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Editorial Publié le samedi 11 janvier 2014 | Nord-Sud

Qui va sauver la presse ?

2014 commence mal pour les journaux ivoiriens. Pendant que de nombreuses entreprises croulaient déjà sous le poids de leur dette de frais d’impression, des imprimeurs ont décidé de ne plus tirer les publications à crédit. L’unique distributeur, Edipresse, réclame plus de commissions par exemplaire vendu. Au même moment, le bilan 2013 des ventes révèle une chute générale de 15%. Les insertions publicitaires suivent la même tendance. Recevant jeudi les organisations du secteur, dans le cadre des vœux du Nouvel An, le président de la République n’a pas donné de réponse favorable à la doléance sur le financement de six mois d’impression par l’Etat. Alassane Ouattara a exhorté les sociétés éditrices à compter d’abord sur elles-mêmes, en devenant « autonomes ». Deux semaines plus tôt, une précédente nouvelle jetait l’opprobre sur la corporation des journalistes. Il s’agit, vous le devinez, de la non-attribution du Super Ebony récompensant le meilleur journaliste de l’année. Le jury présidé par Kébé Yacouba, un professionnel reconnu, s’est abstenu de décerner ce prix parce que les productions soumises à son appréciation étaient de « niveau moyen ». On le voit, la presse va mal, très mal. Ce tableau est d’autant plus inquiétant qu’il se présente seulement un an six mois après les ‘’états généraux ’’ de fin août-début septembre 2012 à Yamoussoukro. Les acteurs du secteur et le gouvernement ont profondément analysé les maux et proposé des solutions. L’une des résolutions clé, celle relative à l’application de la convention collective a connu un début d’application en 2013. Sous la pression du Conseil national de la presse (Cnp), les entreprises ont commencé à appliquer des grilles salariales conventionnelles. Malheureusement, le contenu des parutions ne semble pas s’en porter mieux, et le désamour des lecteurs s’accentue. Le peu de lecteurs restants montrent une préférence pour les titres sensationnels, au détriment des auteurs de sujets sérieux. Au lieu d’améliorer les conditions de travail des journalistes, la mesure salutaire de mise aux normes de leurs entreprises les appauvrit. Elle a augmenté les charges des employeurs qui n’arrivent plus à payer les salaires à temps. Les moyens de production s’amenuisent également. De nombreux journaux, déficitaires depuis de longues années, cherchent en vain des capitaux pour réussir leur restructuration. Le secteur, très politisé, rassure peu les banques, et la majorité des entreprises manque encore de gestion moderne et rigoureuse. Les politiques, principaux bailleurs de fonds du milieu, attendent les périodes électorales pour y revenir. Plus de salaires, plus de moyens pour produire, la fuite des cerveaux continue. Les jeunes générations n’ont plus de repères. Il n’y a plus de passion pour le métier. Le mal est très profond.

Par Cissé Sindou
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