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Économie Publié le samedi 3 août 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Bley Fortin, président du réseau cacao Fairtrade Afrique : ‘‘Nous voulons certifier au moins 215.000 tonnes de cacao en 2015’’

Bley Fortin est le président du réseau africain du cacao Fairtrade et membre du réseau ivoirien du commerce équitable (RISK). Lors de son passage à Abengourou dans le cadre d’un séminaire sur les contrats commerciaux organisés par sa structure, il s’est prêté à nos questions.

Combien de coopératives compte votre organisation au plan africain ?
En général, les pays francophones sont les derniers à s’intéresser à tout ce qui est programme social. En Afrique, dans les pays du Sud, en Afrique de l’Est, les gens sont beaucoup intéressés par le commerce équitable. Ce qui fait que le siège de notre organisation en Afrique est basé au Kenya. Nous apportons un appui au développement durable des producteurs. D’abord par la formation sur l’agriculture durable, et par des primes qui permettent d’assurer un mieux-être aux producteurs. Pour le moment en Côte d’Ivoire, nombreuses sont les coopératives qui n’arrivent pas à s’intéresser aux problèmes sociaux. Notre organisation est une solution par le paiement d’une prime qui est de 200 dollars US soit 100.000 FCFA par Kg à un exportateur ou un trader.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer la réticence des pays africains francophones à la certification de votre organisation ?
J’ai l’impression que la langue est une barrière. Comme tout est écrit en anglais, les conférences également sont en anglais, les africains francophones sont donc les derniers à s’informer sur ce qui se fait. Néanmoins, au Burkina, il y a beaucoup d’intérêt.

Relativement à la certification du commerce équitable, des exportateurs la déconseillent et préconisent plutôt d’autres organisations, sur la base que les produits labélisés de votre organisation n’intéressent pas les chocolatiers?
C’est une politique qui est menée par les exportateurs au plan local. C’est vrai que la demande n’est pas forte. Mais je veux dire, quand vous êtes un trader localement en Côte d’Ivoire et que vous dépensez des millions de francs pour faire certifier une coopérative, en investissant 80 à 100 millions de francs CFA, il faut pouvoir se faire rembourser. Ce qui revient à dire que, si j’ai financé une coopérative pour être certifiée, il va falloir en retour que j’ai une demande plus intéressante. Et aujourd’hui, les coopératives sont plus intéressées par d’autres organisations parce que les exportateurs apportent un soutien financier. Or, nous ne finançons pas les coopératives pour leur certification. Je vous donne des chiffres : en 2010, il y a eu 90.000 tonnes de cacao certifié commerce équitable dans le monde et une prime de 3.644.612 dollars US soit près de 1,5 milliards FCFA. Notre projection, c’est de parvenir à 212.500 tonnes en 2015. Alors, le marché sera intéressant. Il suffit seulement que les coopératives ivoiriennes se rendent compte qu’elles ont l’occasion de vendre sur le marché international, du cacao Fairtrade. Au Ghana par exemple, les chocolatiers prennent près de 22.000 tonnes de cacao certifié commerce équitable. Donc le marché de notre organisation reste tout de même important.

La tendance actuelle est à la certification des coopératives. La certification reste-t-elle un passage obligé pour toute coopérative ?
Les coopératives en Côte d’Ivoire jusqu’à ce que nous soyons dans la mouvance de la certification étaient dans l’informel. Les dirigeants, les administrateurs étaient mal formés. Mais aujourd’hui avec la certification, vous êtes appelés aux renforcements des capacités, vous êtes appelés à améliorer votre système de travail. Etre une coopérative certifiée de nos jours, peu importe le type de certification, c’est appartenir à l’élite. Les coopératives qui ne sont pas certifiées, je doute fort qu’elles aient un professionnalisme réel. Or, au niveau des coopératives certifiées, vous êtes soumis à un audit chaque année, puisque vous travaillez sur des standards.

Le cacao a-t-il encore un avenir face à l’hévéa qui connait un essor spectaculaire ?
C’est un constat, aujourd’hui, les plantations de cacao sont en train d’être détruites au profit de l’hévéa. Face à cela, il y a les chocolatiers qui appuient les coopératives au renouvellement du verger. Je pense que c’est un appui au maintien de la cacaoculture. L’hévéa, aujourd’hui se développe à une grande échelle dans le Sud du pays. Mais pourquoi cela arrive, parce que le planteur d’hévéa est rémunéré mensuellement. Par contre, le planteur de cacao, c’est pendant la grande traite où il livre sa production qu’il est rémunéré et après ce sont les difficultés. Le cacao a malgré tout un avenir meilleur. Il faut que les dirigeants du pays se penchent sur la situation. J’ai l’impression qu’on oublie que c’est le cacao qui a fait la richesse de ce pays. Quand en Côte d’Ivoire, on a des millions de superficie d’hectares de cacao, et que pour le traitement phytosanitaire on ne donne même pas le dixième, comment peut-on assurer la pérennité du cacao. Si on s’en tient à la nouvelle réforme, où le producteur 60% et l’Etat 22%, sur cette base, il faut que l’Etat s’impose dans la culture du cacao en distribuant des plants, en incitant la nouvelle génération de producteurs à la culture de cette matière première.

Ernest Famin, correspondant
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