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Politique Publié le mardi 4 juin 2013 | Le Patriote

Quand la CPI dribble ses détracteurs

“Tel est pris qui croyait prendre ». C’est par ce proverbe que l’on peut décrire la gifle magistrale qu’a administrée hier la Cour pénale internationale à tous ces détracteurs. Les juges de La Haye ont décidé de reporter leur verdict dans l’affaire opposant le procureur de la CPI à l’ancien chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo. Les magistrats de la CPI n’ont ni infirmé ni confirmé les charges retenues contre l’ancien homme fort d’Abidjan. Ils ont pris la décision d’ajourner leur verdict pour, disent-ils, permettre au Bureau du procureur d’apporter des éléments de preuves supplémentaires. Car ils estiment qu’ils en ont besoin pour décider si Laurent Gbagbo doit être décidé juger ou pas. Certains esprits malins – surtout du côté des partisans de l’ex-chef d’Etat – ont vite fait de voir dans cette décision une reculade. Mieux, à Abidjan et dans certaines capitales africaines, on a commencé à jubiler. Parce qu’on a pris cette décision comme un signe annonciateur d’un futur élargissement de Laurent Gbagbo. Mais c’est mal connaitre les juges de La Haye. Dans l’affaire Laurent Gbagbo contre le procureur, la partie s’annonce serrée. La Cour pénale internationale a été, malgré elle, entrainée dans une partie de poker menteur par ceux qui n’ont pas intérêt qu’elle existe. A travers l’affaire Laurent Gbagbo, deux camps s’affrontent. Ceux qui se battent pour que les droits des victimes ne soient plus piétinés comme cela a été le cas pendant longtemps. Et ceux qui espèrent toujours continuer de détruire des vies sans être inquiétés ou protéger les criminels selon leurs intérêts du moment. Ces derniers, depuis le commencement de la procédure contre le président Laurent Gbagbo, ont décidé de discréditer la Cour de La Haye en la faisant passer aux yeux de l’opinion pour une juridiction politique chargée de punir tous ceux qui s’opposent aux intérêts de l’Occident. C’est d’ailleurs sur cette vague que surfent, depuis le début du procès, les avocats de Laurent Gbagbo. Ces derniers temps, à quelques heures de sa décision sur la confirmation des charges, la Cour n’a jamais été aussi mis sous pression par les tenants de cette thèse. Au dernier sommet de l’Union africaine commémorant les cinquante ans de l’organisation panafricaine le 25 mai dernier à Addis Abeba, certains chefs d’Etat africains sont allés jusqu’à taxer la juridiction pénale internationale de « racisme ». Coupables à leurs yeux de ne poursuivre que des dirigeants du continent. Ces accusations graves ont obligé le très discret président de la CPI, le juge Sang Hyun-Song, à sortir de sa réserve. « La CPI opère strictement dans le cadre du mandat et cadre juridique créé par le Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour, et ne peut pas prendre en compte des facteurs politiques. Ses décisions sont prises de façon indépendante sur la base du droit et des preuves disponibles et ne sont pas fondées sur des considérations régionales ou ethniques », a protesté le président de la CPI dans une déclaration publiée le mercredi 29 mai dernier. Le même jour, la procureure de la Cour, la juge Fatou Bensouda a accusé les pourfendeurs de l’institution de vouloir protéger les bourreaux. « Les vraies victimes sont les victimes de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, pas ceux qui commettent ces crimes », a répondu Mme Bensouda aux accusations venues d’Addis Abeba. En outre, à la veille du verdict, Me Dov Jacobs, l’un des avocats de Laurent Gbagbo, à travers un tweet posté le vendredi 31 mai dernier, décide de jeter le discrédit sur la CPI. «Je viens juste d’apprendre qu’il existe dans des affaires juridiques, des dimensions politiques…Mes illusions sont brisées», écrit-il sur Tweeter. Ce tweet assassin ainsi que la campagne orchestrée depuis Addis Abeba avaient non seulement pour objectif de cataloguer la Cour pénale internationale comme un bras séculier de l’impérialisme occidental. Mais surtout de faire croire que les juges de La Haye s’apprêtaient à rendre une décision politique dans l’affaire Laurent Gbagbo. En ajournant donc sa décision, la Cour fait d’une pierre, deux coups. Elle contourne, d’une part, le grossier piège que lui avaient tendu ses détracteurs. Et d’autre part, elle démontre à nouveau, avec brio, son indépendance et son impartialité.

Jean-Claude Coulibaly
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