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Editorial Publié le samedi 21 septembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton: La charte du militant

A la veille d’un important match de football le supporter ne dort pas. Il est inquiet. Le derby du lendemain est une question d’honneur. La victoire un impératif. Perdre le match est inimaginable. Il regarde inlassablement les photos de son équipe. En particulier celle de la vedette. Le meilleur joueur de l’équipe. Celui qui marque le plus de buts. La star. Rien qu’à penser à lui, le supporter a les larmes dans les yeux. A l’aube, son impatience grandit. Il regarde les aiguilles de sa montre qui semblent avancer très lentement. Après son petit déjeuner pris rapidement il court au siège de son équipe. Il va retrouver les autres fanatiques de. Ils vont peaufiner leur stratégie pour pousser leur équipe à la victoire. La première action consiste, comme d’habitude, à applaudir à tout rompre tous les gestes de leur équipe et surtout à conspuer toutes les actions de l’équipe adverse. Le féticheur, qui va porter le tricot de l’équipe et qui va s’installer au milieu des supporters, aura l’apport des uns et des autres. Rien que pour serrer la corne de bœuf ou des fils noirs à tenir dans la poche pendant tout le match. Durant toute la partie les supporters des deux vont se provoquer, s’insulter et même se battre. Des amis de quarter vont se dire des phrases qui divisent. Durant les quatre dix minutes le pauvre arbitre sera la cible des deux camps. Joueurs, dirigeants et supporters. Une faute sifflée contre l’une sera considérée par les supporteurs de l’équipe adversaire comme un parti pris. On lui lancera des bouteilles vides ou pleines. Gare à lui si l’équipe perd. Il aura besoin de la protection de la police. Mais le supporter enflammé redevient un autre homme de retour à la maison. Victoire ou défaite il retrouve sa sérénité, son sommeil. Il est préoccupé par son travail. Le bonheur de sa famille. Le football c’est le dimanche. Il y a une vie après le football. Dans tous les cas un autre match va se dérouler le dimanche prochain. Si on ne gagne pas aujourd’hui. On gagnera la prochaine fois. Ceux qui se sont insultés sur les gradins seront toute la semaine ensemble pour se promener, rigoler et manger. Le militant agit de la même manière que le supporter d’une équipe de football. Mais la différence va se situer après les élections. Quand le supporter a fini de s’agiter après le match le militant politique va continuer de vivre dans l’émotion après les élections. Si le parti perd les responsables sont connus d’avance. La fraude. Les violences. Et beaucoup d’autres ingrédients habituels de prétextes enfouis dans la besace. Jusqu’à la prochaine élection les débats stériles vont occuper les militants politiques comme si leur bonheur en dépendait. On ne se préoccupe pas de son travail ou du bonheur dans sa vie. On veut le pouvoir rien que le pouvoir. Si le parti gagne c’est encore plus grave. Le militant sera plus menaçant. Il ne milite pas pour l’amour du parti mais pour l’amour du « butin ». Il doit gagner absolument des avantages. Si le voisin a obtenu un poste lucratif et lui aucune promotion il devient le type même de l’aigri. Le parti est nul. Mal organisé. Chaque jour il perd la santé dans les critiques systématiques. Il ne dort plus. Comment lui le plus intelligent n’a pas encore été appelé ? Lui qui a participé à des meetings, distribuer des tricots aux militants, insultés des adversaires ? Pourquoi lui n’a pas de voiture avec chauffeur comme certains médiocres du parti qui bénéficient de tout ? Le militant politique agit dans le but d’avoir de l’argent, de la situation professionnelle enviable. Ce n’est pas le supporter qui suit son équipe par amour ou le Chrétien qui va à la messe pour rencontrer Jésus. Le militant politique est le plus intelligent. On l’appelle le militant alimentaire. Ils sont aussi nombreux que les supporteurs d’une équipe. Dans leur quasi totalité ils vivent, au quotidien, d’espérance d’un appel à une haute fonction. Et surtout masser beaucoup d’argent. On les reconnait facilement. Ils critiquent toujours les autres qu’ils considèrent comme des parvenus, des corrompus. Comme ils ont une tendance à la corruption ils attendent d’être à la place du voisin pour « manger » gloutonnement. Le pays ce n’est pas leur problème. Le développement du pays viendra quand ils finiront de construire leur troisième grande maison ou fini d’acheter la quatrième 4x4. Ils vont menacer et faire du chantage à l’approche d’une prochaine élection. Mon vote contre ma place. Une place où pousse le CFA neuf. C’est triste. Il faut que tous les partis définissent la charte du militant. « Le militant du parti, en cas de victoire, n’a pas le droit de réclamer de poste de responsabilité. Il doit continuer d’aimer et d’animer le parti. » Les partis n’auront plus beaucoup de militants mais les rares qui vont rester seront des fidèles comme ceux des religions ou des équipes. S’engager sans rien attendre en retour. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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