient des éléments de la Centrale qui était elle aussi une structure des Forces Nouvelles. Par conséquent, nous n’avons donc pas de problème à ce niveau. Mais ce que je peux vous dire, l’ADDR a été créée après dissolution de toutes les structures qui faisaient de la réinsertion. L’ADDR, c’est le Conseil national de sécurité avec comme chef de file, le Président de la République S.E.M. Alassane Ouattara. Je pense que ce nom seul permettra de croire à notre affaire.

Quel appel justement à lancer à l’ensemble des démobilisés ivoiriens qui attendent de voir se réaliser le vœu de se retrouver réintégrés ?
D’abord, que les ex-combattants croient en l’ADDR. A mes amis puisque je suis moi-même un ex-combattant, à mes amis de Bouaké, qu’ils arrêtent de rêver et s’inscrivent dans la logique de tous les ex-combattants de Côte d’Ivoire. On entend par là, les groupes d’autodéfenses, les miliciens, les ex-Fafn, en somme, tous ceux où celles qui ont eu à manipuler des armes à feu. Ils sont au nombre de 64000 qui ont été répertoriés. C’est un rêve de réclamer 40 millions de FCFA. C’est à la limite inadmissible. Sur cette base, quelle somme réclameront les différents chefs ? Nous estimons qu’ils sont manipulés par des mains occultes. Je peux vous dire que tôt où tard, ces manipulateurs seront mis à nu. Que chacun pense à sa vie et à ce qu’il peut apporter à la construction de l’édifice nouveau qu’est l’ADDR. Un schéma a été proposé par le Président Alassane Ouattara. J’invite tout le monde à s’inscrire dans la logique de l’ADDR. Qu’ils se mettent en coopérative ou par individu, que tous sachent que chacun aura sa part. Qu’ils sachent aussi que personne ne prendra la part de qui que ce soit sur les 64000 ex-combattants. Pourquoi donc faire autant de bruit ? Qu’ils se ressaisissent et qu’ils reviennent à la raison. Qu’ils pensent à leurs familles et aux souffrances que nous avons vécues pendant 10 ans. Nous avons assez souffert pour terminer dans l’incompréhension. Nous devons donc comprendre la situation. De toutes les façons, 5 millions de FCFA ne peuvent pas être attribués à chacun des 64000 ex-combattants. Qu’ils fassent un calcul et très vite ils se rendront compte que c’est impossible. Si à eux seul, il est attribué 5 millions de FCFA, combien seront attribués aux médecins, aux enseignants, en somme, aux fonctionnaires ? Les ex-combattants n’ont pas été les seuls sur l’autel du sacrifice. Plusieurs autres ont participé au sacrifice autrement, sans avoir pris d’arme. D’autres qui n’ont pas pris d’arme mais ont perdu tous leurs parents, combien ceux-là demanderont-ils ? Pendant la crise et avant l’arrestation de M. Laurent Gbagbo, combien sont ceux qui ont perdu la vie à Abidjan ? Quelles sommes demanderont ces personnes ? Soyons donc tous réalistes. Aujourd’hui, le Président de la République a entendu nos cris de cœur, de détresse et personnellement, il a décidé de prendre les taureaux par les cornes. A cet effet donc, je voudrais inviter à se ressaisir, la violence ne résout aucun problème.

Il y a 64000 ex-combattants que vous devriez réinsérer, alors que vous avez un mandat de deux ans. Il vous reste un peu moins de 18 mois. Alors est-ce que l’ADDR que vous représentez sera prête à accomplir sa mission de réinsertion dans le temps ?
Tel est notre objectif. D’ici à décembre 2013, nous devons être à 30.000 ex-combattants. Voilà le challenge que le docteur Sarassoro a indiqué au niveau des différentes directions régionales. Donc chaque directeur régional doit s’investir pour la réussite de ladite mission. A notre niveau ici à Korhogo, nous avons actuellement 3800. Jusqu’en fin mai, il faudra être à 1500, car j’ai cette chance qu’ici à Korhogo, les ex-combattants savent ce qu’ils veulent. Et sont tous d’accord avec moi que le Président de la République ne peut pas octroyer la somme de 5 millions à chacun. Nous avons pour le moment un objectif, celui des 30.000 avant décembre 2013. Pour cela, chaque directeur régional met la main à la pâte, pour faire en sorte d’être au-delà de son quota.

Réalisée par Bosco de Paré à Korhogo
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