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Politique Publié le mardi 30 juillet 2013 | Le Patriote

Zoro Ballo Epiphane (Secrétaire général de la Commission nationale de la Francophonie) : “En 2001, j‘avais déjà porté plainte contre Gbagbo”

Elu à la tête du RESIFAO lors de la 4ème rencontre régionale du réseau des structures et institutions nationales en charge de la francophonie en Afrique de l’Ouest, le Secrétaire de la Commission nationale de la Francophonie, Zoro Ballo Epiphane, dans cet entretien, décline les axes prioritaires de son mandat, fait un bilan à mi-parcours de sa mission à la tête de la CNF. Mais également jette un regard incisif sur l’actualité politique…

Le Patriote : Récemment, on vous a vus à la Rue Lepic prendre la carte d’un parti politique : le RDR. Qu’est-ce qui explique cette entrée ouvertement tardive dans le jeu politique ivoirien ?
Zoro Epiphane : Une entrée tardive en politique, je ne crois pas. Mais il faut dire qu’il y a un temps pour toute chose. J’ai juste estimé que le moment était venu. Vous savez ces dix, douze dernières années, j’ai quasiment vécu en dehors de la Côte d’Ivoire. J’ai fait mon retour et mon installation définitive en Côte d’Ivoire en décembre 2011. J’ai eu donc le temps d’observer. Mes années d’exil m’ont permis également de me former. Je crois qu’après cette page d’information et d’observation, il était important pour moi de prendre cette décision.

LP : Des années en exil, vous le dites. Cela est dû à l’acte que vous avez signé au tribunal de Dimbokro. Le certificat de nationalité du Président Alassane Ouattara.
ZE : Pour l’exil, il y a eu plusieurs événements qui se sont conjugués. Il y a eu certainement la signature du certificat de nationalité du Président Alassane Ouattara. Signature qui m’a propulsé sur la scène publique. Il y a également l’engagement pris l’année 2000 et 2004 à la tête du Mouvement ivoirien des droits humains. Vous savez qu’après le coup d’Etat de Robert Guéi et les élections de 2000 qui se sont mal passées avec son cortège de violations des droits humains, le Mouvement ivoirien des droits humains avait fait des déclarations et a fait de la lutte contre l’impunité son cheval de bataille. Et vous vous souvenez que le Mouvement des droits humains en juin 2001 a porté plainte contre Laurent Gbagbo au près du tribunal de Bruxelles. Contre un certain nombre d’acteurs, pour crimes contre l’humanité par viols, crimes contre l’humanité par massacre, le charnier de Yopougon, les jeunes manifestantes qui ont été violées à l’école de police et de gendarmerie et sur les lieux de manifestation. L’impunité dont tous les auteurs ont pu bénéficier, a poussé des collègues du MIDH et moi, devant l’inertie de la justice ivoirienne, à porter plainte au niveau international en utilisant les règles de compétence mises au niveau de Bruxelles. Il faut dire que les dernières années d’exil ont été conduites par ces plaintes. Plaintes portées contre Laurent Gbagbo et plaintes jugées recevables au niveau du tribunal de Première instance de Bruxelles.

LP : M. Laurent Gbagbo se trouve aujourd’hui à La Haye. Laurent Gbagbo a-t-il des chances de se retrouver libre à Abidjan ?
ZE : Nous suivons tous, ce dossier avec beaucoup d’intérêt. Et je ne voudrais pas faire de commentaire sur cette affaire. Il est important cependant que la lutte contre l’impunité soit menée au profit de toutes les victimes de la crise postélectorale. Mais également des crises successives que le pays a connues. La paix en Côte d’Ivoire est à ce prix. La consolidation de l’Etat de droit et de la paix en Côte d’ivoire est à ce prix. Donc il est important que la justice fasse son travail. Non seulement au niveau national, mais également au niveau international.

LP : La réconciliation nationale disent certaines langues piétine. Quelle recette pour une réconciliation sincère des fils et des filles de ce pays ?
ZE : Nous ne pouvons pas dire que la réconciliation en Côte d’ivoire piétine ou alors que la réconciliation est en arrêt. La réconciliation est un processus. Il est en cours. Nous sortons de crise il y a à peine deux ans. Des efforts sont faits. La réconciliation comprend les aspects social, sécuritaire, économique. A travers tous ces efforts faits pour remettre l’économie ivoirienne en scelle. Tous ces efforts participent à l’avancée de la réconciliation. Il y a encore certainement des efforts à faire au niveau politique, c’est-à-dire, faire en sorte que le FPI rejoigne le jeu politique. Nous revenons de très loin, nous gardons beaucoup d’espoir que le FPI finira par comprendre qu’au-delà des intérêts individuels, c’est l’intérêt de la Côte d’Ivoire qui doit primer. Il faut privilégier l’intérêt de la nation. L’intérêt de la République de Côte d’Ivoire doit pouvoir survivre au-delà de nos intérêts partisans.

LP : La question de nationalité qui a été l’une des causes de la décennie de crise profonde refait surface. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
ZE : Nous avons toujours estimé depuis déjà à la tête du Mouvement Ivoirien des Droits Humains et à partir des contributions que nous avons fait dans les journaux. Nous avons toujours estimé que la formulation d’accès à titre de nationalité d’origine ivoirienne lors de notre accession à l’indépendance est une formulation malheureuse. Parce qu’elle fait pré exister la nationalité à la naissance de l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est une formulation malheureuse et malencontreuse. Il était donc urgent que la loi sur la nationalité telle que contenue dans le code de nationalité soit reformée pour être plus adaptée aux impératives de démocratie.

LP : En déposant vos valises au RDR, parti au pouvoir, ne craignez-vous pas que les mauvaises langues vous qualifient d’opportuniste ?
ZE : Je n’agis pas par opportunisme. Mon comportement n’a jamais été guidé par ce qu’on en dira. Je vous ai dit tout à l’heure qu’il était l’heure pour moi d’entrer en politique, donc j’y entre. J’ai estimé qu’au niveau de l’échiquier politique national que le Rassemblement des Républicains (RDR) présentait le meilleur potentiel en termes de valeur et par motivation essentiellement liée à la personnalité du mentor du RDR. Qui pour moi représente un modèle qui a su insuffler au RDR un modèle que nous devons tous faire vivre et pérenniser pour que cette formation politique continue d’exister comme le premier parti politique en Côte d’Ivoire. L’un des défis du RDR est de faire en sorte que le Président de la République soit réélu en 2015 avec une majorité confortable qui lui permet de mettre en ?uvre pleinement le programme de gouvernement.

LP : Y a-t-il des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire ?
ZE : Je sais qu’il y a des prisonniers. Des personnes poursuivies pour divers crimes. Crimes économiques, crimes de sang. Je ne sais pas si ces personnes sont certes des personnalités politiques. Mais je ne crois pas que ce soient des prisonniers politiques. Au sens où des personnes seraient être emprisonnés par rapport à leur opinion politique, par rapport à leur idéologie. Je ne crois pas donc qu’il y ait des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire à l’heure actuelle. Il y a des personnes poursuivies pour divers crimes, nous devons observer la justice se faire.

LP : Au lendemain de votre nomination, vous avez dit : « Nous voulons repositionner la Côte d’Ivoire dans l’espace francophone ». Après un peu plus d’un an et demi d’exercice, pensez-vous que le train avance ?
ZE : Le repositionnement de la Côte d’Ivoire dans l’espace francophone constitue la clé de voûte de la politique nationale. Vous savez la crise que nous avons connue durant une dizaine d’années et qui a plongé la Côte d’Ivoire dans une certaine autarcie, l’orientation que toutes les institutions ont reçu de la part du Chef de l’Etat, c’est de faire en sorte que la Côte d’Ivoire puisse à nouveau exister dans le concert des Nations et y prendre toute la place qui est la sienne. La Côte d’Ivoire est un pays membre fondateur de la Francophonie à Niamey. Initialement, c’était l’Agence de Coopération culturelle et technique. L’OIF est notre patrimoine, il n’est pas normal que nous ayons été en marge. Depuis ces deux dernières années, l’état de la Côte d’Ivoire au sein de la Francophonie se porte comme un charme. Nous avons pu nous mettre à jour de tous nos arriérés de cotisations vis-à-vis de l’OIF. La Côte d’Ivoire est présente dans toutes les instances de la Francophonie. Quand je dis toutes les instances, c’est le Conseil permanent de la Francophonie. Un représentant a été désigné en la personne de M Charles Gomis, ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France. La Côte d’Ivoire est également présente à la Conférence ministérielle de façon active et à ce niveau, le ministre de la Culture et de la Francophonie assurent dignement le rôle de la Côte d’Ivoire. Une des actions fortes qui marque le retour de la Côte d’Ivoire dans l’espace francophone, c’est la participation de notre pays au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Kinshasa en novembre 2012. Depuis 12 ans, c’est la première fois que la Côte d’Ivoire est représentée à ce sommet par le président de la République de la Côte d’Ivoire. Jusque-là, c’était des personnalités de rang ministériel qui représentaient à ce sommet la Côte d’Ivoire. Le Chef de l’Etat, Son Excellence M. Alassane Ouattara, pour donner un signal fort a décidé lui-même d’accompagner la délégation ivoirienne à ce sommet. Le Chef de l’Etat a énormément contribué à ces assises, à travers une déclaration sur la francophonie des économies qui se veut l’avenir même de la Francophonie. Ça c’est au niveau politique. Et notre présence est à affirmer et active.

LP : Quels sont les différents programmes de l’OIF dont la Côte d’Ivoire en bénéficie actuellement?
ZE : Nous avons déjà bénéficié de certains programmes qui sont en cours. Le programme IFADEM qui l’initiative de formation à distance des maîtres. C’est un programme extrêmement important qui vise à améliorer le niveau pédagogique des enseignants, des instituteurs. S’il faut investir dans la jeunesse qui est l’avenir de notre pays, l’éducation est un facteur essentiel. L’OIF accompagne donc le ministère de l’Education national et de l’Enseignement technique dans le processus de relance de système éducatif. Le programme IFADEM a été expérimenté avec beaucoup de plus succès dans un certain nombre de pays membres de l’OIF. Depuis fin 2012 et en début d’année 2013, le programme est en cours sanctionné par la signature d’une convention entre l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Organisation Internationale de la Francophonie et le ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique pour une première phase expérimentale d’une durée de deux ans. C’est un programme qui vise les instituteurs qui sont en zone rurale. Il y a également des centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) qui sont implantés dans le nord de la Côte d’Ivoire.

LP : Vous avez entamé, il y a peu, une mission de prospection pour vous imprégner de l’état de ces centres après la crise postélectorale. Quel constat ?
ZE : Il faut dire que les centres ont été totalement sinistrés pendant ces dernières années de crise militaro-politique. A l’occasion de notre mission d’évaluation qui s’est tenu au mois de novembre 2012 avec le responsable des CLAC au niveau de l’OIF, le constat était que les différentes autorités locales, les maires qui abritent ces centres de lecture ont pris l’engagement de réhabiliter les bâtiments, parce qu’il faut souligner qu’il y a deux parties prenantes dans la réalisation des CLAC. L’OIF intervient financièrement au niveau de la logistique et de l’équipement des centres. Et les collectivités territoriales se doivent de mettre à disposition du projet des bâtiments et une partie du personnel. Et l’autre partie du personnel est directement prise en charge par l’OIF. A l’occasion donc de notre mission d’évaluation, les autorités locales ont donc pris l’engagement de réhabiliter afin l’OIF puisse les rééquiper. Mais il faut souligner déjà qu’au niveau de la Francophonie, tout le matériel et l’équipement est acquis.

LP : Des initiatives sont-ils prises pour élargir ou étendre ce réseau des CLAC à d’autres régions de la Côte d’Ivoire ?
ZE : Oui absolument ! La première phase est une phase de deux années. Cette phase coûte à peu près 300 millions de francs CFA. C’est le coût en termes d’équipement et de fonctionnement de ces dix centres de lecture. C’est donc un investissement important. Ce coût ne prend en compte la réhabilitation des bâtiments. C’est une première phase. Mais nous sommes dans un processus d’évaluation et d’identification d’autres zones, parce que le besoin est réel. Nous recevons des correspondances d’élus locaux des 4 coins de la Côte d’Ivoire pour la création de centre de lecture dans leur commune ou dans leur région. Ces éléments sont en train d’être étudiés. Nous faisons des plaidoyers auprès de l’OIF pour que d’autres centres voient le jour en Côte d’Ivoire et l’OIF est sensible à ces plaidoyers. Nous pensons qu’au bout de ces deux années expérimentales du premier réseau de dix centres, nous allons aboutir à la création d’autres réseaux dans d’autres zones de la Côte d’Ivoire.

LP : Il y a également le fonds de garantie de l’industrie culturelle. Est-ce que la Côte d’Ivoire en bénéficie ?
ZE : Oui, le fonds de garantie de l’industrie culturelle est une initiative de l’OIF qui après avoir constaté que la question culturelle n’intéressait pas suffisamment les établissements bancaires qui sont hésitants à accorder des prêts aux acteurs culturels et aux porteurs de projets culturels a décidé donc de mettre en place un fonds de garantie. Le fonds de garantie est donc logé dans une banque de la CEDEAO basée à Lomé. La BIDC.

LP : Qui peut postuler et comment sollicite-t-on ce fonds ?
ZE : Ce sont les petites et moyennes entreprises (PME) culturelles. Pour pouvoir bénéficier de ce fonds, il faut être légalement constitué en PME / PMI intervenant dans le domaine culturel. Et lorsqu’on parle d’industrie culturelle, vous voyez la musique, les arts plastiques, l’industrie du livre, du cinéma… Il faut ensuite monter un projet avec un plan d’affaire. Cela vise à professionnaliser le secteur de l’industrie culturelle. Les acteurs culturels de la Côte d’Ivoire doivent donc se rendre compte que l’heure est venue de professionnaliser la corporation s’ils veulent accéder à d’importants financements comme le fonds d’industrie culturelle. Ils peuvent directement s’adresser à nos services pour porter le projet à la banque, ou s’adresser directement au représentant local pour qu’il fasse activer le fonds de garantie logé à BIDC.

LP : Vous avez organisé au mois de mars dernier les journées de la Francophonie. Quel bilan faites-vous de cette célébration de la Francophonie en Côte d’Ivoire ?
ZE : Les journées de la Francophonie sont des moments, chaque année, pour célébrer les vertus de la Francophonie. Célébrer la langue française, qui est notre outil de communication, de partage et notre patrimoine culturel. C’est également, l’occasion de célébrer les valeurs qui sous-tendent la Francophonie. Ce sont des valeurs de démocratie, de paix, de liberté d’expression et de droit de l’Homme. Ce sont ces valeurs que nous célébrons chaque année. A l’instar des autres pays membres de la Francophonie. Cette année le thème des journées a été consacré à la jeunesse, selon des orientations que nous avons reçues du Secrétaire général de l’OIF. Tout simplement parce que 2013 est marquée par les jeux de la Francophonie à Nice qui rassemblent les jeunes de l’espace de la Francophonie autour du sport, de la culture et de la création numérique. C’est pourquoi, le Secrétaire général a demandé à l’ensemble des commissions nationales de la Francophonie de mettre l’accent sur la jeunesse. C’est ce que nous avons fait à travers les activités que nous avons menée à l’Université Félix Houphouët-Boigny, forum d’échanges des jeunes sur l’emploi et le développement durable. Activité que nous avons menée avec les associations estudiantines qui travaillent dans le domaine du développement durable. Ces associations ont fait des contributions exceptionnellement importantes qui vont être reversées aux débats au sein de l’OIF sur la question de la création de l’emploi jeune. Il y a eu également la cérémonie solennelle qui a vu la participation des autorités universitaires et les membres du corps diplomatique représentés en Côte d’Ivoire. Ces journées ont permis de montrer l’intérêt que toutes les couches socio-économiques confèrent à la Francophonie. Nous avons travaillé également dans les établissements scolaires à travers le concours national d’orthographe et de dictée qui est organisé chaque année en collaboration avec les différentes directions départementales et régionales de l’éducation nationale. L’intérêt de ce concours national, c’est d’affirmer que le français est notre outil de communication, est le passeport qui nous permet d’accéder non seulement à la connaissance, mais également au milieu professionnel. Quelle que soit la discipline étudiée, la maîtrise de la langue française est très importante. Ce concours a donc connu un engouement réel de la part des établissements qui étaient en compétition. Il y a eu une finale et des prix ont été décernés. Il y a eu également un acte important qui était un colloque universitaire organisé en collaboration avec l’ASCAD. Ce colloque avait pour thème le nouveau visage de la francophonie. L’OIF a été créée depuis 1970, le contexte économique, politique et démocratique a évolué. Il était donc important que nos universitaires puissent se retrouver et réfléchir sur les changements survenus au sein de la Francophonie depuis sa création. Mais également que les universitaires nous permettent d’enrichir cette réflexion prospective sur l’avenir de la Francophonie dans un contexte de mondialisation marqué par la diversité culturelle. Nos universitaires ont pu fournir des réflexions importantes à ce niveau, mais également la Francophonie dans divers aspects de développement durable, éducation-formation.

LP : Il s’est tenu à Abidjan au mois de juin dernier la 4ème rencontre régionale du Réseau des structures et institutions nationales en charge de la Francophonie en Afrique de l’Ouest. Quelle étaient les attentes de cette rencontre ?
ZE : Il faut dire que le RESIFAO, c’est le Réseau des institutions nationales en charge de la Francophonie en Afrique de l’Ouest. Au niveau africain, il y a deux zones d’intervention de l’OIF. Il y a la zone Afrique de l’Ouest et la zone Afrique centrale et Océan indien. Ces différentes zones se sont constituées en réseau. En Afrique de l’Ouest, nous parlons de RESIFAO. En Afrique centrale et Océan indien, nous avons le RESIFACO. L’un des objectifs de RESIFAO, c’est d’harmoniser la politique générale et l’intervention de l’OIF au niveau régional, et faire en sorte que la Francophonie serve de moteur au processus d’intégration sous-régionale. Ensuite, faire en sorte que la définition des politiques d’intervention de l’OIF tienne compte non seulement des intérêts particuliers des pays, mais des différents groupes régionaux. La rencontre d’Abidjan s’est voulue comme une rencontre qui permet aux pays de l’Afrique de l’Ouest de réfléchir et de faire des propositions sur le prochain cadre stratégique décennale de l’OIF. Depuis le sommet de Bamako en 2004, l’OIF s’est dotée d’un outil de planification et de gestion. Parce que l’OIF s’est orientée vers l’approche programmatique. Nous sommes donc dans une phase d’évaluation de cette approche. L’ensemble des institutions nationales de la Francophonie lorsque nous sommes retrouvés, nous avons évalué ce programme décennal. Ses forces et ses faiblesses, les acquis de ce programme. La rencontre a également permis de faire des propositions pour enrichir le prochain programme décennal afin qu’elle prenne en compte les préoccupations des populations à la base. Au-delà d’une francophonie institutionnelle, il faut construire une francophonie des peuples. C’est l’une des contributions qui a été porté au cadre stratégique lors de la rencontre d’Abidjan. Il s’agissait également pour le RESIFAO pour pouvoir vivre en tant que réseau de se doter d’un plan d’action. Et le RESIFAO a également renouvelé ses instances dirigeantes.

LP : Alors vous avez été porté à la tête de RESIFAO, quelles sont vos actions prioritaires pour ces trois années de mandat ?
ZE : C’est tout à l’honneur de la Côte d’Ivoire d’avoir été désigné pour conduire la destinée de ce réseau pour un mandat de trois ans. Le plan d’action du RESIFAO a été discuté pendant cette rencontre. Elle se décline en une dizaine de points. En premier, c’est que le RESIFAO doit être reconnu par les instances de l’OIF. Vous savez l’OIF fonctionne à partir d’un certain nombre d’instances et d’opérations. Entre autres, l’association des maires francophones, les structures spécialisées comme la CONFEMEN (la conférence des ministres de l’Education nationale de l’espace francophone). Ces instances contribuent aux débats au niveau politique, au niveau stratégique et programmatique. Le plaidoyer que nous faisons et que nous avons reçu comme mission, c’est de faire en sorte que le RESIFAO et le RESIFACO soient intégrés parmi les instances politiques de l’OIF. Il y a également la mise en place d’un fonds RESIFAO qui va aider à financer les projets de dimensions sous-régionales. Nous comptons également mettre en place un village virtuel de la Francophonie qui va être un Portail commun d’échanges, d’information au niveau sous régional. Ce village virtuel permettra de partager les meilleures expériences d’intervention des politiques au niveau culturel des politiques de l’OIF. Voilà quelques priorités. Le RESIFAO compte également contribuer au prochain sommet des chefs d’Etat de la Francophonie qui aura lieu à Dakar en 2014. Nous allons organiser un forum sur la francophonie économique. Vous savez que la Francophonie a beaucoup évolué, culturelle d’abord ensuite politique. Et de plus en plus l’on parle de la francophonie économique que nous considérons d’ailleurs comme l’avenir de la francophonie. Et donc le forum que le RESIFAO va organiser et qui va concerner à la fois la société civile, les décideurs et les opérateurs économiques de l’espace francophone, va nous permettre de réfléchir sur la francophonie des économies et la francophonie économique. Et cette réflexion sera réservée au sommet des Chefs d’Etat à Dakar.

LP : On vous voit également sur le chantier de l’externalisation du campus de la francophonie de l’Université Senghor d’Egypte. Qu’est-ce que la Côte d’Ivoire y gagne concrètement ?
ZE : L’Université Senghor d’Alexandrie est un opérateur de l’OIF. C’est au sommet de Dakar en 1989 que les chefs d’Etat ont décidé de mettre en place un outil orienté vers la formation destinée aux cadres supérieurs. C’est une université au service du développement africain qui fait des formations de pointe niveau Master 1 Master 2. L’Université est donc basée en Egypte. Chaque année des candidats Ivoiriens sont sélectionnés pour aller en Egypte pour se former. Le fait que cette formation se déroule en Egypte ne permet pas toujours de satisfaire le besoin croissant de formation qui est réel en Côte d’Ivoire. C’est à cela qu’à notre initiative, le recteur de l’Université Senghor d’Alexandrie qui a séjourné en Côte d’Ivoire en janvier 2013, a mis son séjour à profit pour évaluer les besoins en formation en Côte d’Ivoire et étudier l’opportunité d’externalisation des diplômes de l’Université Senghor d’Alexandrie. Si la Côte d’Ivoire veut être un pays émergent à l’horizon 2020, il est important qu’elle dispose des ressources humaines de qualité. C’est donc l’ensemble de ces constats qui justifie la décision prise par le recteur de l’Université Senghor d’Alexandrie d’ouvrir un campus en Côte d’Ivoire pour se rapprocher du besoin ivoirien. L’Université Senghor va donc ouvrir en Côte d’Ivoire la rentrée prochaine. Un campus avec une douzaine de Master professionnels en coopération avec les institutions nationales de formation (ENA, UNA, Université Félix Houphouët, INFES…)

LP : De grands chantiers s’ouvrent en Côte d’Ivoire en termes de festivités impliquant la francophonie. Les 8ème jeux de la francophonie en 2017, le retour du MASA (le Marché des arts africains). Pour un pays qui sort d’une crise postélectorale sans précédent, pensez-vous qu’il peut relever ces grands défis ?
ZE : Oui, absolument. Vous m’avez initialement demandé : qu’est-ce qui est fait pour repositionner la Côte d’Ivoire sur la scène de la Francophonie. Ces défis, comme vous les avancez, projets et programmes de l’OIF en Côte d’Ivoire participent justement de ce repositionnement de la Côte d’Ivoire sur la scène de la Francophonie. La Côte d’Ivoire est beaucoup sollicitée par l’OIF et la Côte d’Ivoire sollicite beaucoup l’OIF. La Côte d’Ivoire est donc de retour. Nous n’avons pas jusque-là suffisamment exploité toutes les occasions que nous offrait l’OIF. La Côte d’Ivoire a abrité d’importants événements de l’OIF. Il y a eu le Congrès international de l’association des maires francophones en novembre dernier qui a vu l’élection du gouverneur d’Abidjan comme vice-président de l’Association internationale des maires francophones. C’est tout à l’honneur de la Côte d’Ivoire. Il y a eu récemment l’Assemblée générale de l’association des parlementaires francophones qui a également vu désigner le président de l’Assemble nationale ivoirienne comme vice-président de cette association. Le secrétaire général a annoncé le retour du MASA pour le premier trimestre de 2014 et encore événement important, la Côte d’Ivoire a été choisie par la commission permanente de la francophonie pour abriter les 8ème jeux de la Francophonie en 2017. C’est également un signal fort de la Francophonie qui présente la Côte d’Ivoire comme un pays incontournable au niveau de l’espace francophone.

Réalisée par Moussa Keita
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