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Politique Publié le samedi 21 décembre 2013 | Nord-Sud

Guillaume Soro, Pdt de l’Assemblée nationale: «Notre dignité et notre honneur sont plus importants que l’argent»

© Nord-Sud Par DR
Réunion du Conseil National de Lutte contre le SIDA : Le Chef de l’Etat préside la cérémonie
Lundi 16 décembre 2013. Palais de la Présidence. Le Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, a présidé, une réunion du Conseil National de Lutte contre le SIDA (CNLS). Photo : le Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume SORO.
Hier, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a clos les travaux de la deuxième session ordinaire du Parlement. Tout en se félicitant du bilan de son institution, le député de Ferké a encouragé ses collègues à lutter davantage pour leur honneur et leur dignité. Nous vous proposons de larges extraits de son discours.

«Le plaisir de vous retrouver à nouveau, est grandement, hélas, affecté par l’évènement brutal et douloureux qui nous a marqué, il y a maintenant trois semaines.

En effet, de la façon la plus inattendue, le mardi 26 novembre dernier, le secrétaire général de notre institution, Me Konaté N’Fa Kaba Fakhy, a été arraché à notre affection.
Voyez-vous, on aime une personne sans le savoir, et on s’aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu’au moment de la séparation ultime.

Eh oui la mort est impitoyable ! La mort ne rentre dans aucun schéma. Il n’y a pas d’explication à la mort. Elle rentre, elle vous arrête au milieu d’une réunion et…claque la porte !
Nous aimions notre secrétaire général, Me Konaté Fakhy. II nous laisse avec le souvenir chagriné de toute sa personnalité acharnée et aguerrie au dur labeur.

Juste quelques jours après cette terrible nouvelle et dans le même sillage, nous apprenions une autre triste nouvelle, le décès d’un grand homme, je dirais l’homme du siècle, l’Africain Nelson Mandela, à qui je rends ici et maintenant un grand hommage.

Cela me permet d’avoir également une grande pensée à cet autre grand homme dont nous commémorions récemment à Yamoussoukro  les 20 ans de disparition; je veux parler du président Félix Houphouet-Boigny dont je rappelle qu’il a été notre illustre prédécesseur ici.
La cérémonie de ce jour revêt à nos yeux un intérêt capital, car en plus de marquer la fin d’une session parlementaire ordinaire, elle est le couronnement d’une autre année parlementaire poussant ainsi à deux exercices déjà écoulés pour la présente législature.

Honorables invités,
chers collègues députés,

La clôture de la deuxième session parlementaire nous a toujours fait obligation de retracer les activités qui nous auront tenus en haleine au cours de l’année parlementaire et plus particulièrement durant la session que nous clôturons.

Vous l’aurez vous-même constaté, cette année parlementaire a été très abondante. Elle a été marquée par la tenue régulière des deux sessions ordinaires, mais aussi par la tenue de quatre sessions extraordinaires, à la demande de Monsieur le président de la République, conformément à l’article 63 de notre loi fondamentale.

En termes de bilan de l’activité législative, disons-le sans fausse modestie chers collègues, nous avons beaucoup travaillé et même bien travaillé !

Le bilan de la présente session se présente comme suit : sur les 21 lois examinées et votées, sept (07) sont des lois ordinaires, deux (2) des lois d’autorisation de ratification de conventions internationales, neuf (09) des textes de ratification d’ordonnance et trois (3) des lois de finances, dont la loi portant modification du budget de l’Etat pour la gestion 2013, la loi de règlement 2012 et la loi de finances 2014.

Ainsi, cette année, au titre des textes examinés, 41 lois au total ont pu être examinées et adoptées. Je voudrais vous faire remarquer que nous avions adopté 23 lois l’année dernière, année de notre première législature. C’est une performance de plus de 78% que nous venons de réaliser. Ce qui atteste bien que notre Parlement a atteint une vitesse de croisière qu’il devra maintenir, puis améliorer.

Toutefois, Mesdames et Messieurs, l’analyse des textes adoptés par le Parlement au cours de l’année 2013, en particulier au cours de la présente session, appelle le commentaire suivant de ma part :

Les lois adoptées ont, pour une large part, un caractère économique. Elles ont été proposées par le gouvernement dans le but de conforter la croissance économique, de rassurer les investisseurs nationaux et étrangers, et in fine, d’asseoir la crédibilité de la politique économique du gouvernement ; toutes choses qui accélèrent la remontée de notre pays dans les classements institutionnels internationaux relatifs à la bonne gouvernance et à l’amélioration du climat des affaires.

Je voudrais en rappeler les plus importantes adoptées dans le cadre global de l’autorisation donnée par le Parlement au président de la République à prendre par ordonnances, pendant la gestion 2013, pour l’exécution de son programme en matière économique et sociale, des mesures relevant du domaine de la loi.

En plus de ces textes, citons ceux qui mettent en place le cadre global de la lutte contre la corruption. (…)

Honorables députés,
Mesdames et Messieurs

Notre activité, au cours de cette année parlementaire a également porté sur l’amélioration des conditions de travail des parlementaires et du personnel du Parlement.
Ainsi, au niveau des infrastructures, après la rénovation de l’hémicycle, des bureaux des présidents de commissions, des bureaux des vice-présidents et des questeurs, nous sommes heureux de vous faire part de l’achèvement des travaux du bureau du président de l’Assemblée nationale. Cette réhabilitation, prise en charge par notre partenaire USAID, nous permet, enfin, de pouvoir exercer nos charges dans de bien meilleures conditions, mais surtout, cela résout en partie la question de la présence de mon cabinet au sein du palais de l’Assemblée nationale, car jusqu’à ce jour, toute mon équipe technique et moi-même avons eu recours à des bureaux délocalisés sur un autre site.

Vous l’aurez remarqué chers collègues, j’ai fait mentir l’adage qui dit que la charité bien ordonnée commence par soi-même en attendant d’être pratiquement le dernier à être servi.
Je voudrais, en votre nom à tous, remercier, une fois encore, le gouvernement américain, et exprimer à nouveau toute la reconnaissance de la représentation nationale à l’ancien ambassadeur Philip Carter III et au nouveau qui vient de prendre fonction.

Le faisant, je voudrais rassurer les autres ambassadeurs que certes mon bureau est déjà réhabilité, mais un simple tour ou un simple regard sur le reste des infrastructures montre bien qu’il y a encore beaucoup à faire. Nous serions bien heureux de pouvoir les remercier à leur tour dans nos prochains discours.

De même, je me réjouis que depuis quelques mois, tous les vice-présidents et les questeurs se sont vu attribuer de nouveaux véhicules de fonction, permettant ainsi une meilleure efficacité dans l’exécution de leurs missions.

L’équipement de l’institution en moyens de locomotion et autres matériels informatique et bureautique se poursuit et connaîtra certainement un pic l’année prochaine avec le soutien attendu (et promis) de Monsieur le Premier ministre, mais aussi des partenaires au développement.

Au plan des réformes institutionnelles, plusieurs décisions ont été prises en vue d’une meilleure organisation de notre Parlement, mais aussi pour l’amélioration des performances des parlementaires et du personnel. Ainsi, nous pouvons citer, entre autres actes, la création du Centre d’information et de communication de l’Assemblée nationale (Cican) en vue d’assurer une meilleure visibilité et audibilité de notre institution et des activités de ses principaux animateurs que sont les députés.

Par ailleurs, nous avons procédé à la réorganisation de notre cabinet. Celle du secrétariat général est en cours. Toutes ces innovations ont été rendues possibles avec l’adoption d’un nouvel organigramme.

Chers collègues,
Mesdames et Messieurs, chers invités,

Je sais que beaucoup d’entre vous attendent que nous disions un mot du statut des députés. C’est un sujet que nous n’avons pas l’intention d’occulter. Nous sommes nous-mêmes député.
Si notre désir est légitime d’avoir un statut pour le député ivoirien, qui reluise sa dignité, je me désole de constater que certains d’entre nous réduisent cette quête en une basse et simple question d’émolument et d’argent. Et pourtant loin s’en faut. A mon sens, il est légitime et noble pour le député de souhaiter et d’acquérir un statut, c’est-à-dire un texte d’un seul tenant qui définit ce que c’est que le député et y précise aussi bien ses devoirs que ses droits.
Un texte qui fasse du député une personnalité de la République, une personnalité digne, respectée, et considérée. Un texte qui fasse du député un acteur productif et engagé dans la République. Notre dignité n’est-elle pas plus importante que l’argent ? Notre honorabilité est-elle à vendre ? Que serions-nous ! Et quel regard le peuple porterait-t-il sur nous ! Si les honorables députés en venaient à se comporter comme de petits personnages vindicatifs là où le brave peuple au prix de mille sacrifices a bâti ce pays.

C'est pourquoi, chers collègues,

Malgré tout, dans la perspective de l’ambition que j’assigne à notre Parlement, j’ai rencontré le Premier ministre Kablan Duncan le 8 novembre 2013 pour aborder entre autres, la question du statut des députés. Il a été sagement convenu dans la logique de la complémentarité des institutions de mettre en place un groupe de travail pour trouver une solution durable, non seulement au statut mais aussi à la question de l’allocation viagère due aux anciens députés. C'est pourquoi je demande aux uns et autres de garder la sérénité pour permettre à notre ami le Premier ministre de trouver une solution qui soit profitable à tous.

Sur un tout autre registre, il me revient que les députés sont souvent confrontés à des questions de protocole et de préséance lors des cérémonies auxquelles ils prennent part.
Quand bien même ils porteraient leurs insignes, ils sont souvent l’objet d’humiliation.
Ce sujet là m’intéresse ; en effet, j’attends le député sur son honorabilité et sa dignité. Mais pas sur de simples questions de rémunération, d'argent. Ayons de l'ambition pour notre pays, pour notre Parlement et pour nous-mêmes.

Aussi me plairait-il de relever que le décret n°2013-509 du 26 juillet 2013 portant organisation des cérémonies publiques, préséances et honneurs civils est supposé régler la préséance due aux députés lors des cérémonies. Cependant, il faut avouer qu’il demeure la question de la vulgarisation dudit décret. En sus, je solliciterai dans les tout prochains jours, le Premier ministre pour que soit organisé un séminaire qui permette de sensibiliser, et les agents du protocole et les agents des forces de l’ordre, sur la valeur symbolique de nos insignes, sur nos immunités et sur le respect et la considération à devoir aux députés.

C’est en cela que je considère que notre dignité et notre honneur sont plus importants que l’argent.

Mesdames et Messieurs

Je voudrais à présent, clore ce bilan de l’année parlementaire écoulée en abordant les activités de proximité avec les populations.

Comme je ne cesse de vous le rappeler, notre mission de représentation nous oblige à être constamment au plus près de nos concitoyens afin, d’une part, de leur faire le point de nos activités parlementaires, et d’autre part, de recueillir leurs préoccupations en vue de les prendre en compte au cours de nos débats. Mais bien plus, la situation actuelle de notre pays nous fait obligation d’aller vers nos mandants pour les inviter à la réconciliation et au pardon. C’est donc pour répondre à cet autre impératif que j’ai moi-même effectué une visite dans la région du Gôh, du 15 au 17 août 2013.

Je signale que d’autres visites que j’avais annoncées, notamment celles dans la région de l’Agnéby-Tiassa et de la Mé, n’ont malheureusement pu se tenir. Elles sont encore en préparation et se feront dans les semaines à venir.

L’évocation des activités de proximité me donne l’agréable occasion d’adresser, en votre nom à tous, mes remerciements d’abord au président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara et à son Premier ministre, Monsieur Daniel Kablan Duncan, pour la mise à disposition d’une dotation spéciale afin de permettre aux députés d’effectuer des missions d’explications des lois votées lors de la session extraordinaire dernière portant sur les questions importantes de l’apatridie, de la nationalité et du foncier rural. Dès après la clôture, chaque député pourra entrer en possession de sa dotation.

Chers collègues députés, vous êtes à présent chargés d’investir le terrain pour sensibiliser et informer nos populations.

Monsieur le Premier ministre, après la dotation spéciale que je viens d’évoquer, les députés me chargent de vous dire qu’ils viennent d’adopter, à l’unanimité, deux lois d’importance capitale.
Ils souhaitent, en conséquence, une autre dotation pour aller les expliquer.

Chers collègues,

Une autre activité que j’ai pu mener, est celle du rapprochement avec les autres institutions de la République. Dans ce sens, j’ai pu tenir deux séances de travail, que je juge fructueuses, avec Monsieur le Premier ministre, ministre de l’Economie des finances et du budget.
J’ai également rendu une visite de courtoisie à Monsieur le président de la Cour suprême.
En cela, je voudrais me féliciter du bel exemple de solidarité donné par les différentes institutions de la République. Nos rencontres régulières sont bien l’illustration de la cohésion et de la bonne entente entre nous, malgré le principe de la séparation des pouvoirs. Une entente que nous espérerons voir rejaillir sur l’ensemble de nos populations.

Ce dialogue institutionnel si bien compris et si bien traduit dans notre pays pourra qu’être renforcé au plan national pour peu que l’on y travaille sans relâche.

Cela appelle à une contribution utile de tout un chacun, notamment des politiques que nous sommes.

C’est pourquoi, je me réjouis très personnellement de la tendance actuelle du climat politique de notre pays. En effet, n’assistons-nous pas en ce moment à une réelle décrispation qui se traduit par la reprise du dialogue politique entre le gouvernement et les partis de l’opposition ?
Le retour de certains responsables politiques précédemment en exil et la rencontre des formations politiques du Rassemblement des républicains et du Fpi constatée le lundi 9 décembre dernier en sont, je peux le dire, une preuve éloquente et même une amélioration encourageante.

«Il est certain que deux peuples et deux langues ne communiqueront jamais ensemble avec autant de compréhension et d'intimité que deux individus qui ont en commun la nation et le langage. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer à se comprendre et à refuser le dialogue. Entre personnes d'un même peuple et d'une même langue, il existe aussi des barrières qui empêchent une parfaite communication et une pleine compréhension réciproque. Mais supprimer en soi le dialogue, c'est proprement arrêter le développement de la vie».
Le dialogue politique au plan national devra être poursuivi et suivi de près par la représentation nationale en vue de conforter cette heureuse amorce d’embellie socioéconomique de notre pays.

Il nous revient que l’accroissement du nombre de lois examinées et adoptées par un Parlement est un signe d’une réelle avancée socio-politique et économique dans un Etat. Nous gageons que notre pays est dans ce cas de figure.

Une formule que vous m’avez bien souvent entendu prononcer et qui revient comme le refrain d’une chanson populaire, ou comme la répétition d’une obsession, me vient une nouvelle fois à l’esprit : «Les temps changent», et «il y a un temps pour chaque chose». 

En effet, il est difficile de nier qu’en Côte d’Ivoire les indicateurs du climat général sont passés au vert après avoir tragiquement transité à un rouge alarmant.

Constatons-le par nous-mêmes. Si hier nous nous étions mis au ban de l’isolement de tous les fronts du développement, aujourd’hui, c’est en toute vitesse que nous accourons vers ces fronts et même que nous y sommes accueillis par les Nations comme si elles n’avaient fait qu’attendre la fin de nos difficultés, de nos turbulences ou mieux, le réveil de notre assoupissement.

Comment ne pas saluer les efforts du gouvernement et du chef de l’Etat pour les rendez-vous internationaux triomphalement obtenus, que notre pays va abriter bientôt. Je pourrais citer entre autres :

l’organisation des jeux de la Cedeao en 2014 ;
l’organisation de la 8ème édition des jeux de la Francophonie en 2017.
Je ne saurai passer sous silence le fait que la Côte d’Ivoire vient d’accueillir l’organisation de la Coupe du Monde de taekwondo. C’était le mois dernier.

Mesdames et Messieurs,

Chacun d’entre nous doit avoir le sentiment de donner le meilleur de lui-même, car nous devons demeurer et progresser sur le chemin de la croissance.

Car sachez-le, «quoique l'éléphant ait quatre pattes, il peut aussi tomber». Et l’histoire de notre pays en est la preuve éloquente.

La recette magique de notre réussite à nous, Ivoiriens, consistera en un subtil équilibre que nous aurons su construire, en alliant la spontanéité de la jeunesse, la fougue de l’adolescence, la conviction du militant, la rigueur du gestionnaire et la sagesse du parlementaire.

Si je sais à quel point les équilibres sont instables par nature, personnellement je ne désespère pas cependant que dans ce pays, nous pouvons très bien parvenir à un consensus autour de la mère patrie. Car en réalité, la normalité dans un pays, ce n’est au fond qu’une question de consensus.

Je sais aussi que lorsque la condition humaine est confrontée au défi singulier de maintenir l’équilibre, la stabilité : savoir toujours se dépasser et comprendre que ‘’le mieux n’est pas l’ennemi du bien, mais qu’il en est le chemin !’’

Mais pour parvenir à ce consensus, comme le disait un penseur de ce siècle, «il faut savoir ce qu'on veut. Quand on le veut, il faut avoir le courage de le dire. Et quand on l'a dit, il faut avoir le courage de le faire.»

Le courage, mes chers collègues, je vous souhaite d’en trouver durant ces vacances parlementaires en vue de continuer le travail de proximité auprès de vos populations. Car comme je le dis toujours : «Un Bon député est un Député réélu !».

Je vous remercie».
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