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Société Publié le mardi 28 mai 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Namon Coulibaly, Directeur des projets et des travaux d’entretien routier: ‘‘Ça ne sert à rien de réparer toutes les routes’’

La dégradation des routes nationales est un secret de polichinelle. Tant les infrastructures sont devenues vétustes. A ce propos, le Directeur des projets et des travaux d’entretien routier, M. Namon Coulibaly.

Monsieur le directeur, quel est l’état des lieux du réseau routier?
L’état des lieux du réseau routier, c’est un peu à l’image du réseau routier d’un pays en sortie de crise. Où pendant, plus d’une décennie, il n’y a pas eu d’entretien conséquent du réseau routier. De façon générale (que ce soient les routes bitumées ou non bitumées) les routes sont globalement dans un état assez difficile. Depuis quelque temps, nous avons démarré un certain nombre de chantiers. Ceux-ci ont pour objet d’améliorer cette situation.

La côtière est devenue impraticable. Que s’est-il vraiment passé ?
Je pense qu’il faut se rappeler que les premiers tronçons de la côtière ont été achevés autour de 1986. Donc de 1986 à maintenant, il y a quand même 27 ans. Elle a été aménagée de façon progressive. Vous avez la section Bereby-Tabou qui s’est achevée, fin 1986 à fin 1987. Et les autres tronçons, ont commencé à être achevés au fur et à mesure. Donc, la côtière n’est pas aussi jeune que ça. La deuxième remarque à faire, c’est que le Sud Ouest est une zone très pluvieuse. Et la côtière longe la côte dans les zones particulièrement difficiles du point de vue qualité de matériaux géotechniques. Il faut aussi se rappeler le boom économique qui avait eu lieu autour de la période de la dévaluation. Ceux qui peuvent donner les statistiques sur l’économie, diront par exemple que les camions transporteurs de grande quantité de ciment, de bois qui transitaient par la côtière pour relier Abidjan étaient nombreux. Cette route était très sollicitée. Il y avait aussi le manque d’entretien. La structure (l’épaisseur du bitume, Ndlr) qui avait été retenue pour cette route n’était pas une structure robuste. Mais ce qu’il faut aujourd’hui faire, c’est d’assurer l’entretien pour les sections qui peuvent encore être entretenues. Et puis, renforcer les sections qui ont besoin d’être renforcées. Généralement, la plupart de ces routes ont une durée de vie d’environ quinze ans. Si les prévisions des trafics qui sont faits pour quinze ans passent en deux ans, vous verrez que la route se dégradera très vite.

Est-ce que selon vous, la côtière a vécu selon les prévisions du trafic qu’il fallait ?
Il y a eu des dégradations plus ou moins précoces sur certains tronçons. Comme, je vous le disais, il y a des tronçons qui ont 26 ans aujourd’hui. Les dernières sections ont été achevées à la fin 1992. Donc de 1992 à maintenant, il y a quand même 21 ans.

La côtière devrait être rénovée. Mais, l’on constate que, ce sont des actions de réparation de nids de pouls qui sont entreprises...

C’est tout le réseau revêtu qui est dans un état de dégradation avancée. Les voies sont dimensionnées pour quinze ans, voire vingt ans. Depuis 1998, combien de routes ont été construites ? Elles ont toutes dépassé leur durée de vie. Si, on veut faire le renforcement intégral de ces routes, vous allez parcourir 100 kilomètres sur une bonne structure et dès que vous arrivez à la fin de ces 100 kilomètres, vous allez rouler à 20 kilomètres à l’heure, car, les conditions ne seront plus bonnes. C’est pourquoi, nous avons mis une stratégie en place en attendant les travaux des projets lourds. Et qui demandent un certain temps de montage. Il faut essayer de parer au plus pressé, en permettant la circulation sur les routes. Le cas de la côtière, pour ceux qui avaient pour habitude de passer là-bas, témoigneront qu’ils gagnent deux ou trois heures par rapport à l’état dans lequel se trouvait la côtière, il y a quelques années. Pour l’instant, on fait la réparation localisée. Et puis, ces projets se réalisent lentement. Nous avons l’exemple, de la route d’Adzopé où nous avons mis deux ans pour la terminer. Peut-être, on en fera moins dans d’autres localités, mais c’est quand même assez lent. On ne peut pas attendre d’être prêt pour faire le renforcement intégral. Donc, il faut parer au plus pressé pour que les routes soient un peu praticables.

La réparation des nids de poule est-elle avantageuse et rassurante ?
Le problème n’est pas le nid de poule qu’on répare à l’instant même. La réparation des nids de poule durera longtemps. Mais en général, les routes ivoiriennes ont atteint un niveau de dégradation très avancé. Ce qui fait que quand vous réparez un nid de poule, à côté, d’autres nids se creusent. Dans tous les cas, c’est moins grave que de ne rien faire du tout.

Car, ces actions de réparation permettent à ce que les routes soient à un niveau de service acceptable, avant que les réparations lourdes et lentes de réparation intégrales se fassent. L’objectif, ce n’est pas de faire les réparations et puis abandonner. L’objectif, c’est d’améliorer l’état de service par rapport à ce qui était. Abidjan-San-Pedro où on gagne plus de 2 heures. C’est ça qui est notre objectif aujourd’hui. Donc, ça ne sert à rien de réparer toutes les routes, et puis devant, vous allez vous arrêter. De plus, le réseau est très vaste, 6500 kilomètres, on ne peut pas faire le renforcement intégral, en même temps. Il nous faut mettre en l’état ce qui peut l’être par les réparations. Nous travaillons pour faire gagner du temps à tous les usagers.

La Côte d’Ivoire rêve de devenir un pays émergent en 2020. Quelle est la place de la route ?
Quand on dit aller vite, c’est relatif. Lorsqu’on prend le cas de la voirie d’Abidjan, nous avons réparé une bonne partie des nids de poule. C’est devenu relativement circulable. Les actions se clôturent, mais il y a d’autres nids de poule qui se créent. C’est le même schéma qu’on observe sur l’ensemble du territoire. On ne commence pas tout de suite pour atteindre la vitesse de croisière. C’est une grosse machine. Elle démarre doucement. Et lorsqu’elle sera à sa vitesse de croisière, les travaux réalisés seront de plus en plus visibles. Si vous effectuez des voyages à l’intérieur du pays aujourd’hui, vous verrez les travaux qui se font sur nos routes bitumées et non bitumées. Progressivement, tout remontera à la surface pour que ça soit plus visible pour tout le monde. De plus, je pense qu’il faut développer la culture de l’entretien. On ne valorise pas suffisamment la culture de l’entretien. On pense qu’il faut toujours tout renouveler. Dès qu’il y a de petits problèmes, on renouvelle tout. La stratégie, c’est d’agir intelligemment pour utiliser au mieux les ressources. Les villes s’étendent. Il va falloir faire de nouvelles voiries. Les anciennes, il faut les entretenir.

OGD
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