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Editorial Publié le jeudi 24 octobre 2013 |

L’autonomisation des femmes consolide la paix et la sécurité internationales, par Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes

© Par DR
Nations unies: Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes
Photo: Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes
Lorsqu’une guerre éclate, les femmes sont souvent les premières à en ressentir la terrible brutalité, et les dernières invitées à la table des négociations de paix. Une résolution adoptée ce jour par le Conseil de sécurité des Nations Unies nous rapproche de la pleine participation des femmes comme leaders pour la paix et la sécurité.

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution qui instaure des mesures renforcées visant à permettre aux femmes de participer au règlement des conflits et au relèvement, et qui confie au Conseil de sécurité, aux Nations Unies, aux organisations régionales et aux États Membres la responsabilité de démanteler les barrières, de créer l’espace nécessaire et d’inviter les femmes à prendre place à la table des négociations.

En dépit de l’augmentation du nombre de femmes en politique et à des postes de chef d’entreprise, très peu d’entre elles occupent un rôle prépondérant dans les pourparlers de paix, et ce malgré le rôle significatif qu’elles jouent dans la réconciliation au niveau communautaire. Les négociations de paix et toutes les institutions liées au règlement des conflits restent dominées par des hommes.

Depuis la fin de la guerre froide, les femmes n’ont représenté que 4 pour cent des signataires des accords de paix et moins de 3 pour cent des médiateurs des pourparlers de paix. En outre, moins de 10 pour cent des personnes qui ont participé à des négociations de paix au nom d’une des parties du conflit étaient des femmes.

Et pourtant, les décisions relatives à des questions telles que le partage du pouvoir, la gestion des ressources naturelles, les systèmes électoraux, la restitution des terres et des biens, le désarmement, la justice et les réparations peuvent affecter considérablement la vie des femmes et les perspectives d’une paix durable. Ces décisions ont un impact sur la participation des femmes à la vie politique, sur leur sécurité économique et physique, et sur la manière dont les crimes de guerre sont perçus et leurs auteurs poursuivis.

Au cours des processus de règlement des conflits actuels, comme en Syrie, en République démocratique du Congo ou en Somalie, les femmes n’ont eu que peu d’occasions de prendre part aux négociations. ONU Femmes espère que la nouvelle résolution du Conseil de sécurité donnera aux femmes l’occasion d’y participer directement et de contribuer à l’établissement des priorités pour le relèvement dans leur pays.

Lors de l’instauration d’une paix durable, peu d’investissements peuvent s’avérer aussi rentables que d’y faire participer les femmes. En effet, celles-ci établissent des liens entre les pourparlers et les vies des personnes touchées par les conflits. Elles contribuent à susciter l’adhésion massive de la société à la paix. C’est pourquoi ONU Femmes investit dans la mise en place de coalitions de femmes pour influencer les négociations.

Par exemple, l’année dernière, au Mali, lorsque les femmes ont été régulièrement prises pour cible quand les groupes extrémistes ont pris le contrôle du nord du pays, ce qui a entraîné de nombreux viols et le renvoi des femmes de la fonction publique, les femmes ont dû demeurer à l’écart de la vie publique. Alors que les hommes fuyaient les attaques et l’enrôlement forcé par les forces rebelles, les femmes se sont retrouvées à la tête de leurs foyers sans aucun moyen d’aller chercher de l’eau ou de la nourriture, ou de demander de l’aide au monde extérieur.

Et ce genre d’histoire n’a rien d’exceptionnel, ni ce qui est arrivé ensuite. Les femmes de tout le Mali ont demandé à participer aux efforts de règlement du conflit qui ont immédiatement démarré au Burkina Faso tout proche. En réponse à leur demande, ONU Femmes a commencé à organiser de gigantesques réunions de femmes de la société civile et de dirigeantes du gouvernement venues des quatre coins du pays pour qu’elles puissent établir leurs propres priorités en matière de paix et réclamer une place à la table des négociations de paix.

ONU Femmes a permis à quatre femmes leaders pour la paix de s’envoler pour Ouagadougou, où avaient lieu les pourparlers de paix. Sans y avoir été invitées, ces femmes se sont jointes aux pourparlers, lançant un cri d’alarme au sujet des attaques contre les femmes et les filles et de la situation dramatique à laquelle celles-ci étaient confrontées dans les camps de réfugiés et dans les villes occupées par les forces armées. Elles ont demandé à participer aux efforts en cours pour faire cesser les combats, afin que leurs besoins puissent être pris en considération et leurs droits fondamentaux protégés.

La résolution 2122 du Conseil de sécurité énonce des mesures spécifiques visant à protéger les droits des femmes, y compris leur droit à la santé sexuelle et procréative. Elle définit des mesures pour que les délégations participant aux pourparlers de paix, les dirigeants nationaux au lendemain d’un conflit, les médiateurs, les ministres étrangers et leur personnel traduisent en actions concrètes les engagements pris dans la résolution 1325 du Conseil de sécurité, adoptée il y a treize ans, qui est la première résolution à avoir appelé à la participation des femmes au règlement des conflits.

C’est important, parce qu’une femme peut faire la différence. Ce n’est que lorsqu’il y a eu plus de femmes au sein des tribunaux pénaux internationaux que l’on a constaté une augmentation significative des mises en accusation citant la violence sexuelle comme crime de guerre. Et la nomination par les Nations Unies d’une femme comme envoyée principale pour le règlement des conflits — Mary Robinson, Envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs — a donné naissance à une nouvelle approche de la médiation. Quelques mois après sa nomination, Mme Robinson a organisé à Bujumbura une importante conférence réunissant les dirigeantes de toute la région en vue d’orienter son travail et de lui indiquer la route à suivre.

Par la résolution adoptée aujourd’hui, le Conseil de sécurité reconnaît quelque chose de très important : que l’inégalité basée sur le genre, tout comme la pauvreté, est une injustice qui alimente les conflits et qui compromet la paix, et que l’égalité des sexes et la pleine participation des femmes sont cruciales pour la paix et la sécurité à l’échelle internationale.

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