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Société Publié le jeudi 5 décembre 2013 | Nord-Sud

Six mois après la signature de la charte “Alassane Salif N’Diaye” / Universités publiques : l’accalmie enfin ?

Six mois se sont écoulés depuis la signature de la charte “Alassane Salif N’Diaye”. Et depuis, une relative atmosphère de paix règne dans les universités publiques ivoiriennes. Mais derrière ce paisible rideau, on murmure, on trame…



A l’université Félix Houphouet-Boigny, aujourd’hui, le climat s’est illuminé tout comme les murs des magnifiques bâtiments des amphithéâtres. L’air est plus frais, le paysage dorlote et les esprits sont à l’étude. Il semble loin, ce temps où le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique manquait de se faire lyncher par les «camarades», après que ceux-ci avaient fini de se taillader à la machette. Depuis la signature de la charte Alassane Salif N’Diaye, en juin dernier, la violence universitaire n’est plus qu’un vieux souvenir. Pour beaucoup, les «durs» du milieu syndical estudiantin sont simplement rentrés dans les rangs…à jamais. «L’instauration d’un climat de paix a toujours été notre préoccupation, se réjouit Konaté Moussa, président de la Renaissance estudiantine et scolaire (Rets), qui regroupe plusieurs organisations. Nous pensons que la charte de non-violence Alassane Salif N’Diaye a changé les esprits des étudiants». Lui-même membre du comité chargé de la mise en application du document, M. Konaté n’oublie pas que le premier pacte signé en décembre avait été un fiasco. Kouamé Yao Silvère se rappelle également. Alias « Kenedy », ce ‘’général’’ de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), section science, prévient que l’on marche présentement sur des œufs. Lui qui se dit ‘’commandant’’ de la plus grande section de la Fesci, critique que ce second compromis entre étudiants et autorités ressemble curieusement au premier. Puisque les documents, dit-il, ont aussitôt été mis au tiroir après toute la publicité faite autour. « Aucune commission de la charte ne fonctionne, se plaint Kouamé Yao Silvère. Les membres signataires étaient censés se réunir. Mais depuis que nous sommes revenus du séminaire, il n’y a rien eu de tel. Chacun est dans son coin. On attend qu’il y ait une violence pour s’activer ». Une violence ? L’idée n’est pas aussi improbable que cela, à entendre ce secrétaire général de l’un des syndicats les plus actifs qui préfère garder ses bons rapports avec les autorités en taisant son nom. « Dès la rentrée, certains syndicats vont se faire entendre. Parce qu’il y a trop d’exclusions au niveau des discussions entre les autorités et certaines structures. On n’écoute que quelques syndicalistes », fustige-t-il. Cissé Vamara, président de l’Union estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Unesci), abondait déjà dans le même sens la semaine dernière. Et pour Mominé Roland, secrétaire général de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci), ce sont là les germes de la frustration et surtout de l’échec du compromis. « Après la signature de la charte, nous avons assisté à des échauffourées entre des membres de la Fesci et ceux de la Rets au quai du bus 85, témoigne Mominé. Aujourd’hui, l’impunité règne toujours. Des étudiants prennent la place de l’administration en s’impliquant, par exemple, dans le recrute- ment des éléments de la police universitaire.

Les germes de la frustration

C’est à tout ceci qu’il faut mettre fin avant d’espérer un climat de paix définitif. Sinon, ce sera peine perdue » dénonce-t-il. Pour Salif Djomon, secrétaire général du Syndicat des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Syeeci), la question doit se régler d’abord en amont, c‘est-à-dire au sein même de ceux qui se disent porte-parole des apprenants. La Rets, dont son syndicat fait partie, doit parvenir à concilier en son sein toutes les structures membres, note-t-il, en exposant véritablement leurs problèmes aux autorités. Confiant que la paix est de retour à l’université et soucieux de l’accompagner, M. Dojmon pense en outre qu’il faille pour les autorités être très attentives. Bref, déceler le fourbe du vrai. Mais au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, on estime être assez ouverts. « Il règne un climat de paix aujourd’hui à l’université », se félicite Hlyh Charles, conseiller technique chargé des projets au sein de ce département. Toutefois, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes, reconnaît M. Hlyh. «On ne peut pas parler de risque zéro. Mais nous essayons d’aplanir les dissensions entre les structures syndicales», explique-t-il. Des organisations exclues ? « Nous discutons avec tous les syndicats, rejette Hlyh Charles. Toutefois, il y a des structures qui ont été créées au lendemain de la signature de la charte et qui veulent avoir les mêmes privilèges que les anciens. Sans compter que beaucoup de syndicats ne remplissent pas les formalités. Mais nous rassurons tout le monde : ceux qui n’ont pas encore signé la charte, le feront. Qu’ils soient patients. » Syndicats bâillonnés ? Il n’y en a jamais eu, fait-il savoir.  «Nous avons recensé toutes leurs revendications après la signature de la charte à la Riviera. Et nous sommes actuellement à un taux de 70% de réalisation. Les toilettes sont installées à l’université de Cocody, les laboratoires ont été équipés. Les lecteurs optiques sont même arrivés. Et concernant le wifi, Côte d’Ivoire-télécom est en train de faire les installations à Abidjan et à Bouaké», rassure le con­seiller technique. Alors, pourquoi tant de bruit ? « Beaucoup s’agitent parce qu’ils s’imaginent que dernière la charte, il y a des questions pécuniaires. Nous avons des interlocuteurs. Toutefois, il faut reconnaître que la plupart des syndicats se préparent au renouvellement de leurs instances. Et pour ce qui est de l’Unesci, par exemple, il y a toujours deux tendances que nous nous attelons à concilier ». Dans la même veine, il ajoute que la charte de non-violence Alassane Salif N’Diaye n’est pas encore mise en application. « Nous avons créé un comité de pilotage. Et nous avons voulu que ce soit les étudiants qui la dirigent. Mais il fallait recenser les syndicats, voir le mode de désignation de ceux qui allaient diriger l’observatoire. Et comme nous nous trouvions en fin d’année, nous avons préféré attendre la rentrée académique. Cependant, les travaux se poursuivent. Et le ministère de l’Enseignement supérieur continue d’accompagner les étudiants ». Alors, rendez-vous à la prochain rentrée académique.


Raphaël Tanoh
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